Suite à mon dernier billet, plusieurs lecteurs éplorés m’ont prié d’éclaircir certaines expressions. Sous cette pluie de courriels, une lumière au bout du tunnel de ma mission sur cette planète s’est allumée : Daniel, éclaire la langue de tes pairs! C’est avec cet objectif en bouche que je poursuis ici mes chroniques De quessé ce que tu dis? C’est rien, ça me fait plaisir, vous me remercierez plus tard.
Parmi la pléthore de missives reçues, une a retenu mon attention. Elle est signée Gabrielle et je vous la lis de ce pas décidé et plein d’assurance qu’est le mien (bon, d’accord, je vous la transcrits, parce que ce blogue m’impose des limites dans lesquels j’hésite rarement à ruer):
Cher gourou de la langue,
Je vous lis depuis huit ans et toujours je vous trouve génial, articulé, (bla, bla, j’en passe, parce que hein, j’aurais l’air de me vanter de même…)
Je me demandais si vous ne pourriez éclairer ma lanterne car ma chandelle est morte et je n’ai plus de feu au sujet de l’expression Lâche pas la patate.
Merci, très cher (bla, bla…)
Signé : Philippe (Gabrielle était sûrement trop timide pour mettre son vrai nom, mais je l’ai reconnue).
N’est-ce-t-il pas triste? Ce candide besoin d’aide ne vous arrache-t-il pas l’alarme? Moi si, et c’est en essuyant les perles de tristesse sous mes yeux rageurs que je que je fonce dans l’ignorance dans le but de la déstabiliser.
Si mon souvenir est bon, c’est à Marieville en 1745, lors de la première rencontre des Chevaliers de Colomb, que l’expression naquit, non sans douleur. Lors de cette rencontre, l’idée d’initier les nouveaux membres germa dans l’esprit lucide de ces petits frères de l’Opus Dei et ces lointains cousins des Tailleurs de pierre et des Bisons des prairies (groupuscules érudits dont on peut voir les caricatures-hommages dans les Simpson et les Pierrafeu).
Pendant la suite d’épreuves qui composaient l’initiation proposée, les désireux pré-comlombiens devaient : traverser sans respirer le ruisseau Saint-Louis à son endroit le plus large (soit près de la rue Dupont, où il mesurait près de 13 coudées de large), attraper une famille de rats musqués avec les dents, le corps couvert de goudron et de plumes, courir nu toute une nuit devant le couvent des sœurs grises un soir de moustiques, et se nourrir pendant deux semaines de cette fameuse tourte steak et blé d’inde… sans patates! Pas à dire, on savait s’amuser à l’époque! Mais pour rendre le tout plus difficile, on devait garder en main une patate durant toute la durée de l’épreuve et la rendre intacte au jury à la fin. Il fallait voir le village entier crier aux preux wannabes: «Lâche pas la patate, et escoue tes vieilles pattes!» Notre folklorique langage ne garda de cette époque que le début de ces encouragements.
Ah! Juste d’imaginer la scène me rend nostalgique…
Les rares qui réussissaient l’épreuve devenaient illico Chevaliers de Colomb et, le meilleur de la flopée obtenait le titre de roi et le droit d’installer une roulotte en bordure de la route. Encore aujourd’hui, on peut voir des traces de cette histoire de cheu-nous en moult villages, où il reste quelques vaillants chevaliers pour garder à flots leur roulotte avec cet écriteau sur le toit : Le Roi de la patate.
D’ailleurs, pour confirmer les liens que les esprits les plus éveillés parmi les vôtres ont pu discerner avec l’Opus Dei, les Chevaliers de Colomb ont aussi leur Da Vinci Code qui livre un message secret. Les premières lettres de chaque chapitre du livre Salut Galarneau! forment l’expression «Le roi du hot dog», mais personne n'est dupe, c'est bien des Chevaliers de Colomb dont il est question de! Comme quoi, hein.
As-tu forcé à ce point pour encourager ta dame à accoucher que des synapses se sont touchés ou tu manques juste de sommeil?
RépondreEffacerCeci dit...
Être boutonné(e) en jalouse?
Avec une épreuve aussi ridicule, surprenant qu'ils ne se soient pas appelés les Chevaliers colons à la place !
RépondreEffacerDis Gab, comment t'as fait pour le lire depuis 8 ans ? Je cherche encore le département des archives moi !
Merci pour ces explications. De mon côté j'ai tenté de lister anglicismes québécois et anglicismes français sur mon blog. Je serais bien heureuse d'avoir l'avis d'un linguiste québécois.
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