Tamako boit son café dans une grande tasse en plastique incassable qu’elle traîne partout. À la table de ce bistrot, bien loin de son Japon natal, elle arbore ce sourire nippon, qu’on ne sait jamais s’il est vrai ou factice, et se prend en photo du bout des bras avec un téléphone cellulaire orange. Elle pose, ramène ses longs cheveux noir jais d’un côté puis de l’autre, et avant chaque clic, elle prononce silencieusement le même mot qui lui laisse sur chaque cliché la bouche en forme de cœur.
Ce soir, depuis une chambre exiguë qu’elle paye trop cher, Tamako enverra ces photos à des amis, ou mieux, elle les publiera sur son blogue, décorées de moult chats blancs et d’encore plus de cœurs roses, avec écrit dessous : Tamako devant le stade olympique, sur le campus universitaire, à Tadoussac. Ces photos pourraient avoir été prises à Berlin ou Hanoi qu’elles seraient pareilles : on n’y voit que le visage ovale de Tamako, ses cheveux lisses, son sourire en plastique incassable. Tout le monde enviera sa chance, son bonheur.
Demain, sur le quai du métro en direction de l’université, le regard déjà loin, Tamako laissera passer trois rames sans bouger. Chaque fois, le vent ébouriffera ses longs cheveux lustrés.
Jamais compris pourquoi on appelait ça une "rame" de métro. Entre toi et moi, faut pagayer en estifi pour faire avancer un métro!
RépondreEffacerQuelle merveilleuse chute.
RépondreEffacerCombien j'aime!
salut je suis un nouveau lecteur. J'aime bien.
RépondreEffacerAurais-tu eu des influence secondaires d'un serpent et d'une femme étant plus jeune ?
chill
Pas moyen de prendre une bonne photo avec ces foutus métros qui déplacent les cheveux.
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