Tout à coup, un enfant. On a pourtant rien fait de bien différent de ce qu’on a fait des centaines, voire des milliers (ouf!) de fois auparavant. Mais cette fois, il y a un enfant au bout. Rien de tel pour réaliser notre prodigalité : le gaspillage de vie à coups de cuiller à thé dans le bout d'un condom, dans des trompes vides ou dans de vieux Kleenex.
Depuis, il m'arrive de parfois penser à la bataille de chaque gamète contre ses congénères, contre les aléas utérins, contre le temps, pour simplement gagner un concours de circonstances. Et s’il y a succès, fécondation, il restera les avortements, spontanés ou pas, les malformations, les cordons en nœud coulant, les naissances difficiles, les maladies, les parents fous, les voisins déments, les accidents de voitures, les drains de piscine mal entretenus. Les chances qu’un spermatozoïde devienne adulte, animal ou humain, sont infinitésimales.
Pourtant on est nombreux à s’entasser au cinéma et sur l’autoroute 10. On est plein de miracles anodins à s'ignorer dans le métro…
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Ce matin, sur le trottoir en bas de l’escalier, un oisillon gisait, mort sur le ciment usé. Pas même assez vieux pour avoir ne serait-ce qu'une plume. Le vent l’aurait fait tomber du nid durant la nuit. Plusieurs verront dans ce trépas à mi-course un cruel incident, une chute malencontreuse, une quelconque sélection naturelle. Le nouveau père en moi y a vu une catastrophe écologique.
Bien dit.
RépondreEffacerCes petits miracles anodins dévoilent aussi tout leur mystère quand on voudrait tant qu'un petit spermato rencontre un petit ovule mais que non, on n'y arrive pas. On fait tout ce qu'il faut, on se prend à espérer, on essaie de ne pas y penser pourtant, puis une déception, et une autre, et une autre.
On dira ce qu'on voudra, un miracle anodin qui n'arrive pas à trouver l'étincelle dont il a besoin pour devenir réalité est un deuil douleureux...
Pour certains, ce que nous considérons comme un « petit miracle » tient davantage de la calamité :
RépondreEffacerhttp://www.cyberpresse.ca/article/20060808/CPINSOLITE/60808013/0
Oups ! Mon lien ne fonctionne pas. Il s'agit d'une nouvelle du jour dans La Presse : un homme de 44 ans, père de 37 enfants, qui demande à l'État argentin le droit de se faire vasectomiser. Il soutient que cela lui coûte tellement cher de nourrir toute sa progéniture qu'il ne lui reste plus d'argent pour acheter des préservatifs.
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