La nouvelle ne l'est déjà plus et les jeux de mots les plus faciles qu'elle a inspirés ont tous été faits, alors la mise en situation sera rapide: Guy Laliberté se paye un voyage dans l'espace et tout le monde a son avis sur la question. Les blogueurs et les chroniqueurs de tout acabit se déchainent. Les avis sont partagés : certains y perçoivent là une contradiction avec ses œuvres humanitaires (dont One Drop) alors que d'autres n'y voient qu'une aventure inoffensive d'un milliardaire excentrique ou mieux, une sorte de résidence pour création.
J'ai beau essayer de raisonner, je ne sais pas quoi penser de cette non-nouvelle
Tout d'abord, je tiens à souligner que je n'ai rien pour les voyages spatiaux (ces missions trop souvent militaires qu'on cache sous une cape de recherche scientifique supposément essentielle à l'humanité) et que je n'ai rien contre Guy Laliberté. Le gars est riche et ressemble à Patrick Dion ? Grand bien lui fasse. En fait, pour être honnête, je m'en fous pas mal. Mais bon, on jase... Alors jasons.
A priori, il n'y a rien de méchant dans le voyage spatial de Laliberté, si ce n'est qu'il semble en contradiction avec ses œuvres humanitaires. Ce qui me surprend, c'est qu'il y en ait qui s'en surprennent : je ne connais pas d'environnementaliste qui ne commet de gestes qui vont à l'encontre de ses sermons. Ceux de Laliberté ne sont qu'à sa mesure.
N'empêche que plusieurs critiquent le geste, et plusieurs personnes le défendent.
De ce que j'ai lu ici et là, voici les 2 principaux arguments de la défense :
1- C'est son argent, il peut en faire ce qu'il veut.
Vrai. Sauf que cet argument appliqué à tout un chacun mène là où on est rendu aujourd'hui. On a l'argent, on achète ce qu'on veut, la planète se meurt.
2- La fusée décollera avec ou sans lui.
Vrai aussi. Même chose avec les Hummer, les couches jetables et le Cheez Whiz : si ce n'est pas moi qui l'achète, quelqu'un d'autre le fera. En choisissant de payer son voyage en fusée, il envoie un message clair : il y a des gens riches prêts à payer le gros prix pour aller dans l'espace. Et pas seulement un : il y en a un tas de millionnaires. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'on voie apparaître des vols spatiaux strictement touristiques et des forfaits «ne payez avant 2020».
Il demeure toutefois difficile de condamner Laliberté. Combien d'entre nous résisterions à l'appel d'une telle aventure si nous pouvions nous le permettre ?
Mais là où le débat devient plus intéressant, selon moi, est quand on le ramène à notre échelle.
On remplace la fusée par l'avion.
On remplace les millions par quelques milliers de dollars.
On garde l'état environnemental actuel.
Alors...
Peut-on permettre à tous ceux qui ont l'argent de voyager autant de fois par année qu'ils le veulent ?
Oui, les voyages instruisent et enrichissent. Mais le trafic aérien est, notons-le, une des importantes sources de pollution. Ce dernier émettait, en 2000, autant de gaz à effet de serre que la France entière. Bientôt, ce sera l'équivalent d'un pays pas mal plus gros...
En cette époque où l'Inde et la Chine auront bientôt les moyens de voyager en masse, où le réchauffement de la planète est à l'aube de menacer l'existence humaine, ces questions méritent d'être posées. Et j'ai bien peur que dans l'état actuel des choses, la réponse sensée quant à l'utilisation des avions et des fusées ne plaira à personne, même à moi qui ai fait ma part de voyages et qui espère bien en faire quelques autres avant ma mort.
Cependant, parions qu'aucune mesure ne sera prise parce qu'il y a et aura toujours les deux arguments ci-haut.
Merci de mettre ce point final, même s'il ne l'est pas, finalement...
RépondreEffacerComme une boule en suspens.
Moi, ça ne me dirait rien d'aller dans l'espace, j'ai le vertige, mais je ne sais pas ce que je ferais si j'étais riche. D'ailleurs, plus ça va et moins je sais et moins j'ai d'avis sur les choses... dimanche en France, on a des élections européennes, et je ne sais pas pour qui je vais voter. C'est grave. Je trouve. En tout cas, s'appeler Liberté c'est joli. Moi je m'appelle prison en espagnol. Ca y est, j'ai lu tous les billets de ton blog et j'ai adoré.
RépondreEffacerY est chanceux de me ressembler comme ça non. S'il pouvait au moins être aussi jeune et charmant. Pas d'accord pour le Hummer (en douterais-tu?). On parle d'une grappe de voyages comparativement à des achats de véhicules par dizaine de milliers. Et c'est pas la pollution qui empêchera GM de produire ses mastodontes (c'est la faillite! mouahaha). C'est le fait que personne n'en achètera parce qu'au prix du baril de pétrole, ils n'auront plus d'argent pour le faire rouler.
RépondreEffacerMais comme je le disais à quelqu'un, tout est dans l'oeil de celui qui voit. Pour un africain qui crève de soif, il est indécent de chier dans de l'eau propre.
Ben voilà. Un billet qui a du bon sens. Seulement, ce qui me hérisse le poil de jambe, c'est le paravent écolo derrière lequel il se carapate, cette étiquette, ce passe-droit brandi comme une bannière immaculée. C'est comme prendre un bon gros char bien polluant en solo pour aller à une manifestation écologique. Ça me dérange...
RépondreEffacerMais moi-même, je ne suis pas parfaite. Et je n'essaie même pas de le faire croire.
très beau billet.
RépondreEffacerMalheureusement la seule vrai raison derrière se voyage est : diminué sa fortune personnel pour s'en faire enlever le moins possible par son ex-femme. C'est triste d'essayer de trouver des raisons écologique derrière tout ça.