Ce matin, Madeleine s’est enchaînée à la tuyauterie du sous-sol pour ensuite avaler la clé. À la grosseur de la chaîne, ils devraient couper le tuyau au chalumeau. Ils, c’étaient les soldats de son pays, ceux qui jusqu’ici étaient des alliés, des amis, des frères. Ces traîtres viendraient ce soir ou demain l’expulser de sa maison comme on arrache un enfant en pleurs au cadavre de sa mère. Partout dans les journaux, on parlait d’évacuation, terme qu’on réserve habituellement aux eaux usées et aux victimes d’une tempête, d’une inondation, d’une soudaine crue. Sauf que cette crue était
Madeleine ne comprenait rien. Comment pouvait-on passer de victime à bourreau en vivant simplement dans une maison? C’était Ariel lui-même qui lui en avait donné les clés. Et Ismaël, l’autrefois bel idéaliste Ismaël, le maintenant austère et hostile Ismaël, de lui demander en écumant où il était aujourd’hui, son Ariel? Madeleine est parvenu à l’apaiser en lui promettant qu’elle et lui seraient les derniers à partir de la colonie, ceux qui appuyeraient sur l’interrupteur.
Ce soir, les soldats sont venus, tranquilles. Ils ont parlé à Madeleine, doucement, comme on parle à une vieille tante affaiblie sur son lit d’hôpital. Madeleine pleurait alors qu’Ismaël lançait des points d’interrogation acides comme d’autres avaient jadis lancé des
Les soldats n’ont pas eu à découper les tuyaux, ils savaient où la chaîne avait sa faiblesse. Madeleine et Ismaël sont sortis debouts, dignes, déchus. Sur le pas de
Et la lumière s’est allumée.
Mazel tov!
RépondreEffacerEn plein dans le mille, Dan. À la fois actuel et touchant.
Merci.