Derrière des vapeurs d'alcool, J. s'est maladroitement allumé une cigarette dans un clic métallique propre aux Zippo. Dès qu'il a voulu la prendre entre ses doigts engourdis, ses lèvres l'ont échappée. J. a soupiré puis est descendu de son banc pour la ramasser. Les bancs sont hauts à cette heure. J'ai pris une gorgée de bière en l'attendant. Puis deux.
Il ne remontait pas.
Au moment où je commençais à m'inquiéter, il est réapparu, l'air content. Il s'est rassis. Entre ses lèvres, un mégot éteint. En regardant dans le goulot de ma bouteille, je lui ai dit:
- T'avais pas une cigarette toute neuve?
Les yeux mi-clos d'alcool, il a tâté le mégot.
- Câlisse...
Frustration. Déception. Résignation.
- Ah, pis d'la marde!
Sans recracher le bout jaune glané par terre, il s'est allumé une seconde cigarette, toute neuve celle-là.
Grande leçon: quand les efforts n'apportent plus que des mégots éteints, il vaut mieux rentrer.
Mais seulement après une dernière cigarette.
mais surtout, sur le plateau, ne jamais se pencher pour ramasser un mégot par terre, ça fait campagne!
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