En tant que parent, on souhaite à nos enfants épanouissement, autonomie et bonheur, et la première grande épreuve de cette piste d’hébertisme qu’est la vie est arrivée vendredi matin : la première journée complète de garderie.
Sur le chemin vers son calvaire, j’expliquais à ma fille le pourquoi du quoi de la garderie avec une intonation digne de Passe-Montagne. Après tout, ma fille n’a que quinze mois et que très peu de mots avec lesquels partager son désarroi.
Elle avait beau cueillir des fleurs et courir après les chiens, je n’étais pas rassuré. On m’avait raconté des histoires d’horreur sur les premiers jours de garderie: des garçons qui pleuraient des heures durant au départ de leur mère, des fillettes qui boudaient leur père pendant des jours en représailles à l’abandon ressenti. Personne ne m'avait parlé de suicide ou de mutilation, mais je n'étais pas dupe et me doutais bien qu'on me cachait des choses...
À la garderie, ma fille m’a traîné jusqu’à la salle de jeu où elle est entrée les bras au ciel en s’exclamant de son traditionnel «C’est beau!» (Allez savoir pourquoi, ma fille ne dit ni maman ni papa ni même caca, elle dit «C’est beau!» pour tout, surtout pour les arbres. On écoute peut-être trop de Richard Desjardins…)
J’ai joué avec elle quelques minutes, le temps qu’elle prenne le pouls de la place, puis profitant d’un moment où elle avait l’air particulièrement absorbée et heureuse, je lui ai dit au revoir, je l’ai embrassée et je lui ai promis de revenir vite vite vite. Alors que j’étais sur le pas de la porte, elle m’a souri et m’a fait son salut de reine qui parade avant de retourner à ses jouets…
La porte de la garderie s’est refermée derrière moi avec un petit bruit qui rappelait le son d’une pince qui coupe un filin métallique.
C’est un père fier de sa fille qui a marché vers la maison ce matin-là.
C’est aussi un père qui n’avouera jamais, même sous la torture (menfin, bon, ouais, il le fait ici…), qu’il aurait aimé, quelque part dans le très fond de lui, que sa fille le retienne un peu, juste un peu, en lui tirant une jambe du pantalon…
Mon bel amour, je t'aime. XXX
RépondreEffacerDame V qui avoue, sans torture, elle aussi!
Gros Joe G. vous dit, lui, que non, vous ne voulez pas qu'elle vous déchire l'intérieur de ses pleurs d'actrice professionnelle...
RépondreEffacer:O)
Peut-être que justement elle te disait simplement merci de m'avoir amenée jusqu'ici à mon rythme de princesse qui grandit...
RépondreEffaceravec dans sa tête bien en place tous les instants partagés avec des parents qui auront pris du temps pour elle, pour eux.
C'est tout simplement beau et tendre, Daniel.
RépondreEffacerma mère raconte souvent cette anecdote: la petite Erika, 2 ans et demi, devant la grille de l'école maternelle, le jour de la rentrée dit avec impatience "dis maman, c'est quand qu'elle ouvre la porte? dis maman, c'est quand?!"
je comprends aujourd'hui,grâce à tes mots et à ta puce, que derrière le rire et la fierté de ma mère de me voir si autonome, il y avait aussi la tristesse de me voir grandir et m'éloigner sans trop de regrets.
Une note qui vaut le détour. Merci. Ta fille sera toujours ta fille.
RépondreEffacerMerci pour ce beau billet si touchant. J'adore lire de telle témoignage de paternité. Elle est gâtée ta petite princesse.
RépondreEffacerDaniel, dis-moi que tu n'es pas rendu autonomiste...
RépondreEffacer