Autrefois, quand les vieux s’éteignaient, on disait qu’ils mouraient de vieillesse, comme si le grand âge était en soi une raison suffisante pour mourir, comme si l’usure du temps finissait assurément par nous percer, comme si la vie décidait un jour que nous avions fait notre temps.
- Maman, il est où monsieur Verreault?
- Au ciel avec madame Verreault.
- Pourquoi il est au ciel?
- Parce qu’il est mort de vieillesse.
- Ah.
Aujourd’hui, on ne meurt plus de vieillesse. On meurt de sarcome mésenchymateux, d'infarctus du myocarde, de pneumonie à infection pneumococcique. Ainsi, même très vieux, ce n’est plus normal de mourir. Il nous faut une raison, un rapport d’autopsie, une analyse de la défaillance. Puis on dit mon dieu, c’est con mourir d’une pneumonie alors qu’il n’a jamais fumé.
- Maman, il est où monsieur Verreault?
- Dans une urne vernie.
- Pourquoi il est dans une urne vernie?
- Parce qu’il est décédé des suites d’une thrombose veineuse profonde du fait d'une complication aiguë - une embolie pulmonaire tu vois - et d'une complication secondaire, le syndrome post-phlébitique. Ç’aurait pu être évité, mais bon, monsieur Verreault n’était pas fort fort sur les visites chez le médecin, et il se négligeait un peu…
- Ah. Il était con, monsieur Verreault…
Aujourd’hui, je viens de réaliser que j’aurai beau crever à l’âge de trois cents ans, jamais je ne mourrai de vieillesse.
J’aurais pourtant aimé ça.
J'ai une grand-mère qui en ce moment vit de vieillesse et se meurt tranquillement de rien du tout. Ils ne trouvent pas, mais ils cherchent hein, très fort, de quoi elle pourrait bien mourir. Parce que c'est hors de questions qu'ils la laissent mourir de vieilliesse.
RépondreEffacerMoi je pense que quand elle va mourir je vais les poursuivre.
Pour l'avoir obligé à vivre d'ennui. Comme si la vie valait nécessairement ce prix.
Ayoye ! Freakant que tu parles de la mort le même jour que moi ! Surtout toi, sacré petit bout-en-train !
RépondreEffacerBen là Pat, si t'arrêtais d'en parler tout le temps, y aurait peut-être des chances qu'il tombe sur une journée où t'en a pas parlé hein? :-p
RépondreEffacerBonsoir,
RépondreEffacervu de Belgique ce texte est sensible. Si la nature a donné fin à certaines vies, c'est qu'elle a ses raisons, et que les hommes s'en mêlent n'y changera plus rien. C'est la différence entre la nature et la nature humaine...
Bien vu. L'évacuation de la mort dans notre "civilisation" a connu une accélération effrayante ces cinquante dernières années. Je me demande où cela nous mène. C'est comme si la mort était devenue une forme de déviance...
RépondreEffacerÀ quand la condamnation des morts...?
RépondreEffacerJe voulais simplement signaler mon changement d'adresse:
RépondreEffacerwww.20six.co.uk/vicvidoc
Et encore faut-il que le médecin accepte de vous laisser mourir!Par 2 fois j'ai vu un proche dire devant moi "Maintenant ça suffit, qu'on me laisse tranquille". Certes la décision n'est pas facile, mais enfin l'homme-médecin n'est pas un dieu et quand je serai un vieux "sénior" je veux mourir librement!
RépondreEffacerJ'ai trouve votre article tres interessant et je demande votre permission pour le republier dans mon blog avec une introduction en espagnol. J'attends votre reponse
RépondreEffacerPedro martinez
http://abriendomundos.blogspot.com
Très joli texte. Très joli blog aussi d'ailleurs. La mort est un mystère et lui trouver une raison humaine rassure les petites choses que nous sommes.
RépondreEffacer