samedi 26 septembre 2009

Falardeau


La première fois que je l'ai rencontré, je ne l'ai même pas vu. Je n'entendais que ses mots sans vernis interpréter ce qu'une camera nerveuse montrait sur Le Temps des bouffons. C'était à la fin des années 80. Sur la cassette, il y avait cette note :

C'est ce que j'ai fait. J'en ai encore une copie ici. Mais vous n'en avez plus besoin. La courte vidéo est au bas de cette page-là. Ça fesse encore.

Note: J'ai copié telle quelle la note de la cassette vidéo, avec les fautes du site de Falardeau). Je crois qu'elles étaient sur la cassette il y a 20 ans.

Ensuite, j'ai vu le premier Elvis Gratton. Comme pour le reste de son oeuvre, comme pour le reste du bonhomme, les gens n'y ont vu que l'arbre qui cache la forêt.

Pour plusieurs, Falardeau était un indépendantiste vulgaire qui aurait mérité un cours de mise en marché. Pour moi, il a été un défenseur universel des petits peuples qui se font manger par les grands, un résistant dans la plus pure définition du terme. Il était aussi brut, râpeux, dépourvu de fard, souvent enragé, parfois découragé de se faire poser les mêmes questions, de se faire balancer les mêmes accusations par des gens incapables de saisir les idées entre les tabarnaks du désespoir.

Je l'ai croisé des dizaines de fois sur la rue, et malgré l'envie, je ne suis jamais allé lui parler (je suis con de même), lui dire ce qu'il avait réveillé chez moi, lui dire que j'avais amené une amie finlandaise qui ne parlait pas français voir son film « 15 février 1839 » en version sous-titrée anglais, lui dire que cette amie y avait pleuré et qu'elle m'avait dit, à la sortie, qu'elle comprenait maintenant les raisons du mouvement indépendantiste québécois. Lui dire enfin que si son message avait passé avec une Finlandaise et avec moi, on ne devait pas être les seuls.

Je n'ai pas toujours été en accord avec tout, mais il ne le demandait pas; il aimait trop la discussion pour ça.

Falardeau. À ce pays où tout le monde se tait pour ne pas faire de chicane, à ce pays où encore souvent l'on fonctionne dans la langue d'un autre «d'un coup» que l'un de nos collègues n'est pas francophone, à ce pays qui a tout pour l'être mais qui se le refuse de peur de trébucher, tu manqueras. En tabarnak.

vendredi 25 septembre 2009

Putain !


Elle a écrit Putain, Folle et À Ciel ouvert, et venait de terminer l'écriture de Paradis clef en main, livre à paraitre bientôt. On ne pourra pas dire qu'elle ne nous avait pas prévenus...

On se souviendra du souffle de sa plume. Sa vie, elle, en aura manqué.

On perd Nelly Arcan. Mais mes pensées vont à ceux qui perdent Isabelle Fortier.

Adieu !

mercredi 23 septembre 2009

Attention, je vous écoute...

Alors qu'elle s'empresse d'aller consoler son petit frère de 3 mois qui s'est réveillé en pleurant, ma fille m'explique :

«C'est parce qu'il ne sait pas encore comment rêver.»

Romane, 3 ans.

dimanche 20 septembre 2009

En attendant mon retour à l'écriture de ce blogue...

Je songe sincèrement à offrir un cours de conception de noms automobiles...

Après la Buick Lacrosse 2010...

Ça ne s'invente pas.


Je vous laisse les jeux de mots!

samedi 5 septembre 2009

Moi j'ai quitté mon pays bleu

Comme j'avais pas mal d'avance, je laissais lentement défiler le décor que m'offrait cette route de campagne. Tant de soleil, d'espace, de silos aux inscriptions «ferme Machin» me rendent immanquablement heureux. J'ai baissé les fenêtres et levé un peu la voix de Roger Whittaker qui chantait à ce moment-là. La vie savait se faire douce parfois.

Je suis arrivé au village en faussant sur « moi j'ai quitté mon pays bleu », et c'est sur la note finale que je l'ai vue : un roulotte à patates frites ! Pas un restaurant « Chez Mimi» ni un snack graisseux au fond d'une entrée en gravier mais bien une vraie de vraie roulotte, les roues bien serrées entre deux cales de bois, fenêtre ouverte sur un stationnement de fortune, une roulotte comme il y en avait partout dans mon enfance. Je n'avais pas très faim, mais j'avais du temps et je n'ai pu m'empêcher de m'arrêter, question de profiter de cet improbable vestige du passé avant qu'il ne disparaisse au profit d'un Tim Horton's. J'ai le cholestérol nostalgique, docteur, je n'y peux rien.

C'est un enfant de 8 ans sifflotant du Whittaker qui s'est approché de la roulotte. Je n'avais pas à regarder le menu signé Bonne(!) appétit : je commanderais au vieil homme graisseux un peu blaséce sera un cheese ketchup-oignon avec 1$ de patates, comme dans le temps.

La moustiquaire de la fenêtre s'ouvrit sur le visage régulier d'un homme bien mis, plus jeune que moi, coiffé d'un filet à cheveux d'un chic fou. J'ai cherché sans succès mon vieil homme dans le fond de la roulotte avant de donner, un brin hésitant, ma commande.

Quand l'homme enfila des gants chirurgicaux pour préparer mon hamburger, mon sourire niais disparut totalement. Où était mon monsieur aux cheveux graisseux, une cigarette avec ça de long de cendres au bec ?

Je suis revenu à ma voiture avec un hamburger dont la boulette, bien centrée dans son pain, ne contenait assurément ni cheveu ni sueur, un sandwich qui pourrait se mériter une note parfaite au ministère de la salubrité.

Je ne sais quand ça s'est produit, mais sans que je m'en rende compte, j'avais bel et bien quitté mon pays bleu pour un tout blanc, tout propre. Propre propre propre.

Jamais souvenir ne m'aura paru aussi fade et aseptisé que cet hamburger.