En bas de l’escalier, sur le bord du trottoir, attend ma moto, ce petit bout d’insensé, de semblant d’indépendance, d’éternelle adolescence sur des voies asphaltées toutes tracées et planes, entre les lignes blanches qui s’écalent par bouts. La moto attend que j’aie quelques minutes pour une odeur d’ancienne vie. J’ai une moto depuis mes 18 ans, moi qui ai, comme Dalida, deux fois cela aujourd’hui.
Ma moto attend, car j’ai le temps libre abondant et rare à la fois, car le siège arrière n’est plus suffisant depuis deux mois, car la menace des pare-chocs est devenue tangible, car même Superman se casse le cou. En attendant, elle ne requiert presque rien : que je huile la chaîne au mois, que j’éloigne les araignées souvent, que je parte le moteur quelques fois pour garder chargée la batterie de ma fausse liberté.
Dimanche soir, on m’appelle. Invitation pour quelques heures entre amis, entre volutes, rires et houblon. Dame V. m’assure que tout est sous contrôle, que le père peut jouer les ados quelques heures, à condition de ne pas sentir le fond de tonne au boire du matin. J’embrasse femme et enfant, prend cuir et casque pour ensuite enfourcher ma moto. Je glisse la clé dans le contact, je tire le levier d’embrayage, et pour quitter la terre, comme Bardot, j’appuie sur le starter…
Rien.
Je refais le manège clé, neutre, embrayage, starter…
Re-rien.
Dimanche soir, un bout de mon ancienne vie qui ne requérait pourtant qu’un coup de gaz une fois de temps en temps avait la batterie à terre.
C'est comme dire que ta liberté avait perdu de son panache.
RépondreEffacerSi je comprends bien, t'as perdu une partie de ta liberté d'adolescence ET une partie de ton argent au poker le même soir...
RépondreEffacerHonnn! c'est pas drôle de vieillir, hein?
Ceci dit, sens-toi libre de revenir quand tu veux...
La liberté, c'est comme pour n'importe quelle job : cent fois sur le métier remettre son ouvrage...
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