Pour le collectif Coïtus impromptus
Sous le faisceau de lumière du réverbère, il commence à faire froid et les passants, rares. Ma montre indique tard. Je suis bien décidé pour une petite dernière avant de me coucher. Un dernier flash. J’espère que quelqu’un arrivera vite; je suis fatigué, et j’ai les couilles qui me rentrent dans le ventre de froid sous mon imperméable.
Dans le journal du quartier, on me surnomme Stan et on dit que j'oeuvre depuis quelque temps. En réalité, j’ai commencé à me montrer nu en public à la maternelle. De même, sans raison. Allez pouf! on baisse le pantalon. Tout le monde m’avait regardé, et l’éducatrice avait ri de malaise en me rabrouant maladroitement, pour la forme. J’avais bien aimé l'effet, alors j’ai continué, espaçant habilement mes frasques pour ne pas être inquiété par mes professeurs. Mais arrivait invariablement un jour où ils me regardaient du coin des yeux, suspicieux et vaguement inquiets. C’est que c’est mal vu de se montrer la besace au vent. Puis mon père était transféré de base militaire, comme à tous les deux ans. Chaque déménagement me donnait une réputation toute vierge à étrenner, et elle n’a eu aucun mal à survivre à mes expositions durant mon adolescence. Puis à dix-sept ans, ce fut les bars. Sifflé, applaudi, flatté, payé pour ouvrir mon costume d'indien, de pirate ou de pompier. Le bonheur. Puis le temps a amené des plus jeunes, des plus jolis. Sur scène, j’avais beau y mettre toute mon énergie, la recette était trop simple pour que l’expérience soit un réel atout. Les yeux se tournaient vers les nouveaux éphèbes percés et épilés qui fréquentaient les universités et les disquaires sans être dépaysés. J’ai rapidement été relégué aux mardis après-midi spécial-has-been pendant quelque temps. Puis les tenanciers ont cessé de m’ouvrir leurs portes, même quand je frappais longtemps. Je suis retombé dans l’anonymat.
J’ai naïvement cru avoir étanché une part importante de ma soif. Mais la soif est un système gravitationnel jamais longtemps assouvi et qui tire à bien des bassesses, et c’est l’âme desséchée que j’ai cherché des réverbères un peu à l’écart, avec beaucoup de zones sombres autour, pour donner des versions abrégées de mes spectacles entre deux pans d’imper. Cliché peut-être, efficace toujours.
Cependant, on se fatigue de tout et dans la poche droite de mon imper, j’ai la main sur un revolver. Pour un dernier flash. Question d’aller me faire voir ailleurs. D’ailleurs, je dois vous quitter, j’entends des pas qui s’approchent dans l’allée...
Daniel, t'as vraiment rien compris.
RépondreEffacerT'es supposé raconter des histoires joyeuses pour que les gens disent: " Merci, tu galvanises mon matin d'une petite gaieté qui se prend bien".
mais autrement, c'était bien.
Ben... Ça vous ravigote pas un matin, ça? Pffff... Vous êtes exigeants...
RépondreEffacerhâte de lire votre entrée au prochain lancement semaine 16;)
RépondreEffacerEt que dire de la sortie!
RépondreEffacerJ'me-Comprends Rosenburger