vendredi 18 novembre 2011

Nouvelle en 140 caractères

La Zone d’écriture de Radio-Canada a lancé un défi aux aficionados de Twitter : écrire une histoire sur leur compte en incluant le mot #temps. Maximum 140 caractères, espaces incluses (ou inclus, c'est comme vous voulez).

Si la participation n'avait pas été limitée à un seul texte (sic!) par personne, je crois que j'aurais passé ma journée à en écrire.

Voici ma particpation:


«Mon chien m’a léché les doigts quelque temps, puis j’ai soupiré. De mon index encore mouillé, j’ai appuyé sur la gâchette.»


En attendant le dévoilement du gagnant, allez lire les 5 finalistes.

samedi 12 novembre 2011

Karkwa diète

Bon. Je ne tiens pas tant que ça à partir le débat, mais je lance tout de même le questionnement suivant :

Pourquoi ne reproche-t-on jamais aux comédiens de jouer dans une publicité?

Pourquoi nous ne leur reprochons jamais de prêter ne serait-ce que leur voix à un commanditaire, même quand ce dernier va à l'encontre des valeurs profondes du comédien (je pense ici à un comédien bien connu pour ses valeurs écologiques - et en meilleure position financière que bien d'autres - qui a prêté sa voix à une marque de camions)?

Bref, pourquoi quand on arrive à la musique, on a l'impression que l'artiste vend son âme, alors qu'on est plus enclins à comprendre les motifs économiques de celui qui prête son corps et sa voix à un publicitaire? (et encore là, pas toujours: qui a reproché à Malajube son contrat avec Zellers?)

Mais bon. Personnellement - et ça ne règle rien au questionnement - je crois que Coca Cola fera vendre plus de Karkwa que Karkwa fera vendre de Coke diète. Et c'est tant mieux.

mercredi 9 novembre 2011

Aphorisme professoral

Après la correction de 10 mauvaises copies, le prof peut chialer. Avec l'expérience, il chiale de plus en plus tôt. C'est d'ailleurs ainsi qu'on reconnait le prof d'expérience: il chiale pendant ses vacances, en prévision de.

mardi 27 septembre 2011

École maternelle


Je me souviens de ma mère, debout sur le trottoir, qui me faisait bye-bye en souriant.

Je me souviens de cette petite école. Les Bouts-de-Choux. Les écoles maternelles, à l’instar des garderies, ont souvent un nom un peu con. J’y arrivais drôlement tôt, j’allais au vestiaire, je montais en classe. Tout cela était nouveau pour moi, tout comme ce tas d’enfants que les adultes identifiaient comme mes «amis» alors que je n’en connaissais aucun, sinon José et Serge, de nom, parce que ma mère répétait qu’elle avait croisé leur mère dans les cours prénataux. Mais ils étaient tout de même mes amis, même Tommy, le baveux qui avait terrorisé l’autobus dès le premier jour. Il avait déjà l’oreille percée et nous n’étions que dans les années 70.

Je me souviens de cette crainte sourde que j’avais au creux du ventre le soir venu, couché dans mon lit. Cette peur devant tant d‘inconnu, et ces matins où je pleurais un peu parce que je doutais pouvoir être à la hauteur.  Je me souviens de mes parents qui me rassuraient, qui m’assuraient que tout irait bien, que j’étais grand maintenant. Le pire c’est que je lisais dans leurs yeux qu’ils croyaient tout ce qu’ils disaient.

Je me souviens des grands que l’on voyait courir dans la cour de l’école primaire. Ils couraient vite, ils criaient fort, ils étaient presque des adultes, ils faisaient peur. 

Tout cela refait surface alors que je regarde ma fille partir le matin. Elle quitte un monde où elle est la plus grande pour aller dans un autre où elle est la plus petite, où elle ne connait personne et où on lui chante que tout le monde est son ami. Je la regarde marcher dans cet univers cruel qu’est celui des enfants en me disant qu’elle me glisse des mains, que je dois maintenant avoir confiance en elle, en son jugement, en sa force, en la vie.

Tout ira bien, elle est grande maintenant.

Je me regarde et je me souviens de ma mère sur le trottoir, dans la poussière de l’autobus, la main dans les airs, immobile un peu trop longtemps.

Je ne savais pas qu’elle avait pleuré.

dimanche 28 août 2011

La chanson du jour: Irène (The Cult)



«Hot sticky scenes, you know what I mean
Like a desert sun that burns my skin
I've been waiting for her for so long
Open the sky and let her come down

«Here comes Irène
Here comes Irène
Here she comes again
Here comes Irène»

mercredi 24 août 2011

Le Vilain Petit Canard


Je ne m’y habituais pas. Depuis le jour de mon arrivée dans cette entreprise, je les trouvais de plus en plus laids. Gros, vieux, flasques, cons, ennuyants et laids. La réceptionniste, le commis d’entrepôt, le comptable, le patron, tous semblaient ignorer la mode, le charme, la beauté. Même tapi derrière mes paravents grèges, je sentais leur laideur, et bien sûr, le temps n’arrangeait rien à l’affaire. Tous les matins, je me dépêchais d’entrer dans l’enclos qui me servait de bureau et j’allumais mon ordinateur pour ne pas avoir à socialiser avec un de ces monstres.

Je supportais leur vue avec peine depuis 10 ans quand un jeune investisseur acheta l’entreprise. Le nouveau patron n’avait que trois mots à la bouche : look, jeunesse et look.  Le bureau ne tarda pas à changer d’allure, à commencer par la réceptionniste. Le thon qui accueillait les clients depuis 10 ans fit place à une jeune fille aux cheveux longs, au sourire blanc de blanc et à la poitrine de taille impressionnante sur laquelle on pouvait voir, les jours de grands décolletés, un signe chinois dont elle ignorait le sens mais qu’elle aimait bien flatter du bout des doigts quand on lui parlait.

Chaque jour, le patron entrait dans le cubicule d’un laideron en l’enjoignant de le suivre : «Inutile de fermer ton ordi, on s’en chargera», puis on ne revoyait jamais le lézard. Les tronches hideuses tombaient une à une, remplacées par un éphèbe digne d’Occupation double. Jour après jour, le bureau gagnait en jeunesse et en beauté. Je me suis surpris à sourire de plus en plus, à fraterniser avec mes nouveaux collègues, à blaguer avec mon patron. On jasait gym, jeux vidéo, cul de secrétaires. Je ne me souvenais pas d’avoir eu autant de plaisir et de fierté à faire partie d’une équipe de travail. Tout le monde semblait sortir d’une revue de mode. Moi qui avais toujours travaillé par nécessité, je me surprenais à avoir hâte de rentrer travailler, heureux d’œuvrer au sein de cette équipe de rêve dont la métamorphose m’apparaissait maintenant complète. J’avais peu de pensées et encore moins de sympathie pour toutes les limaces qui avaient hanté ma vie professionnelle jusqu’ici.

Puis ce matin, mon patron cogna à mon paravent en simulant un court solo de drum, m’invitant à prendre un café dans son bureau. Je me suis levé avec diligence. Mon sourire s’est figé quand il ajouta : «Inutile de fermer ton ordi, on s’en chargera».

dimanche 14 août 2011

Gaspésie blues


Ça arrive quelques fois dans une vie : on s’arrête, on se retourne et on se demande à quel moment notre vie a bifurqué, à quelle fourche elle a choisi d’aller à droite plutôt qu’à gauche.

Une telle prise de conscience m’a frappé en plein milieu de l’Atlantique, il y a huit ans, et cet été, alors que je marchais sur une grève gaspésienne. J’étais là, adossé aux Chic-Chocs, humant le large comme un chien ivre à la fenêtre côté passager, et je remontais les ronds-points de ma vie passée, essayant d’identifier chaque coup de volant que j’avais (ou pas) donné. Je me demandais quand j’avais conclu que ma vie serait montréalaise, quelle courbe j’avais manquée pour n’être jamais venu en Gaspésie avant.

D’accord, j’étais touriste, je n’ai pas eu le temps de voir les fils qui régissent les comédiens ni ces chauffards qui conduisent trop vite sur le rang Thivierge, une bière tiède entre les jambes. Mais la proportion de cons n’est certes pas meilleure ni pire qu’à Montréal.

N’empêche que j’étais là, les deux pieds dans une eau froide qui n’a plus de fleuve que le nom sur la carte, à remonter le temps jusqu’au delà de moi, avant mes parents, et encore un peu plus loin. Et bref, si aujourd’hui je ne vis pas en Gaspésie, c’est un peu à cause d’une amibe de l’ère tertiaire, et beaucoup à cause de moi.

lundi 27 juin 2011

En Diagonale

Je sirote mon café au comptoir près de la fenêtre. Mon stylo arrêté imbibe lentement la page de son encre pendant que je scrute la vie passer au coin de la Couronne et Charest, intersection que les gens du coin, contrairement aux touristes, traversent en diagonale pour sauver du temps. J’essaie de ne pas avoir l’air trop voyeur, mais il est si rare que je puisse regarder la vie passer sans craindre que le petit dernier ne mange ce qui traine par terre que je m'en fous un peu.

Je fais donc le voyeur. J'observe les gens déambuler et je note les points d’interrogation qui surgissent : Y a-t-il encore des filles de 30 ans sans tatouage? Pourquoi est-il correct pour une femme de se teindre les cheveux et pas pour un homme? Pourquoi cette dame aux cheveux raisin méprise-t-elle du regard ces ados aux cheveux bleus? Quelle est la différence entre les seins tombants de ce vieil homme en bedaine et ceux que sa femme doit garder cachés sous sa blouse fleurie?

Près de moi, un jeune qui pavane ses boxers de couleur louche, la ceinture de ses jeans en bas des fesses, me regarde écrire l’air de dire «Tu perds ton temps, crétin.» J’aurais le goût de lui répondre que ma ceinture, je la porte à la taille, et que j’ai écrit un livre à temps «perdu», moi monsieur...
Merde, méchante réplique de vieux con.

Et il me dirait quoi? Qu’écrire un livre ne prouve pas que je n’ai pas perdu mon temps?

Et que pourrais-je répondre?

Que... euh…

Wow. C'est rendu que même dans les discussions que j’invente, je n’ai plus le dernier mot.

J’ai perdu la main.

jeudi 9 juin 2011

Le temps qui ne passe pas.


Un soir, à l’école secondaire que je fréquentais, des retrouvailles ont eu lieu. Un tas d’adultes bedonnants, parfois chauves, souvent grisonnants, se sont rassemblés au son de la musique qu’ils écoutaient quand ils avaient mon âge. Plate comme je vous dis pas.

Je les regardais arriver au volant de leur grosse voiture en riant comme des enfants en cravate, incapable de voir en eux l’adolescent que j’étais. Ils se retrouvaient en se serrant chaleureusement la main, en se parlant comme s’ils s’étaient vus la veille, comme si 25 ans ne s’étaient pas écoulés depuis leurs derniers échanges, puis ils se parlaient de leurs enfants, de leur business, de leur divorce en s’échangeant des cartes d’affaire. Du haut de mes 16 ans, je ne pouvais voir le jour où ce serait mon tour. À cet âge, 30 ans est le troisième âge, alors 41…

Ces gens-là, ces dinosaures scolaires, avaient quitté l’école où j’allais en 1961. C’était en 1986. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts (et c’était à Saint-Jean-sur-Richelieu alors quand je dis beaucoup d’eau, c’est beaucoup d’eau). Il y a eu tous ces événements qui modèlent un être humain unique, qui ont fait de moi quelqu’un de différent de celui que j’étais.

Puis ce fut notre tour. Nos retrouvailles. 25 ans après la fin du secondaire. J’avais hâte sans trop savoir pourquoi. Pour revoir des amis perdus de vue depuis, pour voir ce qu’ils sont devenus, pour retrouver, en 2011, une bulle de 1986.

On s’était quittés à vélo, on s’est retrouvés en Dodge Caravan. Untel avait grossi comme ça se peut pas, l’autre avait perdu tous ses cheveux, cette autre était méconnaissable dans sa robe de matante, mais on se reconnaissait tous sans problème! Le même humour, les mêmes expressions, les mêmes goûts, les chiants étaient encore chiants, les drôles encore drôles. Rien n’avait changé, sinon l’enveloppe (et le chèque de paie). Dehors passaient des ados le regard rempli de cette certitude que jamais, jamais ils ne seraient aussi pathétiques que nous en ce moment.

Je nous ai regardés danser, balourds, sur Beds are Burning, comme si les 25 dernières années n’étaient jamais passées sur nos vies, et c’est là que j’ai eu un doute. Comment peut-on avoir vécu 25 ans sans changer pour la peine? Tout serait-il déjà dessiné à 16 ans? La chorégraphie se modifie, le rythme ralentit, mais les paroles de la chanson ne changeraient pas?

Ça me rassure et me donne le vertige en même temps.

mardi 7 juin 2011

Mitre et Réalité

Moi: «Regarde, c'est papa quand il avait 10 ans.»
Ma fille (5 ans): «Pourquoi tu es allé voir le cuisinier?»

mercredi 1 juin 2011

Silence Radio


- Blog control to captain Dan.
- ...

- Blog control to captain Dan. Ici Whitney Houston. Vous nous entendez? How will I know? *
- ...

***


Lors de la publication de mon recueil, le milieu du livre s’est ouvert à moi. Critiques, salons, entrevues, j’arrivais en courant et j’avais hâte à tout cela. On avait pris soin de me prévenir que la page n’était pas rose tous les jours pour les jeunauteurs, ce dont je me riais bien à l'époque (Ah! cette jeunesse insouciante!)

Les séances de signature – souvent des séances d’humilité, surtout quand on signe entre Marie Laberge et Dany Laferrière - et les quelques entrevues accordées furent généralement sympathiques – surtout celle avec Christine Lamer, femme charmante.

La déception est principalement venue de moi. Je me suis vite rendu compte que j’étais peu doué pour le «small talk» de signature de salon et un piètre interviewé : incapable de prévoir les questions (enfin, celle que je prévoyais n’étais jamais posées), je bafouillais des réponses un peu à côté de la plaque. Je me suis même surpris à m'écouter et à me dire : «mais que tu es ennuyant!!!» Bref, ce moi qui avais hâte aux entrevues, à la rencontre avec mes lecteurs, etc., ce moi là m’emmerdais profondément.

Le blog en a aussi pris pour son rhume. Bien malgré moi, l’édition du livre a marqué quelque chose comme la fin d’un cycle, comme si dès la première publication de 2004, l’objectif était le recueil. L'«objectif» atteint, d’autres projets auraient pu espérer un peu d’attention, mais le clavier ne me parlait plus. Je n'avais plus la touche.

Cependant, qui dit fin d’un cycle dit début d’un autre. Cet été, j’ai bien l’intention d’enfoncer les touches de force, de m’imposer des heures d’écriture entre les rénos de la salle de bain et ma quasi monoparentalité de juin (dame V. sera à l’extérieur de la ville pour une bonne partie du mois, me laissant seul avec flot et flotte).

***

- Blog control to captain Dan. Arrêtez de niaiser, captain Dan.
- Houston, ici captain Dan. Scusez. J'étais parti fumer une clope à l'extérieur. Mettez du bois dans la cheminée, je reviens chez nous.


***

Allez hop. Au boulot.

J’accepte vos dons de café, de gardiennage et de grilled cheese.

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* Cette blague, digne de mon ami Parick Dion, est dédiée aux vieux de 40 ans qui, comme moi, furent victimes des années 80.

mardi 1 mars 2011

Avec assurance

-       1 million ou 2?
-       1 ça devrait faire.
-       Franchise de 500$? 250$ Pas de franchise?
-       Je peux m’assurer sans franchise?
-      Oui. Mais c’est plus cher.
-       Pas si je peux vous raconter n'importe quoi, du genre j'ai 65 ans et je roule 50 km par année.
-       
-       Je rigole.
-       
-       Dans le sens de «sans franchise»…
-       
-       Dans le sens de «pas être franc»…
-       
-      Oui, bon. 500$
-       Et combien pour feu-vol-vandalisme?
-       Même affaire.
-       J’entre ces infos et je vous reviens.

(Note importante : quand un préposé vous met en attente de la sorte, il n’est pas rare qu’il puisse toujours vous entendre même si vous ne l’entendez pas. Un truc : Ne dites pas de méchancetés du genre «Quel idiot!» et faites semblant de parler à quelqu’un et dites tout bas à quel point vous avez un bon service et combien vous espérez payer de prime.
Exemple : (vous êtes en attente) Chérie?! Oui, je suis en attente, là. Le gars est parti calculer ma prime. Il est super fin!... L’autre compagnie m’a proposé 525$ (C’est faux, elle propose 580$, mais on est ratoureux). S'il me revient avec le même montant, je prends l’assurance avec lui.)

(attente…)

-       Monsieur Rondeau?
-       Oui?
-       J’ai calculé votre prime. Ce sera 598$. Mais vous mesurez combien, monsieur Rondeau?
-       1m72. Quand je me tiens droit.
-       Ça tombe bien, on offre justement un rabais de 75$ aux jeunes parents qui mesurent entre 1m70 et 1m75. Ça vous fait donc une prime de (il doit bien sûr faire l’équation à la calculette)… 523$.

(Qu’est-ce que je vous avais dit!?! In your face, assureur!)

-       Super! Je prends.
-       Vous préférez payer à tempérament?
-       Dois-je faire un test psychologique?
-       
-       Je rigole…
-       
-       pour évaluer mon tempérament…
-       
-       
-       
-       Oui, bon. Par tempérament.
-       Je m'assure du calcul final et je vous reviens.

     Chérie! J'ai pogné un méchant gars plate!

     (attente…)

-       Bon. Monsieur Rondeau? Vous m'avez dit que vous mesuriez 1m72, n'est-ce pas?
-       Oui.
-       C'est plate. Je me suis trompé. Le rabais s'adresse aux gens d'1m73 et plus...

vendredi 18 février 2011

Chacun son matin


Version du public

9h15     Le prof gare sa Volvo (vieux modèle, mais Volvo pareil) entre une BMW et une Audi sur une place de stationnement réservée;

9h17     Une collègue est debout près de son bureau. Elle sirote son café. Elle ne l’a pas attendu et elle parle toute seule depuis un moment de ses projets de vacances en repoussant d’un vague geste de la main les étudiants qui s’aventurent jusqu’au département;

10h18     Le prof ouvre la porte de son bureau, accroche son manteau et replace une à une les piles de feuilles sur son bureau en les tapotant un même nombre de fois chaque côté, compte les munitions de son pousse-mine et aligne ses 3 stylos rouges. Une fois cela fait, il contemple sa surface de travail en soupirant de satisfaction. 2 fois;

10h32     Il sirote son café (les profs sirotent beaucoup) et il sort un en-cas de son tiroir en écoutant «Par 4 Chemins» en baladodiffusion.


Version du prof

9h15     Je dois me garer entre une BMW et une Audi (qui appartiennent à des étudiants) au fond du stationnement et marcher 10 minutes sous la pluie pour me rendre à mon bureau;

9h17     3 étudiants m’attendent avec des questions (peu pertinentes) sur le devoir à remettre au cours de 13h.

9h18     J’ouvre mon bureau et en y entrant, je marche sur quelques travaux d’étudiants glissés sous la porte;

9h19     Je vais me chercher un café que je boirai à moitié en répondant à 3 courriels et en ignorant le téléphone qui sonne sans cesse.


La version réelle importe peu, je dirais.

mercredi 26 janvier 2011

De rien.

Mercredi. Journée sans collège, à ma mesure. Brubeck en prend 5 pendant que je sirote mon double. Connexion à 100, pile à 89, fonte à 10. La facture ne devrait pas dépasser les 6 $ et quand je sortirai, la neige qui tombe depuis ce matin fera à peine 2 ou 3 centimètres au sol. Et encore, c’est parce que les flocons sont tout gonflés de froid, comme ces coqs trop petits qui roulent exagérément du muscle pour intimider.

***

À la table d’à côté, un papa fait des blagues à sa fille atteinte de trisomie. Il faut voir tout l’amour qu’il a dans les yeux quand il la regarde…
Elle rit de bon cœur à mes grimaces.
On ne part pas tous sur la même ligne. Certains ne sont même pas dans la course. Et ils sourient plus que la plupart des autres qui courent, qui courent…

***

À un coin de rue de chez moi, un homme s’est pris une balle de policier la nuit dernière. Il a trop roulé de la mécanique. C’est le radio qui nous l’a appris, à ma fille et moi, alors que nous roulions doucement près des voitures de police sur le chemin de la garderie.
«C’est lui qui avait volé ton vélo, papa?»
Je rame un peu, elle réfléchit beaucoup.
«Il faut pas tuer les gens, hein papa? Même les voleurs?»
Ça en fera au moins une qui ne votera pas pour Harper cette année.

jeudi 13 janvier 2011

La nature est lente, mais le cueilleur est patient

Comme pour l'évolution de l'Homme, dans la vie amoureuse, il a des chasseurs et il y a des cueilleurs.

Généralement, le femmes préfèrent le charme, le bagou, les phéromones des chasseurs. Normal, ce sont là leurs appâts. 

Certains diront par paresse, je dirais par stratégie, je suis un cueilleur. Don Draper ne peut toutes les conquérir, et pendant qu'il astique ses charmes, je bois tranquille en rigolant.

jeudi 6 janvier 2011

Résolutions 2011 : Plus de faces, plus de «books» (aux 2 extrémités de la production), moins des 2 en même temps.

Premier «café au café» de l’année. 1 heure pour écrire sais pas quoi. Ça fait une éternité que j’ai pas fait ça.

Je suis au comptoir. Le service est toujours aussi n’importe quoi ici. Tu commandes 2 trucs, ils en oublient un à coup sûr. J’ai commandé en me demandant bien lequel du café ou du bagel ils oublieraient. J’ai parié sur la pâte.

Dans les haut-parleurs, Patrick Bruel me donne rendez-vous dans 10 ans, même jour, même heure, même port. Pourquoi ne fait-on pas plus souvent ce genre de rendez-vous? Le nombre de bons amis perdus que je retrouverais. Remarquez que j’en ai retrouvé quelques-uns avec Facebook. On a échangé quelques messages puis plus rien. Y en a bien 2 ou 3 qui semblent être restés trippants. Quelques uns aussi qui ont l’air de l’être devenus. Les autres? C’était des amis Facebook alors qu’Internet n’existait même pas, alors…

J’ai déjà bu la moitié de mon café et je n’ai pas encore vu la couleur du bagel. Encore 5 minutes et j’ai gagné mon pari.

J’ai des amis qui n’ont pas de compte Facebook ou Twitter. Ils prétendent qu’on ne peut rien dire en quelques mots (140 caractères sur Twitter). S’ils savaient. J’ai un «ami» qui a trois messages : «Beurk c lundi…», «C’est le nombril de la semaine, on lâche pas gang!» et «Yé! vendredi!!!» Il se répète chaque semaine. On pourrait croire qu’en effet, il ne dit rien. Moi je trouve que ça en dit beaucoup.

J’l’ai flushé.

Bon, ok, pas de bagel. Gagné. J’avais pas faim de toute manière.

J’vais aller l’écrire sur Twitter.