dimanche 30 juillet 2006

Attention, je vous écoute...

Alors qu'il mettait la touche finale à un plat digne d'un grand restaurant:
«Il ne reste qu'une lime. Va falloir rationaliser...»
Guillaume Vigneault

vendredi 28 juillet 2006

Suite et fin de l'aventure

Après enquête (j'ai mis tous mes hommes sur le dossier), c'est en face d'un python royal que nous sommes tombés plus tôt cette semaine. Adulte, il atteint une taille de 1m20 à 1m50. Il semblerait que la bête soit gentille, mais n'en demeure qu'elle tue, par constriction, des proies aussi grosses que des lapins. Et comme ma fille est un belette...

Voici, la branche en moins, l'allure de notre visiteur:


La prochaine fois, j'appelle Brisebois, consulte Wikipédia et prends un scotch avant de sortir la pelle... Haaaaa... Et puis non, je sors la pelle PUIS j'appelle Brisebois pour le scotch.

mercredi 26 juillet 2006

Le Dr Dolittle et la brique

Lundi soir. On revenait d’une visite rustique et familiale les bras chargés de couches, de biberons et d’autres accessoires devenus indispensables. À travers les sacs, je trouve deux doigts libres pour déverrouiller la porte d’entrée puis je dépose la petite endormie dans sa banquette amovible à l’intérieur du portique, le temps de dépaqueter la voiture, de ranger les vêtements, et – profitons du sommeil profond – d’appeler mes parents pour planifier la visite du lendemain. Pendant que je discute au téléphone, la petite ronfle presque dans son siège déposé à même le sol. Entre les bla bla, je regarde la chatte s’en approcher, étrangement craintive. Intrigant; ce n’est pas dans ses habitudes de craindre le belette, surtout quand elle dort. Puis je réalise que la chatte ne regarde pas la petite, mais quelques dizaines de centimètres derrière, le long du mur de l’entrée… Un serpent!

Je bafouille un truc à ma mère, raccroche avec une promesse inintelligible de rappel, et explique du mieux que je le peux la situation à Dame V. qui, dans la pièce à côté, a le réflexe de déplacer le siège de la petite vers Tombouctou pendant que je réussis à piéger la bête de près d’un mètre cinquante entre les deux portes de l’entrée. Comment…?

Soudain, j’y pense : mon voisin du haut, le charmant musicien sans local de pratique autre que son salon au dessus du mien, possède des boas. Un se serait échappé de son vivarium pour se faufiler dans un trou puis ressortir par un joint mal foutu dans mon portique, un étage plus bas. Heureusement que le voisin en question est parti pour l’été car ce soir, il mangerait du boa pilé.

Mais ça ne réglait pas notre problème. Comment se manipule cet animal qui, au plus épais de son corps, a la circonférence de mon poignet? Ma conscience et la semi maîtrise de la menace m’interdisait l’usage de la brique ou de la pelle. Après un appel et quelques minutes d’attente sont arrivés deux policiers que j’ai accueillis en sortant par la fenêtre de chambre; monsieur SPCA devait suivre sous peu. Les deux constables étaient bien impressionnés par la bête que l’on voyait se pavaner par la fenêtre de la porte; ils blaguaient, se faisaient rassurants, mais malgré leur taille, les gants, les vestes pare-balles et les matraques, aucun d’eux ne se portait volontaire pour jouer les Dr. Dolittle. Finalement, c’est à l’aide d’un lasso à chien, d’un sac à ordures, d’une boîte de carton et d’un rouleau complet de ruban pour scènes de crime que la bête fut maîtrisée, emprisonnée, emballée. Monsieur SPCA n’a eu qu’à ramasser le paquet.

Avant de partir, les policiers sont allés s’assurer que les autres reptiles dudit voisin étaient toujours dans leur cage et, en effet, la grille refermant la plus grosse de toutes était béate.

Depuis, Dame V. et moi oscillons entre le rire du loufoque de la situation et les envies de meurtre. Et si le boa s’était retrouvé dans le lit de la petite? Et si nous lui avions marché sur la queue cette nuit? Et si…

J’ai réussi à apaiser Dame V., qui dort en ce moment. Moi, j’ai joué tout cela «à la cool», mais plusieurs heures plus tard, en ce moment, l’adrénaline me tient toujours réveillé…

Près de la porte, je garde maintenant une brique. Pour le voisin.

lundi 24 juillet 2006

Les Enfants riches et le clown

Je viens de passer la dernière semaine un peu à l’écart, question de retrouver ma nature propre en bonne compagnie. Avec une Dame V détendue, une petite saoule d’air des bois, des amis au rire facile et au nez dans les bouquins de vacances. Ensemble on passait nos journées à regarder les familles de canards nager devant nous, nos soupers à trinquer à la vie, nos soirées tamisées à jouer aux cartes dans un chalet plus grand que tous les appartements où j’ai habité depuis 15 ans réunis.

Sur le lac, des enfants riches tournaient en rond en monoski ou sur des tubes dignes de parcs d’attractions, tirés par des bateaux de 75 000$ qui consomment plus d’essence que le Centre Bell de bière, pendant que tranquillement, même loin d’eux, leurs vagues grugeaient la berge. Ces mêmes enfants riches qui, jumelés sous les parasols, jasaient force de moteur, valeur de propriété et revenus boursiers en scrutant l’horizon comme des visionnaires. Je ne pouvais m’empêcher de penser que selon la société qui m’entoure, ils représentent la réussite. Soupirs. Je n’appartiens pas au même monde et je vis très bien avec ce constat. Cette semaine, par mimétisme je suppose, j’ai pourtant un peu essayé; je n’ai réussi qu’à perdre mes lunettes dans le fond du lac, à blesser mon orgueil en tombant constamment de mes skis nautiques, à m’écraser le cartilage des genoux sur un trampoline extérieur et à me briser la dernière phalange du petit doigt en jonglant avec des boules de pétanque pour faire rigoler des enfants. Dans un cirque, je serais le clown avec le feu au cul.

Mais le matin du dernier jour, sur le miroir du lac aux aurores, entre deux bancs de brouillard, est passé une chaloupe. Je pouvais entendre l’effort du bois sous chaque coup de rames. Au centre de la baie aux canards devant notre chalet, le marin d’eau douce s’est arrêté pour souffler un peu, pour humer le calme, pour savourer la fraîcheur, Quand il m’a vu debout sur le quai, il m’a salué de la tête, petit coup de menton discret vers le bas, le visage épanoui de celui à qui appartient la vie pendant que les réussites refont le plein d’essence, puis il a repris son doux labeur pour disparaître dans un nuage à fleur d’eau. Dans les arbres derrière moi chantait une tourterelle triste.

Hier soir, je suis rentré à Montréal en sachant très bien qui j’étais.
Je suis une barque un matin d’été.

dimanche 16 juillet 2006

Pour quelques ours...

Je pars dans le nord quelques jours, question d'aller flatter quelques ours.
Je vous laisse sur ce mot d'étudiant qui date un peu (l'étudiant, bien sûr...)

«Ses textes me sont perçus comme des sources d'aisance.» A.H.

En espérant que mes écrits vous fassent le même effet.

mercredi 12 juillet 2006

Denis aux larges goulots

Denis vit seul dans un appartement semi-meublé que son propriétaire avait osé décrire comme un trois et demi dans le Journal de Montréal. Il vit seul, alors il boit pour deux, parle pour deux, rit deux fois plus fort que les étranges qui viennent le voir à la fin du mois, quand les temps, comme le pain, deviennent durs, quand les chèques rebondissent. La police apparaît à coup sûr pour négocier une paix fragile, une paix gelée comme une balle avec de l’herbe qui sent le persil, une paix qui disparaît dès la première mauvaise joke. Denis connaît plein de mauvaises jokes.

Le reste du mois, personne ne vient le visiter. Pas de petite amie, pas même une naine, ni d’indécollables amis d’enfance, ni d’enfant illégitime surgi d’un soir particulièrement brumeux et aviné, personne. On le croise pourtant toujours joyeux, toujours avenant, toujours prêt à s’entretenir pendant des heures avec la première oreille généreuse ou le premier caractère trop poli pour couper court entre deux phrases. Denis le sait trop bien et il ne court pas de risque, il parle sans point jamais; quand il raconte une anecdote ou plusieurs, c’est d’une traite, sans pause, sans trêve, avec des liens où il n’y en a pas, avec des «j'va dire comme c'te gars...» et des «comme dirait l'autre...». Il parle tant qu ça lui prend des heures juste pour se rendre au dépanneur au coin de la rue. Il ne va jamais ailleurs.

Ses voisins le reconnaissent de loin, l’évitent, changent de trottoir ou feignent d’avoir oublier de fermer le rond chez eux. Alors Denis leur crie de loin, tente de tisser des liens, de faire des blagues, et il fait croire qu’il a aussi des ronds à fermer chez lui, lui qui n’en a aucun.

Pourtant, quand il revient chez lui et qu’il ferme la porte derrière lui, Denis pousse un soupir de soulagement et s’ouvre d’immenses bouteilles de bière à large goulot. Il raconte sa journée à la petite photo de sa mère sur la télé, lui décrit les travers de ses voisins, lui expose ses plans pour la soirée, ses vides à combler. Plus tard, plein comme une outre, il s’endormira en pleurant un peu.

mardi 11 juillet 2006

Je n'ai pas dit ce que j'ai dit...

Alors qu'il était en Haute-Autriche, M. Charest a dit à TV5 que le Québec a les moyens de devenir un pays indépendant. Pour ne pas que les méchants souverainistes québécois tirent avantage de ces propos, Stéphane Dion a senti le besoin d'aider M. Charest avec ce commentaire: ««Bien sûr qu'on est capable d'être indépendant, qui doit en douter?, lance celui qui est candidat à la chefferie du Parti libéral du Canada. Quand on voit la pauvreté de la grande majorité des États indépendants, on met la barre très basse quand on se demande si on est capable d'être un État indépendant.»
Façon un peu malhabile de dire que Charest raconte n'importe quoi...

Quand on voit l'argumentaire de la grande majorité des chefs de parti, on met la barre très basse quand on se demande si on est capable d'être un chef de parti...

(Oui, oui, je sais... Quand on dit mettre la barre très basse, c'est pour sauter par dessus et non passer en dessous... Il m'arrive aussi de dire n'importe quoi...)

lundi 10 juillet 2006

La Vie de la marmotte

4h14 – La petite pète, suce bruyamment son poing, fait des Heu! Heu! Je fais semblant de ne rien entendre; j’ai l’espoir ridicule qu’elle se rendorme… Je me dis que c’est au tour de Dame V. Elle m’assure que c’était son tour à 23h30 la veille…
4h33 – La petite pète toujours, suce toujours son poing avec vigueur, commence à chigner… J’abdique. Je calcule sommairement les heures de répit. Le résultat est digne d'un taux d'intérêts de compte d'épargne stable;
4h34 – Mon petit orteil s’écrase contre le cadre de porte. J’étouffe un cri. Je tente d’arracher le cadre de porte. Sans succès. Dame V me demande, endormie, ce que je fais là;
4h36 – Le journal fait pock en frappant la porte. Le livreur est en retard ce matin. De toutes manières, je n'ai pas lu le journal d'hier, ni celui d'avant-hier, ni l'autre... Il faudrait bien que j'annule cet abonnement, ne serait-ce que par soucis écologique;
4h37 – Je réchauffe un biberon. La sonnerie du micro-ondes me réveille;
4h38 – Je m’installe au salon avec mon belette fripon (c’est son nom d’amour). Elle sourit, puis soudainement, elle pleure. Glop! la tétine entre les gencives;
4h39-5h3 – La petite se nourrit, le regard saoul. Le neu’ chassant le vieux, j’espère efficaces les barrières anti-fuites… Je combats le sommeil. Je perds au troisième round;
5h4 – Elle somnole, gavée. Je tente sans succès de la faire roter. Je lui montre comment. Elle rit...
5h8 – On change la couche. Je chante des chansons idiotes où les rimes comptent pour rien. Je suis Lynda Lemay. La petite semble se marrer. Le plus fort, c'est son père...
5h10 – Je la berce un brin. Elle s’endort. Moi aussi. On se couche…
7h11- La petite pète, suce son poing…

jeudi 6 juillet 2006

Épi-b-logue

Patrick Dion est celui qui m’a poussé à ouvrir ce blogue. Pour le défi, le partage, le plaisir. Ça lui a pris plus d’un an à me convaincre. À l’époque, la communauté de blogueurs montréalais n’avait que trois rues et une dizaine d’adresses. Tout le monde se connaissait, se fréquentait dans cette affiliation marginale aux allures incestueuses. Il faisait partie du lot sous le nom de Newkur. Il avait déjà l’âme du missionnaire, de celui qui voulait faire découvrir la vitrine accessible qu’est le blogue. Il était le premier à défendre les bons coups et les travers de ce groupe de moins en moins communauté, de plus en plus univers. Il l’est encore avec son émission de radio sur les ondes de CISM.

Il a déménagé quelques fois (ici,, ailleurs...) et après les appellations pas toujours contrôlées Newkur et Dipat, Dion a choisi de dévoiler son vrai nom. Il a gardé sa bouille de frondeur, son majeur levé comme signe de victoire sur la morosité, son bagou souvent impoli mais toujours rafraîchissant. Et parmi ses paroles coups-de-poing, il y a toujours eu une tendresse authentique. Il est surtout un ami généreux, authentique, franc, qualités précieuses en ces temps de fard, de maquillage, d’image.

Il a décidé de cesser de nourrir son blogue. Il n’a pas tout effacé, comme le font souvent ceux qui mettent fin à leur blogue comme d’autres se suicident. Il est tout simplement passé à autres choses. Parce qu’il n’y a pas que les chips qui sont croustillantes…

Brisebois donne à Patrick Dion deux semaines avant de revenir
. Moi je lui donne une bine sur le tatou, comme les gars qui ne savent pas se faire la bise.

samedi 1 juillet 2006

Avec le gars des vues

Pour les ceuses qui aimeraient bien savoir de quoi j'avais l'air en 1990, on me voit présentement dans la bande annonce de «Drôles de vidéos» à l'antenne de TVA. Je suis celui qui reçoit un jet d'eau en plein visage lors d'une partie de golf.

Je n'ai cependant jamais été un joueur de golf; à l'époque, un certain Guy Cloutier me payait pour réaliser de faux vidéos pour une émission française intitulée «Mordus de la vidéo» ou quelque chose du genre. Depuis, mes vidéos ont été diffusées en France, ov courze, mais aussi au Québec, aux É-U et en Afrique du Sud pour une pub de Toyota. Si je pense au chèque que j'ai reçu à l'époque pour ces vidéos, je crois que quelqu'un quelque part s'est fait avoir...

Eh oui, pour ceux qui croyaient en l'authenticité de toutes ces vidéos, voyez-moi désolé de défaire vos illusions, mais ce n'est que dans l'ordre des choses en ce jour où des journalistes aussi sérieux que Daniel Lessard font la promotion du fédéralisme canadien sur les ondes de Radio-Canada et où notre pluss-meilleur-toute pays organise un défilé militaire pour fêter.

Plus j'y pense, plus j'ai peur de comprendre ce que ces chars ont d'allégoriques...