On est en plein déménagement ici, et il semble que ce soit plus complexe que prévu.
Il se peut donc que certains liens tels les commentaires et les libellés fonctionnent mal pendant quelque temps.
Désolé.
Puuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu...
lundi 26 mai 2008
samedi 24 mai 2008
Le Gala Blogu'Or 2008!
Même si on a une petite idée du nombre d'heures que cela exige, il demeure difficile d'imaginer tout le travail colossal qu'une émission comme le gala peut demander, mais on peut en voir le résultat ici.
Près de 10000 votes au total, et près de 600 juste pour la catégorie Littérature-Fiction (ou, comme le dit Patrick, Littérature-Alcool à friction), catégorie dont je suis sorti grand gagnant! Wow!
Je dois avouer que ça me laisse sans voix, même si mon personnage 3D du gala semble bien «dealer» avec ça. En passant, merci aux organisateurs-dessinateurs pour la tignasse! Quand j'aurai l'air de mon ami Patrick (ce qui devrait être bientôt...), je regarderai ces images avec une petite larme...
Merci beaucoup tout le monde!
Allez oust! maintenant, au gala!
Près de 10000 votes au total, et près de 600 juste pour la catégorie Littérature-Fiction (ou, comme le dit Patrick, Littérature-Alcool à friction), catégorie dont je suis sorti grand gagnant! Wow!
Je dois avouer que ça me laisse sans voix, même si mon personnage 3D du gala semble bien «dealer» avec ça. En passant, merci aux organisateurs-dessinateurs pour la tignasse! Quand j'aurai l'air de mon ami Patrick (ce qui devrait être bientôt...), je regarderai ces images avec une petite larme...
Merci beaucoup tout le monde!
Allez oust! maintenant, au gala!
jeudi 22 mai 2008
Perles et coquilles
Voici venu le temps des perles estudiantines. Préparez-vous un café, il y en a eu quelques-unes cette session. Bonne lecture!
C’est une œuvre des plus disputées.
(À la bibliothèque, elle est constamment au coin!)
Les mensonges laissent les lecteurs sans distinction entre la réalité et la fiction.
(Les gros, les grands, les chauves, les nains… Tous!)
L’auteur laisse une forte empreinte sur les lecteurs dont tout le monde devrait faire expérience.
(Surtout les lecteurs inexpérimentés.)
L’exercice fera réaliser à l’élève les erreurs de coordination et lui permettra d’éviter de se répéter.
(On se frotte le ventre d’une main, on se tape sur la tête de l’autre, tout cela contre le bégayement?)
Le ballet classique remonte à l’Europe.
(Wouuuu… Ça remonte à loin!)
Julie aimerait maîtriser les rouages de sa langue.
(Pour mieux tourner sa langue 7 sept fois avant d’écrire.)
L’utilisage du dictionnaire est une nécessité.
(En effet!)
L’histoire est obscure et lourde comme du brouillard.
(Et tendre comme la pluie.)
Une histoire longue et détroutante (!) qui laisse le lecteur avec un goût désagréable dans sa tête.
(Alors, on se la rince avec du Listerine.)
L’auteur est le récipient du Prix du livre Inter.
(Une bol ou une cruche, l’histoire ne le dit pas.)
Les personnages ont tous des cicatrices béantes.
(S'il vous plaie.)
Le livre fait un rebondissement.
(Probablement suite à son lancement)
Les romans sont une collection de racontes(…)
(Du moins, c’est ce qu’on raconte.)
Les trois romans sont écorchés et cruels.
(Vifs!)
Les lecteurs tiennent l’haleine de la première à la dernière page.
(En plus, ils la tiennent par la bouche!)
Une grande partie des décès sont tous évitables.
(Tous, mais en partie…)
Les ingénieurs se travaillent pour trouver des solutions.
(Moi, c’est les femmes qui me travaillent.)
Selon Thera, l’Atlantide a existé mais à l’âge bronzé.
(Juste après l’âge de plage.)
La police judiciaire est spécialisée en détromper des crimes.
(Il ne faut pas laisser les crimes dans l’erreur.)
Le monde est sur le point de ses fondrés.
(Et il sec raserait.)
Il y a des changements percevoirables.
(On répète en choeur: l’utilisage du dictionnaire…)
Le titre nous provoque à croire qu’une partie…
(Provoque-moi pas…)
L’histoire n’a pas de terminaison qui est une déception.
(Une terminaison muette.)
Une autre traite intéressant est le montant de rebondissements.
(Un autre nom pour la taxe sur le divertissement?)
Une histoire d'hommes pleine de tristeste (…)
(Avec un taux élevé de tristostérone.)
Les livres sont basés narrativement (…)
(C’est ce qu’on raconte.)
La façon que les livres sont écrits et les transitions entre chacun sont retardées.
(On la comprendra plus tard…)
L’un des personnages se fait nier.
(Niés, eux.)
Il y a de fréquents évènements atrocieux.
(Sans parler des bizarriens et des étrangions.)
Le contenu est vide.
(Mais pas le contenant.)
Malgré son ennuyance, l’histoire (…)
(La souffri du lecteur.)
Elle s’est enfuie en 1986, en France et en avion.
(En... técas.)
La fille fait de l’amour avec son amant.
(Elle fait le bruit aussi…)
Une femme s’habitait seule (…)
(Je préfère ce genre de femmes à celles qui s’habitent chez leurs parents.)
Les personnages vivent des choses imaginablement horribles.
(On peut le voir.)
Plusieurs gladiateurs se battent dans la reine (…)
(Peut-être finiront-ils par s’ébattre…)
Les personnages vont d’une payes à l’autre.
(Ils voyagent à toutes les deux semaines…)
Il traverse la frontière et l’aisse son frère.
(Plus tard, il leur trouve.)
Le style évolue au passé du temps.
(Ce temps qui laisse des tracés.)
En échange du gardien, le Canadiens de Montréal recevra le 2e choix de Washington à l’empêchage de 2008.
(Le repêchage de tourner en rond.)
Les frères Kostityn sont des attaqueurs célèbres, Guillaine Latendresse fait des grands échèques, (…)
(Quand un vrai fan parle hockey…)
Plusieurs compagnies refusent d’embaucher les individus qui contiennent de l’encre dans leur peau.
(Sauf pour en faire des encriers.)
J’aimerais ouvrir une pâtisserie car j’aime cuire.
(Une nature chaude!)
Une éducatrice doit être capable de travailler avec n’importe quelle genre de personnes : ça peut être une fille ou un garçon.
(Ouf! Il y en a vraiment de tous les genres!)
L’âge le plus important pour le développement des adolescents est entre 1 et 6 ans.
(Rien de pire qu’être menstruée en plein Terrible Two!)
Tim Hortons garde un bilance financiel pour voir les recevoir et les perdus.
(Je n’ai jamais rien compris à la comptabilité.)
Sue Rodriguez était une mère atteinte de sclérose latérale amylotrophique de Colombie-Britannique.
(La sclérose de Saskatchewan est plus plate…)
Il s’en et rend du compte.
(Je ne sais pas pour vous, mais moi, ça m’a pris un certain temps…)
On aime aller à la cabine à sucre.
(Et que dire de la cabane téléphonique?)
Il est un immigrant de hongrois.
(Haaaaa, le Hongrois et ses paysages…)
S’il y a un pêcheur sur un bateau et qu’il est perdu, il est probablement dans l’eau.
(- Chérie, je suis perdu.
- Mais non, tu es dans l’eau.)
Et une dernière. Une coquille orale d’un étudiant. Quand je dis aux Français que la distinction é/è à l’oral est toujours et encore utile…
- Ils sculptent les os de leurs parents morts, attachent l’os sur un bout de bois et s’en servent comme des épais.
(Un coup d’épais dans l’eau!)
C’est une œuvre des plus disputées.
(À la bibliothèque, elle est constamment au coin!)
Les mensonges laissent les lecteurs sans distinction entre la réalité et la fiction.
(Les gros, les grands, les chauves, les nains… Tous!)
L’auteur laisse une forte empreinte sur les lecteurs dont tout le monde devrait faire expérience.
(Surtout les lecteurs inexpérimentés.)
L’exercice fera réaliser à l’élève les erreurs de coordination et lui permettra d’éviter de se répéter.
(On se frotte le ventre d’une main, on se tape sur la tête de l’autre, tout cela contre le bégayement?)
Le ballet classique remonte à l’Europe.
(Wouuuu… Ça remonte à loin!)
Julie aimerait maîtriser les rouages de sa langue.
(Pour mieux tourner sa langue 7 sept fois avant d’écrire.)
L’utilisage du dictionnaire est une nécessité.
(En effet!)
L’histoire est obscure et lourde comme du brouillard.
(Et tendre comme la pluie.)
Une histoire longue et détroutante (!) qui laisse le lecteur avec un goût désagréable dans sa tête.
(Alors, on se la rince avec du Listerine.)
L’auteur est le récipient du Prix du livre Inter.
(Une bol ou une cruche, l’histoire ne le dit pas.)
Les personnages ont tous des cicatrices béantes.
(S'il vous plaie.)
Le livre fait un rebondissement.
(Probablement suite à son lancement)
Les romans sont une collection de racontes(…)
(Du moins, c’est ce qu’on raconte.)
Les trois romans sont écorchés et cruels.
(Vifs!)
Les lecteurs tiennent l’haleine de la première à la dernière page.
(En plus, ils la tiennent par la bouche!)
Une grande partie des décès sont tous évitables.
(Tous, mais en partie…)
Les ingénieurs se travaillent pour trouver des solutions.
(Moi, c’est les femmes qui me travaillent.)
Selon Thera, l’Atlantide a existé mais à l’âge bronzé.
(Juste après l’âge de plage.)
La police judiciaire est spécialisée en détromper des crimes.
(Il ne faut pas laisser les crimes dans l’erreur.)
Le monde est sur le point de ses fondrés.
(Et il sec raserait.)
Il y a des changements percevoirables.
(On répète en choeur: l’utilisage du dictionnaire…)
Le titre nous provoque à croire qu’une partie…
(Provoque-moi pas…)
L’histoire n’a pas de terminaison qui est une déception.
(Une terminaison muette.)
Une autre traite intéressant est le montant de rebondissements.
(Un autre nom pour la taxe sur le divertissement?)
Une histoire d'hommes pleine de tristeste (…)
(Avec un taux élevé de tristostérone.)
Les livres sont basés narrativement (…)
(C’est ce qu’on raconte.)
La façon que les livres sont écrits et les transitions entre chacun sont retardées.
(On la comprendra plus tard…)
L’un des personnages se fait nier.
(Niés, eux.)
Il y a de fréquents évènements atrocieux.
(Sans parler des bizarriens et des étrangions.)
Le contenu est vide.
(Mais pas le contenant.)
Malgré son ennuyance, l’histoire (…)
(La souffri du lecteur.)
Elle s’est enfuie en 1986, en France et en avion.
(En... técas.)
La fille fait de l’amour avec son amant.
(Elle fait le bruit aussi…)
Une femme s’habitait seule (…)
(Je préfère ce genre de femmes à celles qui s’habitent chez leurs parents.)
Les personnages vivent des choses imaginablement horribles.
(On peut le voir.)
Plusieurs gladiateurs se battent dans la reine (…)
(Peut-être finiront-ils par s’ébattre…)
Les personnages vont d’une payes à l’autre.
(Ils voyagent à toutes les deux semaines…)
Il traverse la frontière et l’aisse son frère.
(Plus tard, il leur trouve.)
Le style évolue au passé du temps.
(Ce temps qui laisse des tracés.)
En échange du gardien, le Canadiens de Montréal recevra le 2e choix de Washington à l’empêchage de 2008.
(Le repêchage de tourner en rond.)
Les frères Kostityn sont des attaqueurs célèbres, Guillaine Latendresse fait des grands échèques, (…)
(Quand un vrai fan parle hockey…)
Plusieurs compagnies refusent d’embaucher les individus qui contiennent de l’encre dans leur peau.
(Sauf pour en faire des encriers.)
J’aimerais ouvrir une pâtisserie car j’aime cuire.
(Une nature chaude!)
Une éducatrice doit être capable de travailler avec n’importe quelle genre de personnes : ça peut être une fille ou un garçon.
(Ouf! Il y en a vraiment de tous les genres!)
L’âge le plus important pour le développement des adolescents est entre 1 et 6 ans.
(Rien de pire qu’être menstruée en plein Terrible Two!)
Tim Hortons garde un bilance financiel pour voir les recevoir et les perdus.
(Je n’ai jamais rien compris à la comptabilité.)
Sue Rodriguez était une mère atteinte de sclérose latérale amylotrophique de Colombie-Britannique.
(La sclérose de Saskatchewan est plus plate…)
Il s’en et rend du compte.
(Je ne sais pas pour vous, mais moi, ça m’a pris un certain temps…)
On aime aller à la cabine à sucre.
(Et que dire de la cabane téléphonique?)
Il est un immigrant de hongrois.
(Haaaaa, le Hongrois et ses paysages…)
S’il y a un pêcheur sur un bateau et qu’il est perdu, il est probablement dans l’eau.
(- Chérie, je suis perdu.
- Mais non, tu es dans l’eau.)
Et une dernière. Une coquille orale d’un étudiant. Quand je dis aux Français que la distinction é/è à l’oral est toujours et encore utile…
- Ils sculptent les os de leurs parents morts, attachent l’os sur un bout de bois et s’en servent comme des épais.
(Un coup d’épais dans l’eau!)
mardi 20 mai 2008
Au poteau!
Ça se passe au Djibouti en ce moment. Un fait divers comme il y en a trop. On a retrouvé un enfant mort dans le fond d’un puit. La police fait sa petite enquête puis arrête Omar, un demi-oncle, pour le questionner.
Bien sûr, l’affaire est sordide et les journalistes tels des vautours viennent planer dans les parages. Ils interrogent le village au complet et tous trouvent qu’en effet, Omar était un être bizarre : il était solitaire, il n’avait pas de travail, il n’avait pas de femme, il avait déjà volé tout un panier de nourriture il y a longtemps. Bref, il n’était pas net net.
À la télé, on montre le visage d’Omar dans la voiture de police. On fait son portrait psychologique. Les gens commencent à dire que c’est un salaud, qu’on ne pouvait faire ce genre de crime – surtout à un bébé - à moins d’être un foutu débile.
Dans les journaux, dans les discussions sur la rue et dans les chaumières, on lance des pierres à ce foutu crétin. Certains iraient même à le lapider sur le champ s’ils l’avaient sous la main.
Pourtant Omar n’a jamais été officiellement reconnu coupable de quoi que ce soit. Peut-être sera-t-il relâché demain, si ça trouve. D’un sens comme dans l’autre, sa vie est foutue pour quelque temps. Tout le monde l’a condamné comme autrefois on brûlait sur un bûcher de vieilles filles seules en les accusant de sorcellerie.
Mais les sorcières, c’était il y a 100 ans, et le cas d’Omar, c’est dans un village pauvre du Djibouti. J’ai dit du Djibouti? Pardon, je voulais dire du Québec. En 2008.
D’accord, ce n’était pas un bébé, pas dans un puit, etc. Mais c’est du pareil au même.
Peut-être que Francis Proulx est coupable, peut-être pas. On ne sait pas et on est bien mal placé pour le savoir. Dans les yeux des journalistes et du public, suspect et coupable, c’est la même chose, et on l’a tous déjà condamné.
Si jamais M. Proulx était reconnu innocent, gageons que personne ne s’excusera.
[Edit] Ça m'apprendra à afficher mes messages deux jours plus tard: il appert que M. Proulx ait été officiellement accusé de meurtre.
Bien sûr, l’affaire est sordide et les journalistes tels des vautours viennent planer dans les parages. Ils interrogent le village au complet et tous trouvent qu’en effet, Omar était un être bizarre : il était solitaire, il n’avait pas de travail, il n’avait pas de femme, il avait déjà volé tout un panier de nourriture il y a longtemps. Bref, il n’était pas net net.
À la télé, on montre le visage d’Omar dans la voiture de police. On fait son portrait psychologique. Les gens commencent à dire que c’est un salaud, qu’on ne pouvait faire ce genre de crime – surtout à un bébé - à moins d’être un foutu débile.
Dans les journaux, dans les discussions sur la rue et dans les chaumières, on lance des pierres à ce foutu crétin. Certains iraient même à le lapider sur le champ s’ils l’avaient sous la main.
Pourtant Omar n’a jamais été officiellement reconnu coupable de quoi que ce soit. Peut-être sera-t-il relâché demain, si ça trouve. D’un sens comme dans l’autre, sa vie est foutue pour quelque temps. Tout le monde l’a condamné comme autrefois on brûlait sur un bûcher de vieilles filles seules en les accusant de sorcellerie.
Mais les sorcières, c’était il y a 100 ans, et le cas d’Omar, c’est dans un village pauvre du Djibouti. J’ai dit du Djibouti? Pardon, je voulais dire du Québec. En 2008.
D’accord, ce n’était pas un bébé, pas dans un puit, etc. Mais c’est du pareil au même.
Peut-être que Francis Proulx est coupable, peut-être pas. On ne sait pas et on est bien mal placé pour le savoir. Dans les yeux des journalistes et du public, suspect et coupable, c’est la même chose, et on l’a tous déjà condamné.
Si jamais M. Proulx était reconnu innocent, gageons que personne ne s’excusera.
[Edit] Ça m'apprendra à afficher mes messages deux jours plus tard: il appert que M. Proulx ait été officiellement accusé de meurtre.
Blogu'Or 2008
Vous voulez savoir qui a gagné quoi?
Vous voulez découvrir de nouveaux bons blogues?
Vous voulez entendre les blogueurs gagnants remercier leurs lecteurs?
Moi si.
Ce sera ici.
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Moi si.
Ce sera ici.
vendredi 16 mai 2008
Don Pedro (dernière partie)
Il quitte sa maison de fous. Seul. Seul pour la première fois depuis qu’il y est entré, personne ne sait quand. On ne voulait pas qu’il fasse des barres sur les murs pour compter les dodos. Pierrot avait alors entrepris de compter le temps dans sa tête mais rapidement, il a eu trop de jours, trop de chiffres, trop de temps. Il s’est emmêlé. Il a essayé moins de chiffres. Il a essayé de compter les hivers. Mais des fois il fait froid et il fait beau, des fois c’est Noël et il ne reçoit pas de cadeau. Il a perdu le fil. C’est facile à perdre, le fil. C’est pour ça que Pierrot est décousu. Il ne faut pas lui en vouloir. Là où Pierrot vivait, il ne servait à rien, ce fil, de toute manière. Mais ça c’était avant.
Pierrot rejoint une rue et il marche sur le trottoir. Il marche comme dans la maison de fous, sauf qu’il vente dans ses cheveux puis qu'il se met à pleuvoir. Il a un peu froid sans ses chaussettes et sans ses garde-fous autour de lui. Il n’a pas l’habitude. Il faut qu’il rentre quelque part. Alors il suit des gens et pousse une porte. C’est écrit Radisson. Il sait lire. C'est sale, c'est gris. C'est éclairé comme dans sa chambre avec les murs pas de barres, les murs pas de temps. Pierrot décide de suivre tout le monde, et tout le monde prend un escalier qui crache ses marches une à une. Pierrot doit sauter sur une marche, mais il a peur que chaque marche qui apparaît soit la dernière. Alors il saute sur une marche déjà loin et bouscule une dame. Il dégoutte. Elle le fusille du regard mais ne dit rien. Pierrot a eu trop peur pour le remarquer. Il descend l’escalier de Radisson appuyé sur une rampe qui descend à la même vitesse que lui, ce qu'il trouve magique. En bas, le plancher mange les marches et Pierrot tente de remonter l’escalier. Mais tout va trop vite, il y a trop de monde, et Pierrot se retrouve étendu par terre. Il reste là, quelques instants, le temps d’arrêter le roulis. Il a oublié de garder son équilibre. Il oublie des choses comme ça, des choses qu’il se répète pourtant souvent. Pourtant il n’est pas si fou que ça. Pas fou-fou en tout cas.
Des gens qui n’oublient jamais rien passent devant lui. Un homme lui lance de la monnaie sans lui payer attention, on lui lance des mots sans lui parler, on lui lance des regards sans le voir. Pierrot ne s’en fait pas trop. Il a l’habitude des autres fous et il voit bien leur jeu. Ce n’est pas toujours drôle, leur jeu. Il a de bons yeux. Il en faut pour voir l’autre bord de la mer, pour voir où il va, où les gens connaissent Don Pedro. Parce que Pierrot, c’est un nom que des parents ont donné. Mais Pierrot ne leur avait rien demandé. Surtout pas qu’il le laisse chez les fous parce qu’il y a des vagues dans sa tête. On n’abandonne pas les gens chez les fous. Il n’y a pas de raison. Il n’a pas de raison mais il n’est plus fou. Il est parti ce matin.
Le vent commence à souffler et Pierrot se lève. Le vent souffle. Très fort. Trop. Ça le retourne. Il essaie de marcher à reculons. Il a le vent dans le dos mais il avance à reculons. Puis le vent se clame, se fait doux. Pierrot regarde les gens tourner dans les tourniquets. Ils tournent rond. Lui ne tourne pas rond. Il passe par dessus. Il n’est pas toujours nécessaire que les choses tournent rond. Il n’est pas si fou. Et il marche. Il suit le flot des gens. Des vagues de gens pas fous parce qu’ils peuvent sortir de leur maison sans garde-fous, quand ils le veulent. Ils peuvent choisir d’aller à gauche ou à droite. Ils peuvent choisir et ils choisissent tous d’aller dans l’escalier Angrignon. Pierrot sait lire. Il lit à voix haute. An-gri-gnon. Il n’aime pas beaucoup le son que ça fait dans sa tête, An-gri-gnon. Au-dessus de l’autre escalier, c’est écrit Honoré-Beaugrand. Ça va avec lui, Honoré-Beaugrand. Il aurait bien aimé s’appeler Honoré. Il se dit que c’est pour lui, ce nom-là. Qu’il est Honoré. Honoré de vous rencontrer. Il rit de son jeu de mots. Pierrot sait être drôle parfois. Tout le monde le dit, à la maison: «Il est drôle, lui.» Et il descend l’escalier Honoré en riant.
Il va sur le quai. Tout le monde est de l’autre côté. Seulement Pierrot est du sien. Personne d’autre. Il compte. Zéro. Il sait compter. Mais il compte sur personne. Il compte sur lui, il compte sur ses doigts. Il n’est pas fou.
Les gens de l’autre côté n’ont pas l’air heureux. C’est pas joyeux tous les jours de ne pas être fou. Ils peuvent bien tous être du côté Angrignon, lui, il est Honoré. Il leur crie fort. JE SUIS HONORÉ! Il sait bien qu’ils l’entendent mais ils n’écoutent pas. Personne n’écoute jamais. Mais Pierrot n’a pas besoin de leurs oreilles. Il a les siennes. Il a des yeux aussi. Des yeux pour voir au-dessus des vagues. Pour voir son pays. Son pays qui est par ici. Il n’a qu’à suivre la ligne jaune tout au bord du gouffre. Il n’a qu’à suivre le fil sans le perdre. Alors il marche dessus, en équilibre. Il ne faut pas qu’il oublie. Il veut aller jusqu’au tunnel, jusqu’au trou noir. Et il marche. Et il rit de se voir déjà de l’autre côté de la mer, dans son pays, chez lui, avec des amis et des gens qui rient. Il ferme les yeux et il respire le vent chaud qui commence à souffler. À souffler dans sa voile. Dans le tunnel juste devant lui, il entend les vagues. Il entend la mer gronder. Tout doucement d’abord. Elle ronronne comme un chat. Puis plus fort. Puis elle rugit! Fort! Fort comme un lion! Fort comme une montagne de lions! Fort comme un fou qui est heureux! Fort comme Don Pedro sur son bateau sur la crête d’une vague! Il garde son équilibre malgré la vague de joie, malgré la vague de bonheur! Il va enfin partir! Loin des creux, loin des fous! Il est au sommet! Il voit tout! Il voit surtout qu’il n’y a rien, ni côtes ni pays. Il voit le vide, et ça l’étourdit.
Tout est question d’équilibre.
C’est ce qu’a pensé un préposé en se penchant sur Pierrot.
Et les yeux mi-clos, Pierrot lui a dit qu’il avait seulement oublié, qu’il ne fallait pas lui en vouloir.
Pierrot rejoint une rue et il marche sur le trottoir. Il marche comme dans la maison de fous, sauf qu’il vente dans ses cheveux puis qu'il se met à pleuvoir. Il a un peu froid sans ses chaussettes et sans ses garde-fous autour de lui. Il n’a pas l’habitude. Il faut qu’il rentre quelque part. Alors il suit des gens et pousse une porte. C’est écrit Radisson. Il sait lire. C'est sale, c'est gris. C'est éclairé comme dans sa chambre avec les murs pas de barres, les murs pas de temps. Pierrot décide de suivre tout le monde, et tout le monde prend un escalier qui crache ses marches une à une. Pierrot doit sauter sur une marche, mais il a peur que chaque marche qui apparaît soit la dernière. Alors il saute sur une marche déjà loin et bouscule une dame. Il dégoutte. Elle le fusille du regard mais ne dit rien. Pierrot a eu trop peur pour le remarquer. Il descend l’escalier de Radisson appuyé sur une rampe qui descend à la même vitesse que lui, ce qu'il trouve magique. En bas, le plancher mange les marches et Pierrot tente de remonter l’escalier. Mais tout va trop vite, il y a trop de monde, et Pierrot se retrouve étendu par terre. Il reste là, quelques instants, le temps d’arrêter le roulis. Il a oublié de garder son équilibre. Il oublie des choses comme ça, des choses qu’il se répète pourtant souvent. Pourtant il n’est pas si fou que ça. Pas fou-fou en tout cas.
Des gens qui n’oublient jamais rien passent devant lui. Un homme lui lance de la monnaie sans lui payer attention, on lui lance des mots sans lui parler, on lui lance des regards sans le voir. Pierrot ne s’en fait pas trop. Il a l’habitude des autres fous et il voit bien leur jeu. Ce n’est pas toujours drôle, leur jeu. Il a de bons yeux. Il en faut pour voir l’autre bord de la mer, pour voir où il va, où les gens connaissent Don Pedro. Parce que Pierrot, c’est un nom que des parents ont donné. Mais Pierrot ne leur avait rien demandé. Surtout pas qu’il le laisse chez les fous parce qu’il y a des vagues dans sa tête. On n’abandonne pas les gens chez les fous. Il n’y a pas de raison. Il n’a pas de raison mais il n’est plus fou. Il est parti ce matin.
Le vent commence à souffler et Pierrot se lève. Le vent souffle. Très fort. Trop. Ça le retourne. Il essaie de marcher à reculons. Il a le vent dans le dos mais il avance à reculons. Puis le vent se clame, se fait doux. Pierrot regarde les gens tourner dans les tourniquets. Ils tournent rond. Lui ne tourne pas rond. Il passe par dessus. Il n’est pas toujours nécessaire que les choses tournent rond. Il n’est pas si fou. Et il marche. Il suit le flot des gens. Des vagues de gens pas fous parce qu’ils peuvent sortir de leur maison sans garde-fous, quand ils le veulent. Ils peuvent choisir d’aller à gauche ou à droite. Ils peuvent choisir et ils choisissent tous d’aller dans l’escalier Angrignon. Pierrot sait lire. Il lit à voix haute. An-gri-gnon. Il n’aime pas beaucoup le son que ça fait dans sa tête, An-gri-gnon. Au-dessus de l’autre escalier, c’est écrit Honoré-Beaugrand. Ça va avec lui, Honoré-Beaugrand. Il aurait bien aimé s’appeler Honoré. Il se dit que c’est pour lui, ce nom-là. Qu’il est Honoré. Honoré de vous rencontrer. Il rit de son jeu de mots. Pierrot sait être drôle parfois. Tout le monde le dit, à la maison: «Il est drôle, lui.» Et il descend l’escalier Honoré en riant.
Il va sur le quai. Tout le monde est de l’autre côté. Seulement Pierrot est du sien. Personne d’autre. Il compte. Zéro. Il sait compter. Mais il compte sur personne. Il compte sur lui, il compte sur ses doigts. Il n’est pas fou.
Les gens de l’autre côté n’ont pas l’air heureux. C’est pas joyeux tous les jours de ne pas être fou. Ils peuvent bien tous être du côté Angrignon, lui, il est Honoré. Il leur crie fort. JE SUIS HONORÉ! Il sait bien qu’ils l’entendent mais ils n’écoutent pas. Personne n’écoute jamais. Mais Pierrot n’a pas besoin de leurs oreilles. Il a les siennes. Il a des yeux aussi. Des yeux pour voir au-dessus des vagues. Pour voir son pays. Son pays qui est par ici. Il n’a qu’à suivre la ligne jaune tout au bord du gouffre. Il n’a qu’à suivre le fil sans le perdre. Alors il marche dessus, en équilibre. Il ne faut pas qu’il oublie. Il veut aller jusqu’au tunnel, jusqu’au trou noir. Et il marche. Et il rit de se voir déjà de l’autre côté de la mer, dans son pays, chez lui, avec des amis et des gens qui rient. Il ferme les yeux et il respire le vent chaud qui commence à souffler. À souffler dans sa voile. Dans le tunnel juste devant lui, il entend les vagues. Il entend la mer gronder. Tout doucement d’abord. Elle ronronne comme un chat. Puis plus fort. Puis elle rugit! Fort! Fort comme un lion! Fort comme une montagne de lions! Fort comme un fou qui est heureux! Fort comme Don Pedro sur son bateau sur la crête d’une vague! Il garde son équilibre malgré la vague de joie, malgré la vague de bonheur! Il va enfin partir! Loin des creux, loin des fous! Il est au sommet! Il voit tout! Il voit surtout qu’il n’y a rien, ni côtes ni pays. Il voit le vide, et ça l’étourdit.
Tout est question d’équilibre.
C’est ce qu’a pensé un préposé en se penchant sur Pierrot.
Et les yeux mi-clos, Pierrot lui a dit qu’il avait seulement oublié, qu’il ne fallait pas lui en vouloir.
jeudi 15 mai 2008
Don Pedro (2e partie de 3)
Pierrot essaie tous les jours de marcher droit, de ne pas tomber, mais il a des problèmes d’équilibre. Ce n’est pas facile. C’est même difficile parfois. Il tombe souvent. Mais il essaie de tenir bon. Il essaie de se tenir. Ce n’est pas facile à savoir, se tenir. Il paraît que c’est plus facile pour certains. Mais Pierrot n’est pas certain. Il est lui. Quand il est fin, quand il se tient bien, il a le droit d’aider. Parce qu’il est moins fou que les autres, on lui confie des trucs. Pas des trucs importants ni des secrets. On lui confie des tâches. Ce matin, il débarrasse les tables. Ce n’est pas à la portée de tous, débarrasser les tables. Il faut mettre les bols dans les assiettes, les assiettes dans d’autres assiettes, les ustensiles dans les verres, et tout ça dans le bac à roulettes. Sans ce travail, il s’ennuie. Tout l’ennuie. Les autres aussi l’ennuient avec leur bave et leur rire de fous. Alors il préfère travailler, mettre les petits plats dans les grands, faire des piles, et pousser tout cela à la cuisine.
À la cuisine, il y a un cuisinier et des couteaux. Il y a aussi plein d’objets auxquels il ne peut pas toucher. Un cuisinier crie qu’il a des mains pleines de microbes. Alors Pierrot regarde sans toucher. Il observe les gestes du cuisinier, il observe les règles. Mais le cuisinier crie quand même «pousse-toi!» puis il crie «tire-toi!». Pierrot ne sait jamais ce qu’il veut vraiment. Alors il ne bouge pas. Quand il ne bouge plus, le cuisinier devient rouge. Pierrot croit que le cuisinier est aussi fou que les autres. Mais ce matin, à la cuisine, il n’y a personne. Il n’y a personne et la porte de la ruelle est ouverte. Alors Pierrot jette un regard à la ruelle. Il pleut et il n’y a vraiment personne. Pas un chat, rien. Il sait que personne n’a pas le droit de sortir de la maison sans les garde-fous, et si quelqu’un sort quand même, ils crient, ils frappent, ils enferment longtemps dans des chambres sombres. C’est insensé. Mais comme tout le monde est déjà fou, ça ne dérange personne. Et là, il n’y a personne. Alors Pierrot trouve un crayon, il écrit quelques signes sur le mur près de la porte, et il sort, il part, sans le dire à personne. Juste à lui. Il se le dit dans sa tête. Il a écrit bay! sur le mur et il a signé. Il a même signé. Don Pedro. Il est un homme de peu de mots. Quand les garde-fous les liront, ils se diront qu’ils auraient dû se méfier. On ne se méfie jamais de Don Pedro.
Il a mis le pied dehors. Puis les deux. Mais un pied en premier. Il ne faut pas sauter les étapes.
Dehors, il se tient bien droit. Il inspire les bras en croix. Comme Jésus sur le Titanic. Il sent le vent, le vent qui se lève, le vent dans sa voile de bateau, le vent qui lui souffle dans l’oreille de partir loin. Il pleut et il se sent grand. Il se sent debout. Il est sur la crête d’une vague, et le temps d’un soupir, le temps d’un haut-le-cœur, il se tient droit. Droit de hauteur. Et jl voit loin. Il voit le vide autour de sa vague, le vide qui l’étourdit, qui veut lui faire perdre l’équilibre, qui veut le faire retomber dans un creux. Alors il bat des bras pour ne pas perdre pied, pour ne pas perdre la tête sous la surface tandis que tout autour de lui roule, casse et brise. Il se bat pour ne pas perdre l’équilibre. Son équilibre à lui.
À la cuisine, il y a un cuisinier et des couteaux. Il y a aussi plein d’objets auxquels il ne peut pas toucher. Un cuisinier crie qu’il a des mains pleines de microbes. Alors Pierrot regarde sans toucher. Il observe les gestes du cuisinier, il observe les règles. Mais le cuisinier crie quand même «pousse-toi!» puis il crie «tire-toi!». Pierrot ne sait jamais ce qu’il veut vraiment. Alors il ne bouge pas. Quand il ne bouge plus, le cuisinier devient rouge. Pierrot croit que le cuisinier est aussi fou que les autres. Mais ce matin, à la cuisine, il n’y a personne. Il n’y a personne et la porte de la ruelle est ouverte. Alors Pierrot jette un regard à la ruelle. Il pleut et il n’y a vraiment personne. Pas un chat, rien. Il sait que personne n’a pas le droit de sortir de la maison sans les garde-fous, et si quelqu’un sort quand même, ils crient, ils frappent, ils enferment longtemps dans des chambres sombres. C’est insensé. Mais comme tout le monde est déjà fou, ça ne dérange personne. Et là, il n’y a personne. Alors Pierrot trouve un crayon, il écrit quelques signes sur le mur près de la porte, et il sort, il part, sans le dire à personne. Juste à lui. Il se le dit dans sa tête. Il a écrit bay! sur le mur et il a signé. Il a même signé. Don Pedro. Il est un homme de peu de mots. Quand les garde-fous les liront, ils se diront qu’ils auraient dû se méfier. On ne se méfie jamais de Don Pedro.
Il a mis le pied dehors. Puis les deux. Mais un pied en premier. Il ne faut pas sauter les étapes.
Dehors, il se tient bien droit. Il inspire les bras en croix. Comme Jésus sur le Titanic. Il sent le vent, le vent qui se lève, le vent dans sa voile de bateau, le vent qui lui souffle dans l’oreille de partir loin. Il pleut et il se sent grand. Il se sent debout. Il est sur la crête d’une vague, et le temps d’un soupir, le temps d’un haut-le-cœur, il se tient droit. Droit de hauteur. Et jl voit loin. Il voit le vide autour de sa vague, le vide qui l’étourdit, qui veut lui faire perdre l’équilibre, qui veut le faire retomber dans un creux. Alors il bat des bras pour ne pas perdre pied, pour ne pas perdre la tête sous la surface tandis que tout autour de lui roule, casse et brise. Il se bat pour ne pas perdre l’équilibre. Son équilibre à lui.
mardi 13 mai 2008
Don Pedro (1ère partie de 3)
Il ne faut pas lui en vouloir. Tout est question d’équilibre. Il ne doit pas oublier de ne pas tomber quand il se tient debout. Dès que les garde-fous le réveillent. Dès qu’il se lève. Tous les matins, il se lève. Ce n’est pas rien. Ce n’est pas comme d’autres, comme les vieux de son étage, ces grands flancs fous.
Il s’appelle Pierrot. Comme l’ami de celui qui a perdu sa plume, comme le petit frisé à la maternelle, comme le fou du village du temps des châteaux et des dragons et des jolies dans les donjons. Pierrot. C’est son nom. Pas à la mode. À contretemps. C’est un nom bémol, qui sonne un peu plus petit. Jamais tout à fait à la hauteur, jamais la note juste. Qui n’est pas «la», qui essaie de faire comme «si». Un nom qui n’évoque rien de bien intelligent. Un plomb au bout d’une ligne, un pois dans une tête, une ancre à bateau. Une ancre avec deux pieds de chaîne. Deux pieds idiots. Deux pieds inutiles car il navigue en eaux profondes, en eaux creuses. Pierrot.
Un jour, il y a longtemps, un garde-fou a bien vu que Pierrot ne lui allait pas. Pas comme un gant, en tout cas. Il a bien vu que ça n’allait pas avec sa tête. Il n’était pas fou. On ne pouvait pas présenter une masse de cent kilos avec un nom comme Pierrot. Ça faisait sourire. Pierrot aussi il souriait. Mais dans sa tête il ne souriait pas. C’est comme ça. Quand il ne sourit pas, il sourit pareil. C’est idiot, il le sait. Un jour, ce garde-fou l’a appelé Don Pedro. Pour rien. Parce que Pierrot a les cheveux noirs, parce qu’il a un nez d’aigle, parce qu’il a la peau foncée. Parce que quand les autres se moquent trop, parce que quand ils le fatiguent, il leur parle arabe en espagnol. Mais ce n’est pas vrai, il ne parle pas arabe en espagnol. Mais ils ne le savent pas car il fait semblant, il fait comme si. Il sait lire et il sait parler. Mais pas l’arabe en espagnol. Juste sa langue à lui. Il n’est pas si fou que ça. Il n’est pas aussi fou que tous le croient. Quand ils se taisent, Pierrot parle de ses vagues, mais ils ne comprennent jamais rien. Ils disent qu’il n’est pas tout à fait là. Ils confondent toujours tout. Ils confondent la mer et le désert, son bateau et les coquilles de noix. Ils disent nut. Pierrot sait que nut ça veut dire noix en arabe en espagnol. Il ne comprend pas tout mais il faut les comprendre : ils sont un peu fous aussi. Souvent, ils le sont pas mal plus que lui, même s’ils sont ses camarades, même s’ils vivent à la même place, dans la même maison, le même monde.
Comme ce sont les seules personnes à qui il parle, il fait le fou comme eux. Il fait le fou plus que nécessaire. Il parle leur langue. Il parle en boucle sans jamais rien boucler. Sans arrêt, il boucle, il cerne, il fatigue. Alors il se tait. Mais même quand il se tait, il continue. Il parle dans sa tête. Il s’entretient. Il s’entretient sinon il use. Il le fait sans arrêt. Il en a pris l’habitude, il a pris pli, il est devenu un peu plus fou que nécessaire, pour être comme les autres, pour être un peu moins seul. Il s'amuse plus avec quelqu'un avec qui parler. Plus il est fou, plus il rit. Mais il n’est pas si fou. Il s’appelle Pierrot et il divague souvent. Il vogue dans ses vagues. Jusqu’à son continent. Jusqu’au pays de Don Pedro. Il s’appelle Pierrot.
Il s’appelle Pierrot. Comme l’ami de celui qui a perdu sa plume, comme le petit frisé à la maternelle, comme le fou du village du temps des châteaux et des dragons et des jolies dans les donjons. Pierrot. C’est son nom. Pas à la mode. À contretemps. C’est un nom bémol, qui sonne un peu plus petit. Jamais tout à fait à la hauteur, jamais la note juste. Qui n’est pas «la», qui essaie de faire comme «si». Un nom qui n’évoque rien de bien intelligent. Un plomb au bout d’une ligne, un pois dans une tête, une ancre à bateau. Une ancre avec deux pieds de chaîne. Deux pieds idiots. Deux pieds inutiles car il navigue en eaux profondes, en eaux creuses. Pierrot.
Un jour, il y a longtemps, un garde-fou a bien vu que Pierrot ne lui allait pas. Pas comme un gant, en tout cas. Il a bien vu que ça n’allait pas avec sa tête. Il n’était pas fou. On ne pouvait pas présenter une masse de cent kilos avec un nom comme Pierrot. Ça faisait sourire. Pierrot aussi il souriait. Mais dans sa tête il ne souriait pas. C’est comme ça. Quand il ne sourit pas, il sourit pareil. C’est idiot, il le sait. Un jour, ce garde-fou l’a appelé Don Pedro. Pour rien. Parce que Pierrot a les cheveux noirs, parce qu’il a un nez d’aigle, parce qu’il a la peau foncée. Parce que quand les autres se moquent trop, parce que quand ils le fatiguent, il leur parle arabe en espagnol. Mais ce n’est pas vrai, il ne parle pas arabe en espagnol. Mais ils ne le savent pas car il fait semblant, il fait comme si. Il sait lire et il sait parler. Mais pas l’arabe en espagnol. Juste sa langue à lui. Il n’est pas si fou que ça. Il n’est pas aussi fou que tous le croient. Quand ils se taisent, Pierrot parle de ses vagues, mais ils ne comprennent jamais rien. Ils disent qu’il n’est pas tout à fait là. Ils confondent toujours tout. Ils confondent la mer et le désert, son bateau et les coquilles de noix. Ils disent nut. Pierrot sait que nut ça veut dire noix en arabe en espagnol. Il ne comprend pas tout mais il faut les comprendre : ils sont un peu fous aussi. Souvent, ils le sont pas mal plus que lui, même s’ils sont ses camarades, même s’ils vivent à la même place, dans la même maison, le même monde.
Comme ce sont les seules personnes à qui il parle, il fait le fou comme eux. Il fait le fou plus que nécessaire. Il parle leur langue. Il parle en boucle sans jamais rien boucler. Sans arrêt, il boucle, il cerne, il fatigue. Alors il se tait. Mais même quand il se tait, il continue. Il parle dans sa tête. Il s’entretient. Il s’entretient sinon il use. Il le fait sans arrêt. Il en a pris l’habitude, il a pris pli, il est devenu un peu plus fou que nécessaire, pour être comme les autres, pour être un peu moins seul. Il s'amuse plus avec quelqu'un avec qui parler. Plus il est fou, plus il rit. Mais il n’est pas si fou. Il s’appelle Pierrot et il divague souvent. Il vogue dans ses vagues. Jusqu’à son continent. Jusqu’au pays de Don Pedro. Il s’appelle Pierrot.
lundi 12 mai 2008
Preuves
Le truc a fait ses preuves : on nous prétend une activité X, disons un souper en amoureux, et quand on arrive au resto, les amis nous y attendent et cachés derrière leur menu.
Le truc à fait ses preuves et je suis tombé dans le panneau samedi soir. Il faut dire que cette fois, c’était 10 jours après mon anniversaire et comme on avait fêté le 40e de Patrick le jour de ma fête (le bougre, il a choisi de naître le jour de mon anniversaire, question de me voler la vedette… Incapable de choisir une date à lui… M’énarve…), je croyais bien mon tour remis aux calendes grecques.
Ça demande d'être préparé, de gérer des horaires disparates et capricieux, de nager entre les semi-vérités et demi-mensonges, d’appeler les gens en secret, de fouiller dans les carnets d’adresse, de prétendre des soirées au cinéma, de ne pas parler en rêvant. L’habileté de Dame V. à ces égards est de toute évidence élevée, ce qui m’inquièterait si j’étais un tant soit peu plus parano.
Samedi soir, je suis rentré un peu aviné et très heureux d’avoir une copine aussi attentionnée et de si bons amis, qui pardonnent mes absences, mes oublis, mes fatigues et mes niaiseries. Parfois je me demande si je les mérite tous, copine et copains.
Le truc a fait ses preuves, et il fait du bien.
Le truc à fait ses preuves et je suis tombé dans le panneau samedi soir. Il faut dire que cette fois, c’était 10 jours après mon anniversaire et comme on avait fêté le 40e de Patrick le jour de ma fête (le bougre, il a choisi de naître le jour de mon anniversaire, question de me voler la vedette… Incapable de choisir une date à lui… M’énarve…), je croyais bien mon tour remis aux calendes grecques.
Ça demande d'être préparé, de gérer des horaires disparates et capricieux, de nager entre les semi-vérités et demi-mensonges, d’appeler les gens en secret, de fouiller dans les carnets d’adresse, de prétendre des soirées au cinéma, de ne pas parler en rêvant. L’habileté de Dame V. à ces égards est de toute évidence élevée, ce qui m’inquièterait si j’étais un tant soit peu plus parano.
Samedi soir, je suis rentré un peu aviné et très heureux d’avoir une copine aussi attentionnée et de si bons amis, qui pardonnent mes absences, mes oublis, mes fatigues et mes niaiseries. Parfois je me demande si je les mérite tous, copine et copains.
Le truc a fait ses preuves, et il fait du bien.
lundi 5 mai 2008
Blogu'Or 2008
Qu'ouis-je? Les Blogu'Or 2008?
Que lus-je? Quelqu'un de gentil m'y a mis en nomination?
Le crois-je? Dans deux catégories: Littérature-fiction et Opinions?
Allez voir! Cliquez et allez voter! Même pas besoin de manger chez Saint-Hubert! En plus, on y fait plein de belles découvertes (et des pas mûres)!
Sur ce, merci à celle-celui-celles-ceux ou autre qui a-ont ajouté mon blogue à la liste.
Que lus-je? Quelqu'un de gentil m'y a mis en nomination?
Le crois-je? Dans deux catégories: Littérature-fiction et Opinions?
Allez voir! Cliquez et allez voter! Même pas besoin de manger chez Saint-Hubert! En plus, on y fait plein de belles découvertes (et des pas mûres)!
Sur ce, merci à celle-celui-celles-ceux ou autre qui a-ont ajouté mon blogue à la liste.
dimanche 4 mai 2008
Attention, je vous écoute...
On fait le bon parent, on montre à dire s'il-vous-plaît-merci-pirouette, on enseigne des chansons, et...
Comme si les lapsus de sa mère ne suffisaient pas, voici que ma fille s'y met. Hard!
(Rappel: c'est chanté du haut de l'innocence de ses 2 ans, et ce qu'elle chante n'est pas ce que j'entends. Alors, on se calme avec la DPJ...)
«Au clai' de la lune
Mon ami est yo
P'ête moi ta pute
Pou' éc'i' un mot
Ma landelle est motte
Ye yé yu ye (bref silence) FEUUUUUU!
Ouv'e-moi la plote
Pou' l'amou' des yeux.»
Je crois qu'elle serait mieux de faire comme moi et de se mettre à l'écriture au plus vite!
Comme si les lapsus de sa mère ne suffisaient pas, voici que ma fille s'y met. Hard!
(Rappel: c'est chanté du haut de l'innocence de ses 2 ans, et ce qu'elle chante n'est pas ce que j'entends. Alors, on se calme avec la DPJ...)
«Au clai' de la lune
Mon ami est yo
P'ête moi ta pute
Pou' éc'i' un mot
Ma landelle est motte
Ye yé yu ye (bref silence) FEUUUUUU!
Ouv'e-moi la plote
Pou' l'amou' des yeux.»
Je crois qu'elle serait mieux de faire comme moi et de se mettre à l'écriture au plus vite!
vendredi 2 mai 2008
Les Amis en collant
Il y a des héros grandioses, tout en collant et en cap, aux muscles saillants et à l’anti-sudorifique à toutes épreuves. Des gens qui arrivent aux moments les plus graves, s’étant laissés savamment désirer, comme la cavalerie dans les westerns.
Il y a aussi les héros ordinaires, qui nous relèvent quand on a trébuché, quand ils n’ont pas tout simplement enlevé la pelure de banane avant qu’on y pose le pied. Des héros en t-shirt gris, en jeans sales, en bourrelets ou en calvitie. L’œil extérieur d’autrui n’y voit que de vulgaires n’importe qui, comme tout le monde ne voit que Clark Kent quand il n’est pas vêtu de sa cape. Ils n’ont rien d’hollywoodien, rien de vendeur, rien pour faire frémir les adolescents. Ils sont maladroits et oublieux, mais ils répondent présents quand on les appelle. Ils manquent leurs farces 2 fois sur 3, se contredisent souvent, sont inconséquents, et la porte fermée, il y a fort à parier qu’ils se foutent le doigt dans le nez. Ces gens ignorent qu’ils sauvent des vies, qu’ils ont sauvé la mienne quelques fois du moins.
Ces gens, ces amis, devraient parfois recevoir une médaille de bravoure, non pas pour avoir sauté du haut d’un ravin pour nous sortir des remous d’une rivière, mais bien parce qu’ils ont su rester assis près de nous quand nous ne savions plus de quoi ni de qui nous avions besoin.
Ces gens, je ne les échangerais pas contre n’importe quel super héro.
…Mais j’avoue qu’il y en a 2 ou 3 que j’aimerais bien voir en collant, pour rire.
Il y a aussi les héros ordinaires, qui nous relèvent quand on a trébuché, quand ils n’ont pas tout simplement enlevé la pelure de banane avant qu’on y pose le pied. Des héros en t-shirt gris, en jeans sales, en bourrelets ou en calvitie. L’œil extérieur d’autrui n’y voit que de vulgaires n’importe qui, comme tout le monde ne voit que Clark Kent quand il n’est pas vêtu de sa cape. Ils n’ont rien d’hollywoodien, rien de vendeur, rien pour faire frémir les adolescents. Ils sont maladroits et oublieux, mais ils répondent présents quand on les appelle. Ils manquent leurs farces 2 fois sur 3, se contredisent souvent, sont inconséquents, et la porte fermée, il y a fort à parier qu’ils se foutent le doigt dans le nez. Ces gens ignorent qu’ils sauvent des vies, qu’ils ont sauvé la mienne quelques fois du moins.
Ces gens, ces amis, devraient parfois recevoir une médaille de bravoure, non pas pour avoir sauté du haut d’un ravin pour nous sortir des remous d’une rivière, mais bien parce qu’ils ont su rester assis près de nous quand nous ne savions plus de quoi ni de qui nous avions besoin.
Ces gens, je ne les échangerais pas contre n’importe quel super héro.
…Mais j’avoue qu’il y en a 2 ou 3 que j’aimerais bien voir en collant, pour rire.
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