On a d’abord dit le mot tsunami. On a ensuite raconté la mer qui se retire, puis la vague, ce mur qui ravage tout. Puis le retrait, puis un autre mur, comme une lente respiration. Puis des morts qu’on dénombre à chaque jour dans les journaux, en épelant le chiffre à l’envers, comme à toutes les 15 minutes dans un téléthon. 0 - 0 - 0 - 5 et... raraaaaaaaa 9!! 95000!! Lors de grandes catastrophes, les gens savent mourir au millier près.
Puis on a vu les images. Décevantes. Il faisait beau, pas de vent pas de terre qui bougeait. Puis la vague est arrivée. Ça, un mur? Depuis mon sofa, il me semblait que j’avais vu pire à Tadoussac, entre 2 bélugas. Mes attentes hollywoodiennes étaient déçues. Ça? 95000 morts? Ben voyons...
Puis j’ai imaginé cette eau trop abondante pour n’importe quel barrage, qui transformait les maisons et les chambres d’hôtels en autant d’aquariums funestes, ne laissant même pas quelques centimètres d’air au plafond. Et dans les rues, des enfants trop faibles, des voitures trop lourdes, des yeux qui rêvaient encore il y a quelques minutes. Pourtant, il faisait encore beau, il faisait toujours soleil. La vie est un tyran perfide qui coupe les jambes pendant qu’il masse les dos avec le sourire.
Puis j’ai pensé à ma rue, à ma ville. Combien d’âmes se noient tranquillement dans des chambres d’hôtel pendant que le soleil me bronze? Combien de corps se compriment doucement pendant que je bois ma pinte de rousse? Combien de coeurs cessent de battre en regardant le bleu d’un ciel trop haut?
Combien?
Même au millier près, je ne sais pas.
Tout ce que je sais, c'est que le chiffre sera plus grand demain.
Et qu'il fera beau.
Tu sais..
RépondreEffacerMême au bout de tout, quand l'homme aura été
(ou se sera)nettoyé de la planète...
il fera beau encore....
la vie fuit
RépondreEffacerle désordre guette
attend le moment
propice
pour sourire
avant de
il fera beau
toujours au futur
Ça fait peur quand on s'arrête pour y penser. Ça fait mal quand on en devient conscient. Ça doit expliquer pourquoi il y a tant d'aveugles qui voient.
RépondreEffacerTouchant.
RépondreEffacerTrès touchant. Ceci dit je suis passé de Grégaire à Gargantua, et j'aimerais bien que tu m'expliques ce qui m'échappe chez Rabelais.Étant bien plus cultivé que moi en ces domaines littéraires peut-être peux-tu me donner la clé...
RépondreEffacerUne catastrophe en direct à la télé. Les secours s'organisent, on envoie de l'argent, des vivres, du matériel logistique...
RépondreEffacerÀ chaque fois ça me fait prendre conscience que chez nous, bien qu'il fasse un peu froid, il fait toujours beau.
On déplore la petite vieille morte pendant le verglas alors que là-bas, des milliers de cadavres pourrissent au soleil.
Ici, la charrue ramasse la neige, pas les humains.
Beau texte.
RépondreEffacerJe reviendrai souvent...
RépondreEffacerYves
« La vie est un tyran perfide qui coupe les jambes pendant qu’il masse les dos avec le sourire. » Ouais, quelle image !
RépondreEffacerÀ propos, j'ai déjà posté quelques fois ici, toujours anonymement, mais je ne parviens pas à m'inscrire, y a aucun bouton de validation qui apparaît en nulle part en bas de formulaire. Ou alors je suis aveugle. Sinon j'y aurais créé mon blogue. En tout cas, j'aime bien passer faire un tour ici.
Cathy
http://spheroide.joueb.com
"C'est pas l'homme qui prend la Mer, c'est la Mer qui prend l'homme "(Renaud)
RépondreEffacerMême dans un cinq étoiles, même quand il fait beau, même pendant que l'Afrique continue de couler...parole(s) de beau-frère...