Je suis souvent le plus vieux de ceux avec qui je bois au bar alors qu'avant, ce plus vieux m'apparaissait pathos. «Moi à son âge, je serai ailleurs, pas encore là.» Mais ailleurs, c'est où? Ailleurs, est-ce vraiment plus confortable ou seulement rassurant?
Maintenant, je parle de bébés, de recettes faibles en gras et d'exercices pour abdominaux alors qu'avant, je ne voulais que refaire le monde à grands coups de champs d'agave;
C'est sans compter le fait que je me suis acheté une télé un peu trop grosse pour mon salon alors qu'avant ma 14 pouces était un symbole de résistance médio-consumériste; que mon divan n'a plus assez de support lombaire alors qu'avant je pouvais passer des jours et des nuits assis, couché, seul ou à deux, sur n'importe qu'elle merde; que draguer une fille de 18 ans m'apparaît immoral et que maintenant, le café m'empêche vraiment de dormir le soir.
Et je suis là à rêver de bébés comme si c'était une fin en soi alors que, pour paraphraser mon ami G., on oublie que les bébés ne sont là que pour nous remplacer. Sans compter le fait qu'aujourd'hui je fais tous ces constats sans révolte. Zen.
Pas de nostalgie ici. Juste cette délivrante abdication devant la force de cette vie qu'on passe des années à regarder par en dessous comme on regarde un ennemi, à lui cracher à la figure parce qu'on est intouchable, qu'elle est éternelle.
Pas de nostalgie. Juste la fin de l'éternité.
Mon éternité a duré 35 ans. C'est pas mal plus que celle de bien des gens.
Et l'acceptation de vieillir m'empêchera pas de regarder des Six Feet Under avec ma blonde en buvant du vin rouge à même la bouteille.
Je t'aime!
RépondreEffacerLe problème avec l'éternité, c'est qu'on a toujours l'impression de courir après.
RépondreEffacerLe problème avec les bébés, c'est qu'on court toujours après !
RépondreEffacerLe problème avec l'éternité, c'est que vers la fin on commence à trouver ça long...
RépondreEffacerLe problème avec les bébés, c'est que vers l'adolescence, ils ont l'air d'avoir les bras trop longs...
:-p