(En réaction au billet de Patrick)
Je nous regarde acheter du suremballé à pleins sacs, de nouvelles télés à écran plat pour changer notre grosse télé qui fonctionne encore, un nouvel iPod et un nouveau téléphone cellulaire pour remplacer l'ancien acheté il y a trois ans, des meubles faits de colle et fabriqués en série en Indonésie, des jouets de plastique à 1$ pour nos enfants qui s'en foutent, des lunettes fumées que nous porterons quelques fois avant de les oublier, des vêtements qui serviront, comme tout le reste, le temps que change la mode, le temps qu'une vente de liquidation nous donne envie de nouveau pour presque rien. Je vois les centres d'achat et autres Ikea entourés de stationnements grands comme des déserts où rien ne pousse. Au retour, dans notre voiture qui consomme moins d'essence que l'autre mais que nous changerons tout de même dans 4 ans, je nous entends pester contre toute cette circulation, contre le smog et cette température accablante en ayant hâte à notre voyage annuel d'une semaine, avion et bar open inclus. Et si le bonus annuel du patron est bon, on se tapera un second voyage, un écolo où l'on marchera dans la nature mais où on se rend en avion...
Pour nous déculpabiliser, nous utilisons nos sacs réutilisables, nous achetons des produits verts recyclables (mais pas recyclés; on se targue de tout recycler, mais on ne trouve pratiquement rien fabriqué en matière recyclée...), nous achetons des litres de produits nettoyants biodégradables en seulement 28 jours, comme si les poissons pouvaient survivre 28 jours dans du Windex. On déculpabilise notre surconsommation en prenant l'autobus une fois de temps en temps, mais on ne la remet jamais en question. Pourtant, c'est elle qui crée des usines, pollue nos océans, engorge les routes de camions de marchandises et de livraison.
Fermez les yeux et imaginez une scène de votre enfance, n'importe laquelle. Dites-vous que presque tout ce que vous y voyez, meubles, bibelots, couverts, jouets, voitures, vêtements, bardeaux du toit des maisons, enseignes des magasins, peut-être même la toilette et le lavabo, tout cela s'empile dans un dépotoir aujourd'hui. Ouvrez les yeux et regardez autour de vous : où tout ce que vous voyez sera dans 20 ans ? Ça fait peur, n'est-ce pas ?
Petit, j'étais fasciné par l'île de Pâques, plus exactement par les hypothèses pour expliquer sa déforestation et la quasi extinction de ses habitants. Une des hypothèses le plus probables avance l'idée d'une déforestation par les habitants pour permettre l'érection des maoaïs, les fameuses statues de l'île. J'avais six ou sept ans quand on m'a expliqué cela, et dans ma petite tête qui avait tout à apprendre, je me demandais bien comment des hommes qui devaient bien voir diminuer de manière dangereuse le nombre d'arbres de leur île, comment ces être sensés ont-ils pu continuer à les couper jusqu'au dernier pour ériger des statues ? Je ne pouvais le croire.
Aujourd'hui, devant le spectacle qu'offre l'homme moderne, la réponse à l'interrogation de mon enfance ne fait plus de doute : oui, l'humain est con à ce point.
Le plus troublant est que, malgré tout ce que je viens d'écrire, je sois du lot.