vendredi 27 mars 2009

Phobophobie de la peur

On savait que ça arriverait. Parce qu'on est passés par là, parce qu'on nous avait prévenus. Mais on ne pensait pas être pris au dépourvu à ce point.

La petite, à la veille de ses trois ans, a développé un tas de petites peurs qui deviennent tranquillement préoccupantes: peur du noir, peur de sa chambre le soir, peur des voleurs, peur des bruits de pas des voisins, peur des inconnus. Jusque là, on nageait dans cette soupe sans trop de problèmes, surtout qu'il semble courant à cet âge de développer des craintes irraisonnées, sans compter les incertitudes qu'amène la venue prochaine d'un petit frère.

Cependant, la soupe devient potage: les peurs se sont accentuées et leur pire manifestation est maintenant une peur phobique des inconnus, surtout quand il s'agit d'hommes (mais aussi de femmes parfois, bien que ce soit plus rare), au point où elle s'agrippe à nous en hurlant comme si nous la menacions de lui faire prendre un bain de lave.

Je sais ce que vous pensez. On y a pensé aussi. Pas de gaité de coeur, mais il fallait bien s'y arrêter. On a fait le tour des possibilités et pourtant rien ne colle; elle n'a jamais été seule avec des étrangers et elle ne craint personne de son entourage qui a déjà passé ne serait-ce que trois secondes seul avec elle.

On se rassure: dès que la «menace» est passée, elle redevient la petite fille enjouée, rieuse, curieuse et volubile habituelle.

Mais nous, on fait quoi? Comment parer les peurs sans les cristalliser, sans qu'elles deviennent phobophobie (la peur d'avoir peur)? Comment les faire disparaître sans faire le travail à sa place?

Il n'y a peut-être pas de réponse. C'est probablement une autre de ces joies d'être parent, un autre de ces milliers de points d'interrogation qui retardent notre sommeil le soir venu et qui nous grisonnent tranquillement les tempes. C'est peut-être juste la vie aussi.

20 commentaires:

  1. à l'âge de 4 ans,j'avais une peur irréfléchie des hommes à barbe, je me rappelle de mon petit coeur qui cognait si fort que je croyais qu'il bondirait au dehors de ma cage thoracique.Seule la jambe de ma mère ou de mon pere contre laquelle je me pressais fort à leur faire mal, pouvait calmer cette hysterie passagere.Et evidement,le sentiment d'injustice immesurable qui m'envahissait lorsqu'on essayait tant bien que mal de me rassurer.Dans ma tête de drama queen de 4 ans,j'en revenais pas quand on me disais que tout était ok.NON! C'est pas OK! Mais pourquoi ma minounette ? Je sais pas ...était ma réponse.38 ans plus tard, c'est encore frais dans ma mémoire, mais avec un peu d'aide et sans valider mes peurs,je suis devenue une grande fille forte qui n'a plus peur de rien ! HA! Tant que vous êtes LÀ.

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  2. Merde... Va-t-il falloir que je me rase de frais chaque matin?

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  3. La peur, c'est le plus terrible des "bullies". Plus on lui accorde de l'importance, plus elle en prend. C'est Hitler à qui on a donné les Sudètes et qui a voulu le monde.

    Elle est comment Romi Ozborne quand vous êtes pas là? Ils vous parlent, les gentils moniteurs à la garderie?

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  4. Oui ils nous parlent. Ils cherchent à comprendre aussi fort que nous car la petite y vit les mêmes choses qu'ici dès qu'elle quitte ses éducateurs habituels.

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  5. pour rebondir sur La Shirley (enfin... sur ce qu'elle dit quoi :P ) je serais plutôt d'avis d'embrasser ses peurs : pour elle, dire "t'inquiète pas" c'est nier sa peur. or elle est bien là... je serais donc d'avis de prendre le problème dans l'autre sens : ne pas lui dire que tout est ok, mais plutôt lui dire que si elle a peur de quelque chose, vous la défendrez aussi fort qu'il vous sera possible. c'est correct d'avoir peur, tout le monde a peur un jour dans sa vie, et il n'est pas honteux d'avoir peur de quelque chose qui semble banal à tant d'autres. la peur, il faut seulement apprendre à vivre avec.


    et puis c'est comme tout, ça va passer. la bedaine qui s'arrondit et donne chaque jour un peu plus de réalité à ce nouveau potentiellement petit préféré de papa et maman, qui aura droit de façon inconditionnelle à leur protection farouche alors que les "grands" doivent se débrouiller tous seuls... y est certainement pour quelque chose...

    bon courage.

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  6. La peur fait partie de l'inconscient qui se mêle à l'imaginaire. J'ai toujours opté pour l'imaginaire afin de les contrer. Les couvertures magiques, les signes dans les nuages, les fées multiples. Encore aujourd'hui, malgré ses presque 12 ans, Charlotte aime encore ça. D'un commun accord, tacite et merveilleux, on fait vivre des créatures et on anime des objets pour contre le côté sombre des choses.

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  7. Oh la pauvre Rominette!
    Je suppose que c'est peut-être un peu aussi le déménagement, son environnement est changé et elle a besoin de se refaire ses nouveaux repères "visuels". Pour l'instant, les repères qu'elle connaît, c'est vous, c'est les éducateurs de la garderie. C'est stressant pour nous les changements, ça l'est aussi pour eux.
    Je pense aussi un peu comme Dodinette, faut pas nier sa peur. Faut juste montrer que vous êtes là, que vous prenez soin d'elle, que vous êtes plus fort que ce dont elle a peur, que le monstre dans le garde-robe, vous en ferez qu'une bouchée s'il ose sortir un bout d'orteil. Parfois ce sont des petits détails, pour ma fille, fallait seulement que la porte soit fermée, pour la tienne, ça prend peut-être un truc devant la porte qui lui fera croire que le passage est bloqué, ce genre de truc qu'il faut adapter à la peur concernée. À mon fils qui vivait du stress à un moment, j'ai fais aussi comme Éricka avec des histoires de petits soldats cachés en lui, qui sortaient la nuit pour combattre ce qui le hantait. Il aimait ça, ça lui changeait les idées avant de s'endormir, c'est toujours ça de gagné.
    Vous avez peut-être déjà essayé tout ça aussi.
    Je crois aussi qu'il faut être patient, parce que l'effort que vous mettez à la rassurer, il peut prendre quelque temps (qui nous semble une éternité oui!) a porter fruit, à produire un effet.
    C'est tout un job être parent...

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  8. Moi je crois que tout le monde a de bien bonnes intentions en vous donnant leur trucs et idées, mais que l'idéal serait de demander l'avis à un professionnel dans ce domaine.

    Pour connaître une peur phobique encore à l'âge de 33 ans, je te dirais que j'aurais bien aimé que mes parents prennent les bons moyens pour vaincre cette phobie, qui n'était qu'une peur au début ...

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  9. ça m'est arrivé étant jeune.. Ma mère m'a dit qu'elle croyait que c'était dû aux fréquentes visites de ma famille chez nous à cette époque et des voix tonitruantes de mon père et de ses frères lorsqu'ils étaient réunis (et encore pluss quand ils avaient un p'tit coup derrière la cravate). On m'appelait "L'enfant sauvage", mais je dirais que le seul souvenir que j'en garde est un sentiment de timidité et de peur de ce qui contrevenait à ma routine (mes parents voyaient peu de gens sur une base régulière).
    Je vous souhaite que ça passe vite.. Bonne chance!

    Catherine

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  10. Chez nous, on a travaillé sur le concept de «surmonter sa peur». Chaque fois que notre plus vieux a réussi à surmonter sa peur (comme celle de la moissonneuse-batteuse des Bagnoles), on l'a souligné et cela sert d'exemple : « Là, tu as peur de rester tout seul à la fête d'amis, mais rappelle-toi comme tu étais content d'avoir surmonté ta peur de la moissonneuse-batteuse : maintenant, tu peux regarder les Bagnoles tout seul !» À force de surmonter des peurs, la confiance en soi s'installe. Je ne m'inquiéterais pas. Facile à dire, je sais.

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  11. Bonjour Daniel,mon gars a fait la même chose a la même age ,il s'agrippait toujours sur moi devant les autres mais il ne criait pas, il était craintif, durand 2 ans. L'enfant unique je crois est toujours plus porté sur ses parents en général.

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  12. Ce que tu racontes me fais penser à Laurélie quand elle avait 3 ans. Elle avait peur d'entrer dans les magasins, les piscines publiques, bibliothèques...bref presque partout. Elle paniquait, pleurait et hurlait. Après plusieurs semaines elle nous avoua avoir eu très peur à la piscine avec sa grand-mère quand un employé siffla et dit que la piscine allait fermer. Elle était certaine qu'elle allait y passer la nuit! Puis cette peur est partie. Puis d'autres points d'interrogations sont apparus et apparaissent sans cesses. C'est d'ailleurs la raison de ma grande consommation de café au cégep...pour me garder alerte!
    Alors comme ça c'est un petit garçon? Félicitations!! Je suis super contente pour vous trois.

    Ève

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  13. Merci pour vos bons mots!

    Jusqu'à maintenant, nous n'avons que notre patience et notre présence comme armes. Ça semble parfois fonctionner (comme cet après-midi avec les voisins), parfois c'est le retour en force de l'inexplicable.

    Mais nous gardons courage: j'ai trouvé dans le journal le numéro d'un sorcier vaudou (qui peut même m'assurer l'éternelle fidélité de Dame V pour pas cher!...)

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  14. Y a juste les cons qui n'ont pas peur.

    Donc, ta fille aura peur du monsieur qui va lui offrir des bonbons dans sa voiture et elle aura peur de traverser le canal sur la glace au mois de mars.

    Si elle n'avait peur de rien et surtout, de personne, c'est toi qui aurait peur.

    Tu seras au lancement?

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  15. avez-vous essayé Monsieur Réponse?

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  16. Ha! Ha! Monsieur Réponse! Il est sur la liste des intervenants possibles, un rang devant le doc Mailloux.

    PMT: Ouaip, en effet, la peur a du bon. Mais c'est comme la patience: il en faut, mais un jour, il faut ce qu'il faut.

    Côté lancement, j'y serai c'est sûr. Et tu as affaire à y être aussi. :P

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  17. Je connais un petit 10 ans qui, losqu'obligé de dormir seul dans une pièce même à la maison, est terrorisé, au point d'en souffrir parfois à l'école parce que la concentration n'y est pas, faute de sommeil.

    Le remède miracle je ne le connais pas. Mais je sais qu'il faut adresser ses peurs, ne pas les nier, ne pas faire semblant que ça n'existe pas tout en ne les entretenant pas. Pas simple. Parfois un professionel peut aider.

    Surtout, comme parent, il ne faut pas se sentir coupable. On fait du mieux qu'on peut, avec la meilleure volonté du monde.

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  18. La peur l'ennemi d'une vie...
    En parler , l'éclairer, la peur ne tolère pas la lumière.
    Une veilleuse, les portes fermées, connaitre le voisin d'en face, parler à l'étranger,l'aider à apprivoiser l'inconnu.
    Pas facile , ni rapide à faire disparaitre.
    Je connais, j'ai eu peur toute ma vie.

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  19. Si je puis me permettre, le propre des phobies c'est de servir d'écran à d'autres peurs que l'on s'interdit même de nommer.
    Etre un peu phobique à trois ans, c'est courant et on surfe souvent assez facilement dessus, jusqu'à ce que les choses se tassent.
    Mais si cela devient envahissant, si ça prend trop de place, alors oui, faut aider...

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  20. Bon, je sais je suis TRÈS en retard pour commenter ce texte. N'empêche que...

    Quand j'avais quatre ans, presque cinq, j'ai eu un deuxième petit frère. Et là, vas savoir pourquoi, je me suis mise à croire qu'il n'y aurait plus de place pour moi dans la vie de mes parents. J'avais une peur bleue qu'on me donne au premier venu. Et je rêvais, souvent, d'un monsieur laid à qui mes parents me donnaient pour faire de la place pour le bébé qui s'en venait.

    Je crois qu'à cet âge, on ne comprend pas que l'amour se multiplie et qu'il ne se divise pas.

    Pour te rassurer, j'ajouterais que mes cauchemars sont disparus le jour où j'ai vu mon petit frère, si minuscule dans son grand lit et que ma maman me tenait par la main : il y était, j'y étais et c'était assez clair pour moi, dans ce geste maternel, que j'étais tout à fait bienvenue dans cette nouvelle famille-là.

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