vendredi 29 décembre 2006

Maudite tague même pas bbq...

Un peu comme on se passe des microbes, voici que Dion vient de me passer une tague partie de je ne sais où. Je dois ainsi révéler cinq trucs inconnus sur moi (et non inavouables!) Hum…
1- Je n’écris pas ce blogue; un nègre le fait pour moi; je ne suis que le faire-valoir public disponible pour des entrevues;
2- J’ai connu des succès mondiaux en traduisant les succès des Baronets en russe. La pègre russe s’est jointe à René Angelil et Ringo Star pour m’imposer le silence, mais je vais bientôt venir à bout des millions de dollars qu’ils m’ont offerts… Je n’aurai d’autres choix que de recommencer, mais en chinois;
3- Je suis une femme, mais mon opération n’est pas encore complétée. Lorsqu’elle le sera, je pourrai enfin assouvir ma passion incognito : le bingo;
4- À 14 ans, j’aplatissais des 5 sous à coups de marteau afin de les utiliser comme 25 sous dans des machines à boules. Ceci m’a permis d’économiser près de 7,25$. Si aujourd’hui la plupart des arcades ont un système de jetons, c’est en partie de ma faute;
5- Je mens 4 fois sur 5 (ce qui inclut peut-être cet énoncé… Il vous reste à savoir si un faux mensonge devient une vérité.)

Voilà. Je passe la tague à personne. Il faut bien que les contagions s’éteignent un jour… Mais je sais le système immunitaire de Jeff et de Galad bien fragile…

mardi 26 décembre 2006

Paroles d'étudiants

Je me suis promis de vous faire pour cadeau de Noël un florilège des plus amusantes fautes, coquilles et autres erreurs d'étudiants de cette session. Mais voilà, j'arrive en fin de session et... Ouf! Il y en a long. Rappel: tout est d'origine incontrôlée: l'orthographe comme la syntaxe.
Au risque de me répéter, si je fais cela, ce n'est pas parce que je veux me moquer de mes étudiants : je les adore! (Ouais, bon, d'accord... Il y en a un ou deux que j'aime moins...)

Allez vous chercher un café et... savourez!

...Pour citer le défunt Croc, ce n'est pas parce qu'on rit que c'est drôle.



Au sujet de Guillaume Vigneault – Carnets de naufrage

Après s'être procuré un baccalauréat en études littéraires à l'Uqam(...)
(Il n'y en avait plus chez Walmart.)

Présentement, Vigneault passe son temps à rédiger 4 scénarios de film.
(en attendant de trouver quoi faire...)

Il est en train d'écrire 4 scénarios pour un film.
(c'est mieux que certains qui écrivent 1 scénario pour 4 films.)

Ses projets à faire dans le futur sont d'écrire des scénarios qu'il transformera plus tard en théâtres.
(Un acte manqué.)

Vigneault se contente d'écrire plusieurs livres dans le futur.
(Un homme qui se contente de peu...)

Avant même d'avoir atteint l'âge d'être en droit, il est marqué par les écrits d'Hemmingway.
(C'est l'âge pré-universitaire.)

Parmi les oeuvres qui l'ont marqué on retrouve «On the Road» de Jackie Roy.
(et un livre d'Hemming Wong.)

Il a 2 oeuvres à son actif: son oeuvre le plus récent est le premier.
(Il y a des livres qui ne vieillissent pas.)

Vigneault était barman dans un bar du plateau Mont-Royal, il écrivait sur le côté, et il surfait de temps en temps.
(Vous essayerez, vous, de surfer sur le côté...)

Le livre est paru en octobre 2001 et se fait publier en avril 2002.
(C'est lent, le monde de la publication.)

Il utilise plusieurs anglicismes afin de rendre l'histoire plus susceptible.
(L'histoire du Québec?)

Il a une impatience spontanée et un côté réfléchissant.
(C'est pas comme celui qui a une patience mûrie et un côté mat.)

C'est un bon livre qui vaut le temps perdu en le lisant.
(Ce n'est pas parce que ça le vaut que ce n'est pas perdu.)

Camille représente l'eau pour sa tranquillité d'esprit et son pacifique.
(Mais c'est l'autre personnage qui Mexique.)

Ses relations et son amitié avec l'océan est parallèle à celle avec Camille: il veut se faire engouffrer.
(Après il se plaint que ses amis ne lui écrivent pas souvent...)

Alex se fait ramasser par les vagues plus souvent que pas.
(Tout de même de temps en fois.)

Attravers le roman, le symbole de (...)
(Attort et attravers...)

Carnets de naufrage pourrait bien et belle être le roman de tous les amateurs.
(Est-ce une qualité ou un défaut?)


(Pour ceux qui n'ont pas lu Carnets de naufrage, voici le résumé (tel quel!)):
Alex se fait briser le coeur par Marlène. Complètement dépourvu, alex administre quelques aventures sexuelles. Mais cicatrisé a jamais par la mémoire de Marlène, il a de la misère à retrouver son train. Naufragé par les sentiments qu'il a et ceux qu'il pense avoir, il vit sa vie jours par jours essayant d'oublier Marlène, pour finir dans ses bras.
(Rien à ajouter.)


Au sujet de Jean-Paul Dubois – L'Amérique m'inquiète

Dubois n'exerce pas seulement le prestigieux métier d'écrivain connu et qui a ses lecteurs, mais il est également journaliste.
(C'est Brisebois qui doit regretté d'avoir étudié en écrivain méconnu.)

Cette histoire se déroule en Orégon, où les homosexuels sont tués puis intimidés verbalement.
(Hé, le fif, reviens en vie si t'es un homme!)

Les histoires sont regroupés en groupes (...)
(Pour ne pas être seules isolées.)

Le titre du texte est intitulé(...)
(Un surtitre.)

L'auteur fait le tour des 4 coins de l'Amérique.
(Cependant, il connaît mal le milieu.)

Il a été retrouvé coupable.
(On l'avait pourtant perdu innocent.)

Il y a plusieurs thèmes qui reviennent dont (...) l'humilisization, les diversifications, l'insignifiance (...) qui tous, amoindrissent l'Amérique en quelque sorte.
(La note, aussi.)

En changeant ces détails, les textes dépossèderaient d'exactitude et de signification.
(Heureusement, on ne change rien.)

Dans un chapitre, une phrase embrouillée survient à la fin.
(Comme ça, pouf!)

Des vols sont commis sur les touristes qui ressemblent à des étrangers.
(Ces maudits touristes qui ont l'air de venir d'ailleurs...)

L'auteur a une manière de s'exprimer qui est indivisible, turbulente et spéciale.
(Ouais... spéciale...)

Une fin improductive et directe est souvent imagée. Communément, l'opinion de l'auteur est retrouvée dans ces courtes terminaisons. Les conclusions semblent insuffisantes.
(C'est le boutte du boutte!)

Sans ces conclusions pénétrantes, poussées et mystérieuses, les textes ne toucheraient pas le public pareillement.
(C'est vrai que ça me touche, une pénétration de conclusion.)

Le point de vue de l'auteur est européen et le livre est écrit àa la 3e personne du singulier. L'auteur écrit donc généralement.
(En gros, c'est ça.)

Les nouvelles produisent un effet d'incroyance.
(Meuh!!?!...)


Au sujet de Stéphane Bourguignon – L'Avaleur de sable

Pendant dix ans, Bourguignon a oeuvré comme un auteur humoristique.
(Ce n'est qu'après qu'il a travaillé comme un fou.)

Il a étudié comme scénariste de formation.
(Aujourd'hui, il travaille comme écrivain de métier.)

Huit mois, c'est suffisant pour s'oublier d'une femme.
(La belle excuse: je me suis oublié...)

Un sourire discret va sans doute émaner du lecteur.
(On sent qu'il aime.)

Le personnage se laisse empoter par son égocentrisme.
(Ce n'est pas impotant ce que les autres pensent.)

Les thèmes(...), les personnages(...), le tout placé dans un décor de langage humoristique(...)
(Et il ne parle pas des costumes de mimiques dramatiques.)



Au sujet d'Agota Kristof – Le Grand Cahier, La Preuve et Le Troisième Mensonge

La trilogie plairait beaucoup à des lecteurs. C'est le genre de livre. Fin
(Je lui ai donc donné un genre de note.)

Cette histoire laisse le lecteur sur le bout de ses pieds.
(C'est un livre qu'on lit de haut!)

Elle travaillait dans une usine pendant qu'elle se plaisantait à écrire des poèmes.
(La poésie? Une vraie farce...)

Elle commence à avoir des contractions et elle se met à écrire.
(Quand l'écriture devient urgence...)

Malgré la longueur de l'histoire, il n'y a rien à ajouter.
(C'est ce que je me disais.)

Même s'il y a des parties dégoûtant, ses histoires sont grippant et, de temps en temps, mouvant.
(Ça mouve l'esprit.)

La limpidité de l'oeuvre n'est pas très fluide.
(La clarté était écoulée.)

Le niveau de vocabulaire convient aux lecteurs dont le français n'est pas la langue maternante.
(Quand je vous dis que c'est une langue dure...)

Elle est une écrivaine d'origine hongraisse.
(C'est ça qui arrive quand on a trautriché.)

Les enfants aident à la cultivation du jardin.
(Rien de mieux pour prévenir l'ignoration.)

Au fil des années, les enfant ont aggrandi.
(Ils manquaient d'espace...)

Un jour, la grand-mère est tombée malade. Le docteur a dit qu'elle allait pourrir bientôt!
(Elle est gâtée!)

La mère meurt lors d'une explosion d'un abus.
(Un abus sexuel, c'est une bombe?)

La femme s'épilait Yasmine.
(Ça nous fait une belle jambe.)

Son enfant est né avec une déformité.
(C'est une énormation!)

À cause de son handicap, l'enfant est plus petit que d'habitude.
(Habituellement, il est grand comme ça!)

Lucas voulait tellement que l'enfant marche comme tout le monde qu'il lui a acheté un tricycle.
(Dans ce pays, les bébés marchent à 4 roues.)

Il aimait jouer avec le chien à qui appartenait son maître.
(Ramasse ma crotte... Bien! Bon maître.)

Non seulement a-t-elle juste écrit des romans, mais des pièces de théâtre aussi.
(Elle se contente d'en faire plus!)

On ne sait si ce roman est une fiction ou une bibliographie.
(Il faudrait demander au biothécaire.)

Le lecteur doit s'habituer au changement de perspective: dans le 2e livre, c'est un narrateur qui raconte l'histoire.
(Je ne sais pas pour vous, mais moi, je ne m'habitue pas.)

Des chapitres longs et moins appréciables donne aux lecteurs l'impression d'un intérêt déprimant.
(J'ai l'intérêt qui ne file pas, ces derniers temps...)

Kristof garde l'attention de ses lecteurs avec non seulement de l'intéresse, mais aussi du confus.
(Et un peu du questionné...)

Ce roman, contrairement à d'autres, est de long et de large.
(Les autres sont plus du genre épais.)

La simplicité de son écriture donne à cette trilogie une volonté alléchante à se terminer.
(Vivement la faim!)

Kristof n'a pas froid aux mains en osant traités des thèmes sans pudeur.
(Elle n'y va pas de main morte!)

Des thèmes de misère aident l'auteur à illustrer un portrait de l'humanité.
(Ce ne sont pas des thèmes bien riches...)

Les chapitres sont courts et peuvent être lu un à la fois.
(Ah, ça, c'est bon à savoir...)

Mathias s'est pendu en voulant se suicider.
(Il devait être déçu.)

Sa mère a caché son enfant dans sa robe quand elle était enceinte de lui.
(Il s'agit seulement de ne pas l'oublier là lors du lavage.)

Son père est mort longtemps.
(Il était du genre entêté!)


Deux petites dernières, au sujet d'autres trucs:

Les gens voient les fusils comme des outils de tuage.
(et de blessage aussi.)

Aujourd'hui, les centres de ski sont obligés de faire la neige à la main.
(Il n'y a rien comme glisser sur de l'artisanat! Parlez-moi pas de la neige d'usine...)

vendredi 15 décembre 2006

De L'Art du malheur

Le malheur est sable mouvant; il ensevelit doucement, contraint à l'isolement, oblige à une guerre inégale du soi envers et contre tout. Ce malheur nous replie sur nous-mêmes, nous ramène le nez à la hauteur du nombril, comme ces bêtes en hibernation qui cherchent à conserver le peu de chaleur qu'il leur reste. Il remet en question, oblige à chercher l'angle de pensée, le point de vue salvateur. Contraintes à son inconfort, ses victimes se gèlent à coups de surdoses, d'Ativan, de Jack Daniel's ou de relations humaines pour connaître trois minutes de répit. D'autres encore s'exploseront en éclats de souvenirs dans le bureau d'un psy ou à coups de bâtons sur le pare-brise d'une voiture de luxe trop insolente, puis on les retrouvera en morceaux, écrasés sur un poteau le long d'un chemin de campagne, dans un bain de sang en bas d'un ravin ou dans une mer de larmes sur un trottoir à la fermeture des bars. Il reste aussi ceux qui s'y enliseront jusqu'aux cheveux et qui en profiteront pour accumuler au fond de la gorge un crachat qu'ils garderont pour les beaux jours, d'autres y verront cependant l'occasion de se disséquer. Et après tout cela, après avoir tout écorché, le malheur laisse une peau à vif ou recouverte d'une épaisse corne. Les écorchés formuleront un bon roman, une phrase pas trop mièvre dans une carte de sympathies ou une parole inspirées entre deux gorgées. Par contre, les racornis n'auront de mots que pour comparer amèrement leurs disgrâces à celles d'autrui, immanquablement plus fades.

Contrairement au malheur, le bonheur est mauvaise muse car il émousse les sens, tait le pire, rend futile la quête. Le bonheur réchauffe à feux doux, attendrit les chairs, rend vulnérable aux lames des couteaux, à cette épée de Damoclès que reste le malheur. Il y a dans le bonheur une vaste population: des innocents, des jovialistes, des insupportables. Il y a aussi, il y a surtout, ceux qui l'ont choisi, d'emblée ou après avoir tutoyé le laid, goûté à la mécanique du pire, un pire bien personnel. Il y a, dans le bonheur, bien des malheurs assourdis.

Mais je m'égare; en arrivant devant l'écran, je me demandais simplement si je devais me saboter pour être plus, mieux inspiré. Si je suis heureux, suis-je condamné à l'écriture de biographies et de scénarios à la Disney?

mardi 12 décembre 2006

Les Petits Riens de bon

Ouvrir le dictionnaire directement à la bonne page; sortir mon manteau d’hiver du placard en novembre et trouver 20$ dans le fond d’une poche; entamer un nouveau pain; écrire mon nom dans un nouvel agenda; donner un premier coup de gaz quand je sors la moto en avril; m’imbiber du bleu profond de la haute mer; tomber sur une vieille photo dont j'avais oublié et l’existence, et l’événement qu’elle rappelle, et les amis qui y sont posés; jouer aux cartes avec une poignée d’amis et rire même quand je perds; revenir de l’épicerie les bras chargés et ralentir le pas, pour rien, de même; recevoir des nouvelles d'une vieille connaissance; entendre qu’un étudiant m'a chaudement recommandé à un de ses amis; lire sur Internet que je suis « a bitch on correction »; entendre ma fille de sept mois crier en riant chaque fois qu’on dit « c’est un belette! »; l’entendre, la voir, la faire rire; laisser la première gorgée de bière perdre son effervescence avant de l’avaler; faire cela avec la deuxième aussi; croiser une « ex » sur la rue et se rendre compte que ça ne m'a rien fait, rien de rien, rien pentoute; passer des heures avec un ami à parler de n’importe quoi, de tout et de rien, idéalement de rien; rouler dix kilomètres avec ma blonde, en silence, la main sur sa cuisse, à contempler les vaches et les poteaux; recevoir un bec dans le cou entre deux corrections; réaliser, en me couchant épuisé, que ça fait une éternité que je n'ai pas trouvé la vie dégueulasse…

vendredi 8 décembre 2006

Mary Poppins

Un peu de musique, un nouveau montage, et la gentille devient méchante...


Merci à Dominic pour le lien.

lundi 4 décembre 2006

Patricia

Depuis le début de la session, Patricia vogue de creux en crêtes, ses présences et son assiduité aussi cyclothymiques que volatiles. Visiblement, le cégep avait apporté un lot trop lourd pour ses frêles épaules d'adolescente.

Dans mon cours, l’entrain de Patricia s’est évanoui très tôt. En plus de ne pas être présente à tous les cours, elle remettait ses devoirs en retard, visiblement faits sur le coin de la table, et il en émanait toujours cette odeur d’essence propre au monde des pompistes, son travail de nuit. Chaque fois, elle s’en est excusée, le menton sur la poitrine, les yeux dans une flotte que je ne savais sincère ou actée. Chaque fois, je lui ai pardonné, enlevant quelques points ici et là, pour le retard, pour la forme. Je me disais qu'à 17 ans, subvenir seule à ses besoins ne devait pas être une sinécure tous les jours. Je me disais que certains ne l'avaient pas facile.

Cette semaine, derniers cours, derniers examens, derniers spectacles du clown devant spectateurs. Vendredi dernier, Patricia m’a écrit un courriel demandant ma bénédiction pour une dernière absence, une autre, question de pomper de l’essence, question de joindre 2 bouts qui lui semblaient irréconciliables. Elle pouvait faire l’examen jeudi, à Noël ou à la Saint-Sylvestre, mais là, le patron avait besoin d’elle et elle, d'argent. Je lui ai répondu que je ne pouvais pas accepter, puis j’ai ajouté une histoire de dernier effort, d’élastique cassé, de deuxième, troisième, dixième chance usée. Peut-être était-ce l’humain dans le prof qui s’usait, je n’en étais pas sûr… Pour me rassurer, je me suis dit qu’elle bluffait, et j’ai misé sur son sens des responsabilités.

Ce matin, Patricia n’est pas venue au cours.

Patricia n’aura pas un diplôme à rabais, elle ne passera pas mon cours en faisant la moitié des examens et des travaux, elle ne pourra dire à ses amis : prenez le cours de Rondeau, c’est trop facile…

Non, Patricia ne l’aura pas eu facile.

Et justement pour ça, le prof consciencieux que je suis a un peu de mal à fermer l’œil ce soir.

Qui l'eût cru...

Je ne peux pas vous laisser une fin de semaine sans que vous fassiez des bêtises! Je reviens des Cantons de l'Est et qu'apprends-je? Que des gens trouvent du charisme à Stéphane Dion? Qu'on aura le choix entre Dion et Harper aux prochaines élections? Mais juste pour voir la bette médusée de Denis Coderre, ça valait la peine...

Est-ce moi ou bedon ça sent les conditions gagnantes pour un référendum?

***

"Ma force, c'est d'être sous-estimé."
Stéphane Dion, nouveau chef du Parti libéral du Canada, qui nous a sous-estimulé depuis un brin, itou...

Stéphane, Céline, Maman, la famille, Patrick...
Qu'on se passe le mot: CESSEZ de sous-estimer les Dion!

mardi 28 novembre 2006

Money for Nothing and Canal for Free

À chaque exhalation, ma respiration laissait un fin nuage devant ma bouche en ce matin de novembre 1993 alors que je marchais vers le métro Atwater. Sur le pont de la rue Charlevoix chevauchant le canal Lachine, deux badauds appuyés sur la rambarde jasaient fort. On aurait dit Laurel et Hardy version Pointe Saint-Charles, la tuque du Canadiens sur le bout de la tête, les bottes de construction délassées, tous clichés populaires réunis. Ils pointaient un bout de tissu à la surface des eaux brunes. Je n’étais pas pressé, je me suis accoudé au garde-fou près d’eux.
- Ce n’est qu’un manteau, j’te dis, lançait fort le plus gros des deux hommes.
- C’est un cadavre, imbécile, répondait le maigre.
- Si c’est un cadavre, pourquoi on ne voit pas les mains, ou les jambes, ou la tête? Hein?
- Parce qu’elles sont trop lourdes pour flotter à la surface, j’ai lancé.
Ils ne m’ont même pas regardé et ont poursuivi la discussion, comme si j’avais toujours été des leurs :
- Quand même, on verrait quelque chose, sais pas moi, des cheveux… a continué le ventru dans ma direction.
- Si le corps est dans l’eau depuis hier, probablement pas, ai-je ajouté.
Déjà, sur le bord du canal étaient descendus quelques hommes et un policier. Ils avaient attaché une pelle au bout d’une corde et essayaient de la lancer par dessus le manteau pour le tirer vers la berge. Le léger courant du canal et la maladresse aidant, ils durent se reprendre trois fois avant de bien viser.
- Cinq piasses que c’est un cadavre, j’ai dit, trop sûr de moi.
- Pari tenu, dit Hardy en jetant son mégot d’une pichenette dans les eaux brunes.
Le policier tira sur la corde et quand la pelle arriva au tissu bleu marin, le manteau roula sur lui-même. Du coup, une main gonflée est sortie de l’eau, comme dans les pires films de série B.
- Ah b’en criss, j’étais pourtant sûr, a laissé tomber le massif en me donnant son 5$ en petite boule frippée.
- Merci, ai-je lancé gauchement, un peu bouleversé, en réalisant soudainement que je n’étais pas en avance pour mon cours.
En marchant vers le métro, je me suis dit que c’était l'argent le plus insensible, le plus glacial qu’un homme ait pu faire. Avant d’entrer dans la station, j’ai tendu le 5$ toujours en boule à un quêteux. Je lui ai fait promettre de le dépenser pour une bière froide. Il a semblé me trouver un peu con.
Il n’avait pas idée combien il avait raison...

dimanche 26 novembre 2006

Malaise partagé

Aujourd'hui, Silvio Berlusconi a été victime d'un malaise alors qu'il prononçait un discours.

Ça a pris tout le monde par surprise car habituellement, quand l'ancien président du Conseil italien parle, ce sont les Italiens qui en ressentent un...

jeudi 23 novembre 2006

L'Organisation des nations désunies

On avait déjà des parcs nationaux, une bibliothèque nationale (du Québec) et une capitale nationale (Québec). On avait plein de trucs nationaux, mais nous n'étions pas une nation.
Mais ça, c'était hier. Grâce à Stephen, qui a dit à tous que le Québec était une nation dans un Canada uni!

À voir Charest, Ignatieff et Harper fêter au diapason, je me dis que s'il y a bénéfice quelque part, il n'est pas de notre bord.

Le Québec est une nation dans un Canada uni... C'est comme dire à un Noir: toi, t'es un Noir et tu vis dans notre quartier, alors, euh.. c'est ça. Le Noir il est content, puis il retourne chercher un appartement pour sa famille et continue à se faire dire que, désolé, on vient justement de le louer... Mais il est un Noir alors... Yé! Chill man! Il devrait être heureux de savoir que les autres le disent...

***

Tout cela est symbolique, paraît-il. Mais extrapolons le symbole un brin, pour le plaisir de la chose: le Québec est une nation dans un Canada uni. Ainsi, on suppose qu'il y a au moins une autre nation à laquelle s'unir. Le Canada uni est donc un ensemble, une (dés)organisation de nations unies, et les relations entre ces dernières seraient donc internationales.
C'est-ti pas beau, ça?!
Voilà comment vendre du rêve pour pas cher!

Ce n'est pas l'idée que vous aviez de l'Organisation des nations unies et des relations internationales? Criss que vous êtes difficiles à contenter...

mardi 21 novembre 2006

Le Courrier du professeur

Avant les tremblements de terre, les chiens hurlent; avant les tsunamis, les animaux courent se réfugier dans les collines; avant les fins de session, les étudiants ont des excuses accompagnées de basses flatteries. Ça me permet de vivre sans calendrier et quand les lettres d'étudiants en détresse rappliquent par dizaine dans ma boîte de courriel, je sais qu'il est temps de faire ma liste de cadeaux de Noël.

Je vous épargnerai les classiques de la grand-mère qui meurt, de l'imprimante en panne et de la petite soeur qui a enregistré des MP3 par dessus la copie du travail sur la clé USB (remarquez ici combien "le chien a mangé mon travail" a évolué...) Mais hier, j'ai reçu ce message. Je crois que c'est un des meilleurs depuis longtemps. Tout d'un pain, sans accent, comme cela. Savourez!

"Bonjour Daniel, je m'excuse pour les classes que j'ai manque. Recemment, sur l'internet, j'ai perdu 10,000$ dans un cas de fraude quand j'ai achete un auto qui n'existait pas. Sans besoin de mentionner, je n'ai pu d'argent. Mes classes sont tres important mais apres ce desastre de fraude j'ai pris un emploi extra et ca fait que je ne peut plus alle a la majorite de mes cours. Quelques cours ne sont pas aussi important mais j'aimerais faire tout possible pour passer le francais car j'ai coule ma premiere cours de francais avec [bip!]. Si vous avez un peu de temps supplementaire, ca serait tres gentil si vous pouvez me repondre avec les dates importants: mon discours oral, la date du deuxieme test lecture, et les autres dates importants pour que je puisse prendre des journees malade a mon travail et venir en classe. Je n'ai pas encore lu [le livre] mais je comprends qu'il va avoir un composition finale ou quelque chose de sorte. Si vous pouvez m'envoyer les details et les details des autres choses que j'ai manquees ca m'aiderait beaucoup. Vous enseignez le francais meilleur que tous mes profs jusque maintenant et je n'aimerait pas baisser votre moyenne de classe. Merci beaucoup, c'est tres important pour moi."

samedi 18 novembre 2006

Salon du livre

Le Salon du livre de Montréal bat son plein. Son plein de monde qui cherche la vedette, son plein d'auteurs qui signent son plein de dédicaces, son plein de caisses enregistreuses qui tintent pour des livres aussi sinon plus chers qu'en librairie, des bouteilles d'eau à 3$, des billets d'entrée... Car en effet, on exige des frais d'entrée pour cette foire marchande, comme si les centres d'achats demandaient 5$ à chaque client pour qu'il ait accès à leur regroupement de boutiques. Une excellente manière de garder la littérature bourgeoise et de garder les pauvres loin de la culture...

Dans le Salon, on vend des visages d'auteurs sur des affiches de 5 mètres carrés. On voit Georges-Hébert Germain de tellement loin qu'on croirait qu'il vient d'écrire la Bible... Rassurons-nous, il n'a écrit que la bio de maman Dion. J'ai toujours trouvé curieuse cette littérature qui accorde tant d'importance aux visages des auteurs. À ma connaissance, c'est la seule forme d'art qui s'acharne à montrer le visage de ses créateurs; dans les salons, dans la vitrine des librairies, sur le quatrième de couverture de chaque livre... Pourquoi pas une photo des peintres dans le bas de leurs toiles? Une des sculpteurs à l'arrière de leurs pièces? Des réalisateurs ou des scénaristes au dos des pochettes de DVD? Au dos des bouquins, les poètes se montrent les cheveux ébouriffés, une cigouilles à la main, les auteurs populaires se tiennent le menton le temps de la pause, et les rebelles sont accroupis près d'un mur de briques dans une ruelle... Tout cela en noir et blanc.

La littérature a soif de montrer un visage humain. Eh oui, mesdames et messieurs, l'auteur est de chair. Et il fixe le vide.

lundi 13 novembre 2006

J'aimais Chris De Burgh...

Nous étions quatre qui voulions nous battre. Armé d’une paire de rois, j’essaie de deviner si les gars devant moi bluffent ou pas. Bel exercice de lecture compte tenu que les joueurs qui siègent à la table sont un comédien, un humoriste et un pro du poker… Le prof de français essaie tant bien que mal de lire entre les clignements, les farces, les silences. Je double la mise, le comédien et l’humoriste me suivent, le pro se replie. Plus que deux. Le dealer laisse tomber le flop. 8-10-2. Carreau-pique-trèfle; rainbow comme disent les Mongoux (un Mongol, des Mongoux). Inoffensif. Le comédien check. L’humoriste me regarde et laisse tomber 3 milles sur la table. Il n’a rien, le clown. Une grenouille qui gonfle les joues pour faire peur à la couleuvre. Mais lire un humoriste, c’est comme lire le journal en italien : tu crois comprendre parce que ça ressemble au français, et tu te ramasses à voter pour Berlusconi... Je jongle avec une pièce de 5 milles… Un filet de voix me dit de me replier. Mes hormones m’ordonnent de montrer les crocs…
Je fais all in.

-Et j’ai crié, crié-é, Aline…

La farce est éculée, on la rit quand même un peu. Politesse de grégarité masculine. C’est à ça que ça sert, des amis de gars. On s’encourage quand la tension monte.
Le comédien soupire, se retire. Plus que le comique et moi. Mais le comique ne rit plus. Il a les yeux plantés dans les miens. Je joue avec mes cartes, je branle la patte, je m’appuie sur les coudes, je multiplie les signaux pour confondre le radar de l’adversaire.
Il appelle Aline aussi.
Duel.
J'ajuste mon Stetson...

J’exhibe mes rois, il montre As-4.

Fine brise sur une mer d’huile.
Léger avantage bibi.
Le dealer tourne un valet.

On fait des blagues mais plus personne ne rit. On attend la rivière au bout du tournant. Seules trois cartes, les trois as restants, peuvent me battre. Je calcule rapidement un 8% - mais serait-ce 15? - de chances contre moi… Par superstition, je ne regarde pas le magot au centre de la table. 92%... Mais serait-ce 85?...
La main du dealer brûle une dernière carte. Les autres joueurs ne parlent plus. J’entends la montée dramatique du train espagnol de Chris De Burgh, et le dealer

Slips another ace.
Saprée toune plate du maudit...

Coup sans merci.
J’ai serré la main de l’humoriste.

Je n’aime plus les humoristes.
Ni Chris De Burgh.

jeudi 9 novembre 2006

À temps perdu...

Temps de choses à faire et si peu de temps
Importe temps, tu temps va
Temps danse
Temps horaire
Temps dis qu’il temps la main
J'ai temps tendu
Il temps peste
Je temps perds
Le temps ploie à temps partiel
Je perds mon temps
Il temps prisonne
C’est bien de mon temps

Temps en temps. Au temps en emporte le vent
Un temps soit peu
Temps tôt
Temps d’aime
Temps chante
Temps pont
Temps bourre
Temps erre

Avec le temps
Temps gai, temps triste, temps bête
Je temps merde
Temps, je rine
En temps qu'ami
Le temps fonce, temps file, temps roule, temps vole
Le temps go

Si temps est que je sois épuisé
Temps s’en faut
Temps bien que mal
Je temps vis
Car tout n’a qu’un temps

Temps pis pour moi.

samedi 4 novembre 2006

Maman parle de bébé...

«La petite est tombée la face à plat ventre.» (Dame V.)
Elle tentait de faire un pied de nez.

«Tu l'assois et elle tient debout!» (Dame V.)
Ado, elle s'assoira et elle sera couchée...

vendredi 3 novembre 2006

Un Prof près de chez vous... Septième et dernière partie: la revanche des tronches

La Revanche des tronches est habituellement féminine et se prénomme souvent Marie-Denise.

Durant ses études secondaires et collégiales, Marie-Denise a connu un grand malheur : un intérêt pour le français et la littérature allié à un physique ou un visage un peu ingrat. Il en a résulté une frustration longtemps tue qu’aujourd’hui elle laisse éclater au grand jour. D'ailleurs, ses aspirations professorales sont autant motivées par son amour de la littérature que par son désir de vengeance.

Ses cours commencent sous la menace de l’échec et une démonstration de la sévérité impitoyable, principalement envers ceux qui incarnent aujourd’hui ses bourreaux d’hier : les belles et les jars sont les premiers à payer la note, puis viennent les sportifs, les humoristes en herbe, tous ceux pour qui lire est une corvée. Ceux-là mourront sous son sarcasme. Marie-Denise n’est pas en mission divine et ne veut pas se lester de tortues, fussent-elles motivées; elle les a subies toute sa vie, maintenant elle mène la marche! Elle veut prêcher aux convertis voire aux pratiquants purs et durs, et elle l’avoue sans gêne. À ses collègues, elle parlera des autres étudiants – ceux qui n’ont pas des notes de plus de 85% - en utilisant de vocables tels tatas, tartes, pas vites, et les imitera en appuyant sa langue à l’intérieur de sa lèvre inférieure…

Extérieurement, on reconnaît la Revanche des tronches par son rire strident et par l’agencement des couleurs de ses vêtements. Ce dernier peut laisser croire que Marie-Denise est daltonienne ou, au contraire, chromomaniaque : soit ses blouses jurent à la limite du supportable avec ses pantalons en fortrel ou sa jupe d’une coupe démodée, soit chaque morceau de vêtements arbore un ton différent d’une même couleur, couleur que Marie-Denise prendra soin de rappeler avec son ombre à paupière et ses bas collants.

À la fin de la session, Marie-Denise aura hérité de douces épithètes telles que gouine frue, Elsa la louve des participes passés ou Vlad T-épaisse, et elle sera détestée de la grande majorité. Mais bientôt, les survivants de ses cours en parleront avec un mélange de crainte et de fierté, comme les vieux parlent des horreurs de la guerre auxquelles ils ont survécu.

Et les deux tronches qui l’auront adorée deviendront, à leur tour, professeurs de littérature au cégep...

***

Voilà un court tour d'horizon de ce monde dans lequel j'évolue. J'ose espérer que maintenant, vous ne doutez plus de la nécessité de nos deux mois de vacances...

mardi 31 octobre 2006

lundi 30 octobre 2006

Attention, je vous écoute...

« Je peux comprendre que de temps en temps, un gars ait le goût de regarder les feuilles pendant un an. »
Daniel Gosselin

...Mais pas plus qu'une fois par année!

vendredi 27 octobre 2006

Un Prof près de chez vous, sixième partie : le pseudo-Français

Le plus grand drame du pseudo-Français est de ne pas être né en France. Il adore la Frânce! Mieux : il vénère Pâris! Nation du savoir et de l’intellectualisme, seule et unique source du théâtre, de la littérature… D’ailleurs, la littérature qui n’en sort pas n’est pas de la littérature. Ce professeur ne se donne même pas la peine d’ouvrir un roman québécois tant c’est de la sous littérature.

Le pseudo-Français ne lit que des livres qui ont gagné des prix et recevra invariablement, lors de l’échange de cadeaux de Noël, le livre récipiendaire du prix Goncourt. Ce soir-là, si le vin est bon, on l’entendra dire tabarnak avec le même regard joyeux qu’ont les enfants qui s’oublient à un plaisir défendu. Au retour des vacances, il sera redevenu lui-même et il rentrera au département en maugréant tout haut contre la neige, le froid ou dieu sait quoi, parce que pour lui, un Français, ça rouspète.

Le théâtre québécois subit le même sort que sa littérature; rien de bon ne peut émerger de ce côté-ci de l'océan, sauf si les créateurs s’appellent Robert Lepage ou Wajdi Mouawad.

Le pseudo-Français se nomme Gaétan Hébert ou Marie-Thérèse Toupin, mais cultive un accent impossible dont même les Français ne peuvent donner l’origine. Il vous dira que c’est parce qu’il a un jour enseigné en Europe, ce qu’une rapide recherche confirmera : en 1991, il y a travaillé trois mois… Depuis, il ne soupe plus mais dîne, il ne dit pas fin de semaine mais weekend, il ne magasine plus mais fait du shopping… car rien n’est plus français que de l’anglais avec un accent.

mardi 24 octobre 2006

Un Prof près de chez vous, cinquième partie: la pédagogue

L’œil extérieur verra en la pédagogue cette professeure dynamique et motivée que tous rêvent d’avoir et ce, malgré ses dizaines d’années d’expérience qui semblent avoir épuisé toutes énergies chez ses collègues. Cet habit lui permet d’être connue jusque dans les hautes sphères ministérielles. Cependant, le jupon dépasse…

Cette professionnelle, appelons-la Monique, court les formations pédagogiques offertes lors de weekends dans les hôtels de la province. Elle y connaîtra par leur prénom la plupart des conférenciers qui y sont invités. Monique y parlera du manque d’attention dont font preuve ses étudiants, qu’elle considère souvent comme des débiles légers. Pourtant, alors que les conférenciers déblatèrent, elle parle avec ses voisines tout le temps, fait répéter le lecteur, pose des questions trente minutes en retard, parfois sans écouter la réponse. Les profs sont les pires étudiants et elle tâche de le prouver.

Monique parle en long et en large de tout, et semble bien incapable de concision. Les gens qui la croisent auront beau multiplier les signaux de fin de communication – ces «bon b’en», «ouain, il est tard» et autres «ouaaaaaaais… ouais-ouais» - elle continuera à s’étendre sur l’ordre du jour de la prochaine réunion départementale. Elle a une opinion franche et directe sur tout, et pour Monique, être prof, c’est avant tout le dire.

Elle connaît toutes les techniques pédagogiques et tente souvent de les appliquer le temps d’un flop, car elle est incapable de se mettre à la place de l’étudiant : son plan de cours contient huit pages de descriptions techniques de l’apprenant, elle y cite des didacticiens allemands (en allemand) et aura une liste d’interdits longue d’une page et demie. À l'opposé, dans ses cours, elle aborde des textes qui parlent de groupes rock sur le déclin, de l’amour entre un jeune et son vélo rouge, ou de l’histoire inusitée du créateur des Pokémons.

Elle a obtenu moult dégrèvements au fil des ans, la plupart pour créer des banques de données qui recoupent divers traits estudiantins pour un meilleur test de sortie, dresser des listes de matériel pédagogique obscur ou établir des lexiques spécialisés. Elle inondera ses collègues d’anecdotes et de statistiques pendant la rédaction de son rapport, puis le tout s’estompera dans un étrange et profond silence. Un soir, dans cinq ou six ans, peu avant de s’endormir, un prof se souviendra que Monique avait travaillé sur quelque chose… mais quoi?

**

Je vous rassure, il ne me reste que deux profs - et non les moindres: le pseudo-français et la revanche des tronches. Après, retour à l'heure normale...

jeudi 19 octobre 2006

Un Prof près de chez vous, quatrième partie: le bordélique

L’environnement du bordélique tient du parfait négatif de celui du colonel. Le restaurant Zaziummm est zen au côté de cet univers surchargé : photos, découpures de journaux, posters étranges, livres empilés par dessus d'autres livres, certains ayant sûrement une valeur archéologique, bibelots de vente de garage, tout prouve que son bureau lui sert probablement d’entrepôt. Si on fouille bien, on y trouvera un bâton de hockey, quelques briques ou des bouteilles de bière vides.

Pour le bordélique, l’organisation tient de l’utopie. Il prétend cependant avoir un ordre personnel que lui seul comprend. Bien qu’il ait un classeur et des chemises, son système de classement est géo spatial : demandez-lui une feuille, par exemple l’ordre du jour de la prochaine réunion départementale, et il saura que cette feuille est sur le bureau, dans la pile du coin avant droit, dans le tiers inférieur. Le bordélique mettra tout de même 45 minutes bien chronométrées avant de la trouver, sans compter qu’il aura fait trois nouvelles piles de feuilles avec celle déplacée.

Ainsi, l’étudiant qui arrive à l’improviste pour avoir une copie du devoir remis au cours précédent est source d’anxiété, et la plus grande crainte du prof bordélique serait de tomber sur le travail non corrigé d’un étudiant qu’il a failli couler trois ans auparavant.

Son enseignement va dans le même sens. Ce type de prof sait à peu près où il s'en va, sans plus. Sa hantise de l’ordre en fait un improvisateur hors pair. En classe, il digresse sans cesse, profitant souvent d’un courant oblique pour suivre une autre voie que celle prévue. Invariablement, le bordélique émergera à la onzième semaine, réalisant soudainement que la session se termine bientôt et qu’il n’a couvert que la moitié du programme.

À la fin de la session, après une remise de notes à la dernière minute, le bordélique se jurera de faire un grand ménage dans son capharnaüm. Et le jour où il mettra enfin la main à la pâte, un collègue l’invitera à prendre une bière en lui demandant s’il n’aurait pas une petite place en périphérie de son amoncellement pour entreposer une dizaine de 33 tours qui lui semblent sacrilège de jeter…

Prof suivant: le pédagogue.

mardi 17 octobre 2006

Un Prof près de chez vous, troisième partie: le colonel

Maintenant que les fondateurs sont définis, voyons le reste du clan.
Aujourd’hui, le colonel.

Un jour il y a longtemps, pour une raison inconnue, un homme normal décida que plus jamais on ne rirait de lui, qu’il en avait son voyage de se faire prendre pour une valise, et qu’il saurait prévoir toute éventualité. Cet homme est devenu droit et ferme, prévoyant et méthodique, rigide à tous les égards. Cet homme est le colonel.

Le colonel connaît les règles et sait les appliquer. Pour ses collègues, il est le livre de lois auquel on revient en cas de doute. Pour les étudiants, il est une guillotine qui attend un repas. Peu d’entre eux viennent d'ailleurs le visiter. D’abord parce que dans ses cours les zones grises n’existent pas, ensuite parce que peu ont le courage de s’y frotter. L’étudiant qui s’y résignera sera observé par un regard couvert de verres épais comme ces lunettes de nerds qu’on retrouve au Dollorama, fera face à un homme habillé d’une chemise bien repassée sous laquelle on devine la force brute et noueuse de celui qui vit les poings serrés. Les chances de clémence sont minces, mais s’il l’obtient, l’étudiant sortira de sa rencontre avec le même soulagement que celui qui voit la vague du tsunami se retirer de son exiguë chambre d’hôtel.

On distingue le bureau du colonel de celui de ses collègues par la propreté qui y règne : chaque pile de travaux a sa couleur, chaque couleur, sa tablette. Peu de livres, peu de crayons, peu de bibelots, voilà l’univers qui l’entoure. C’est dans ce reg humain que le colonel travaille, parfois jusqu’à tard le soir, car il déteste apporter du travail à la maison.

En classe, le colonel est un partisan de la ligne dure. Son plan de cours, préparé des mois à l’avance, est archi-détaillé, chaque heure des 45 de la session minutieusement décrite. La surprise et l’improvisation lui sont étrangères. Ainsi, aucun retard n’est toléré et l’homme au regard dur ne semble ressentir aucun remord à couler un étudiant qui a obtenu 59,4%. Pendant ses cours, tout est jaugé, dirigé, minuté. Les étudiants ne l’aiment guère, mais tous doivent admettre qu’ils réussissent bien sous sa gouverne. Son austérité n’aura d’égal que le respect craintif qu’il obtiendra de sa troupe. Heureusement d’ailleurs, car le moindre écart de conduite, même un modeste murmure pendant un examen, l’agresse tels des ongles sur un tableau noir. Sa contenance éclatera alors, parfois à grands cris. Mais tant que tous, étudiants comme collègues, respectent les règles, il offre un quotidien discret et sans éclats où se terre une cicatrice douloureusement muette.

Demain (menfin, prochainement): le bordélique.

lundi 16 octobre 2006

Un Prof près de chez vous, seconde partie: le hippie

Comme le bobo, le hippie est en voie d’extinction. Il est aussi présent au département depuis la création des cégeps, à la différence que le cégep s'est construit autour de lui alors qu'il gisait là, par terre, trop gelé pour bouger. Il est resté à enseigner par amour de la poésie et des quelques étudiantes libertines du début des années 70.

Il a à son actif deux ou trois obscurs recueils de poésie ainsi qu’un casier judiciaire (trouble de la paix publique lors d’une manifestation en 1980 et possession simple de stupéfiant en 1976, 1979, 1985 et deux fois en 1992). De cette époque ne reste qu'une barbe dont la moustache est un peu plus jaune sous les narines, et une couronne de cheveux qu'il persiste à garder longs et attachés en queue de cheval. Peu importe le cours qu'il donne, il en profite pour faire de l'éducation sociale; le hippie parle des manifs auxquelles il a participé, vilipende le désengagement social des jeunes d'aujourd'hui et maudit les consignes disciplinaires collégiales, comme les présences obligatoires ou la remise de notes. Pour lui, éduquer, c'est faire les citoyens de demain : le français saura attendre.

Son pendant féminin, bien qu’elle jubile tout autant que son homme à l'idée de manifester devant les bureaux du ministère de l'éducation, est plus soft. Ses sessions débutent par une séance où tous les étudiants doivent se toucher sans user de leurs mains. Elle enseigne au feeling et laisse passer les étudiants qui ont de bonnes vibrations, même s’ils ont une moyenne de 45%.

Bien que son apparence soit moins caractéristique que celle du mâle hippie, on la repèrera facilement en demandant à tous comment ça va : elle sera la seule à y répondre franchement - elle est d’ailleurs la seule à dire les chose franchement – et elle dévoilera des recommandations de son psy (voir qu’il serait temps pour elle de se reposer et de s'acheter un soutien-gorge). Elle mettra minutieusement en application ces ordonnances et le midi, on pourra la voir errer en rêvassant sur le terrain devant le cégep, parfois une plante en pot dans les bras. Malgré cela, elle épuisera sa banque de congés de maladie en quelques semaines.

Elle prendra sa retraite doucement, heureuse de vivre malgré les trois burnouts de sa carrière. Lui mourra d'une crise de foie aiguë deux ans avant la retraite.

Demain: le colonel

dimanche 15 octobre 2006

Pause actualité

Les écologistes qualifient l'approche du gouvernement Harper face à la pollution urbaine «d'écran de fumée».
Est-ce cela: combattre le feu par le feu?

Un Prof près de chez vous, première partie : le bobo

Le professeur de français au cégep* est une espèce fragile que seul le milieu de travail hyper syndiqué des cégeps a su préserver d’une disparition certaine. Il a parfois la santé fragile – comme en fait foi son niveau élevé d’absentéisme - mais il a le teint frais de celui qui sort de chez-soi régulièrement. De l’extérieur, cette espèce semble monolithique, taillée d’un bloc du même bois… Que nenni! Dès qu’on s’approche des éléments qui la composent, ces derniers qui semblaient de loin tissés serrés prennent des airs d’électrons déments qui s’entrechoquent par orgueil ou, plus probablement, par ennui.

Alors quels sont ces électrons qui composent cet atome à la fois fragile et résistant?
Je tenterai d'en faire le tour au cours des prochains blogues.
À tout seigneur tout honneur, je commencerai par les deux piliers, voire les fondateurs-mêmes du département de français : le bourgeois-bohème (le bobo) et le hippie (à suivre).

Aujourd'hui: le bobo.

Le bobo se prénomme habituellement André.
André s’est retrouvé au cégep dès ses débuts (en 1970) parce qu’il voulait aider à soutenir une poutre lors de sa construction et qu’il n’a su partir par la suite. On l’entend souvent dire que c’est grâce à lui si le département participe à telle ou telle activité, que les profs ont accès à tel ou tel matériel. Selon la rumeur, il a fréquenté plus d’une professeure du même cégep au cours de sa carrière, et il a une amitié indéfectible avec une belle du département de théâtre avec qui on le voit en soirée au centre-ville, mais bien malin celui qui pourra déclarer avec certitude s’il est gay ou non. Le regard amusé, la voix sûre et posée, André est capable de discuter sports, musique et actualité en même temps, ce qu’il fait nonchalamment en butinant d’un bureau de professeurs à l’autre, quand il n'est pas occupé à papoter de tout et de rien avec les dizaines d'étudiants qui passent le voir comme ça, pour rien, pour jaser de la dernière galette d'Eminem (qu'André a bien sûr achetée) ou de la prose de Jean Leloup-Leclerc.

Le bobo ne semble jamais avoir de cours à préparer ni de corrections à faire. Quant à son enseignement, André réussit à remplir quinze semaines de cours avec les mêmes livres depuis toujours malgré les huit changements de programmes ministériels, un vieux film d’auteur et une boîte de céréales pour le volet poésie.

Il est le seul de son âge à connaître les marques de vêtements à la mode et à s’en revêtir sans avoir l’air de souffrir d'un pathétique jeunisme.

Rien ne semble venir à bout de sa souriante quiétude et, avec un peu de chance, André prendra sa retraite avant de se casser une hanche en ski alpin.

Demain: Le hippie.

* Collège d’Enseignement Général Et Professionnel. Équivalent québécois de la dernière année du bac et de la première année universitaire françaises. Niveau tampon entre l’école secondaire et l’université, sauf pour son volet professionnel qui forme des policiers, des hygiénistes dentaires et des infirmiers, pour ne nommer que ceux-là.

jeudi 12 octobre 2006

Un Prof près de chez vous...

Depuis un bail maintenant, je nage tant bien que mal dans l’univers singulier des professeurs, de français de surcroît, au cégep s’il faut en ajouter, univers où le meilleur côtoie le pire, où le missionnaire se farcit le martyr autodéclaré, où le hippie tutoie le despote.

D’aucuns diront que c’est partout pareil, autant chez les comptables que chez les journaliers, et ils n’auront pas tort. Mais je suis ici chez-moi et j’en connais les recoins, les sous-tapis et les placards, alors je me permets de.

Au cours des prochains jours, je ferai ici, pour vous, un portrait de la profession et des différentes personnalités qui la composent. Bonne lecture!

jeudi 5 octobre 2006

I Want to Loft

Bonjour,
Je m’appelle Marie-Alex, mais si tu m’appelles Marie, je dis oui pareil. J’ai 22 ans d’âge. Mes amies disent que j’en parais juste 20 car j’ai toujours eu l’air jeune, comme! Hi! Hi! J’étudiais pour devenir enseignante au primaire, parce qu'à mon école, les profs étaient tous vieux et que moi, t'sais, je suis jeune. Mais j'ai lâché parce qu'à l'université, les profs parlent avec des mots et des lettres. Je suis célibataire car j’attends le prince charmant, genre.

Depuis quelques semaines, je vis la plus belle expérience de vécu : je suis une lof'euse. Je suis enfermée avec des gars pis des filles de l’autre sexe dans un conteneur avec plein d’objectifs fixés sur nous. J'ai toujours rêvé d'avoir comme des objectifs. Tous les jours, le Québec au complet peut me constater. Dans le lof-conteneur, nous sommes plusieurs contenus qui n'avons rien à faire. Pas même une télé ou une revue pour lire l’horoscope. Alors quand une voix nous dit des choses, nous disons oui. La voix dit jeu, je ris. Les gars aussi éclatent. La voix dit concours de maillots? Je m’emmaillote. Les gars capotent. Hi! Hi! Entre filles du lof', nous nous disons tout et nous sommes toujours dans le dos des autres pour les aider parce que si ce n'est pas facile pour moi, pourquoi ça le serait pour elles? Pis si je gagne un voyage, genre d’une semaine tout compris dans un tout inclus avec un gars avec des tatous que je ne connais pas, je trouve que je le mérite et je pleure un peu, parce que je travaille fort pour endurer de gagner en faisant rien. Parfois, les gens qui nous regardent peuvent éliminer des contenus car nous sommes trop. L’idée de l’émission est de sortir le contenu jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien. C'est difficile et genre stressant parce que nous ne savons jamais quand ce sera notre tour de faire le vide. Même si je me suis lâchée lousse et que je me suis dissipée, je ne suis pas encore écartée, parce que je suis d’une beauté. Je remercie les téléspectateurs qui me trouvent belle, mes parents, mon chirurgien, et moi, parce que je me force, comme.

Quand je sortirai du lof', le monde me reconnaîtra dans la rue. Les gens diront : «Hey! C’est toi?» et je dirai «oui» parce que ce sera moi qu’ils verront. Je serai, genre. Puis je pourrai emmerdez les gars laids qui me réfléchissent et me font penser.

Quand l’autre saison de télé commencera avec, cette fois, des conasses et des idiots, les gens m’oublieront sans doute un peu, puis beaucoup, parce que les gens ne sont pas toujours. Genre comme. Alors, je mourrai.

lundi 2 octobre 2006

À la Globe and Mail...

Mal intégré à la société québécoise...
Un viaduc s'effondre à Laval!

Normal: à force de couper les ponts avec le reste de l'Amérique...

Lisez le reportage de J.Wong en page 8 (envoyée spéciale qui commente l'événement depuis son condo de Toronto).

vendredi 29 septembre 2006

Gluh!

Tout le long du voyage en Toyota, ma chatte s’est frotté les joues sur mes doigts passés au travers la grille de sa cage. En bon Judas, les yeux vers les feux de circulation, je lui disais qu’il n’y avait rien là, que tout allait bien, que j’étais là…

Chez le vétérinaire, Gluh! est sortie de sa cage doucement, en reniflant l’air aseptisé. Je regardais les images de chats en écorchés, de cœurs de chien remplis de vers, de mappe nord-américaine sur la distribution de différents virus canins. Il ne faisait pas bon être chien en Louisiane. Il ne faisait guère mieux être un vieux félin chez le vét…

Je flattais ma chatte. Je lui ai menti encore un peu, sauf pour quelques bouts de phrase où ça parlait d’amour. Le vétérinaire est entré avec quelques millilitres d’anesthésiant. Gluh! a tranquillement lâché prise, sa tête s’est déposé dans ma main, les yeux grand ouverts. Je ne disais plus rien, je n’avais plus à mentir. On est restés quelques minutes seuls, le temps de me sentir salaud en profondeur. Puis est arrivée la seconde injection. Gluh! s’est détendue, sa langue est sortie, je me suis étranglé. C’était vraiment trop facile.

Je suis rentré à la maison en respirant lentement, à fond, effroyablement vivant. Tout le reste de la journée, j’ai tourné en rond entre la litière à vider et la gamelle à laver. La chatte était partout, se lèchait la patte sur la chaise, dormait sur le lit.

À minuit trente, l’heure où elle demande habituellement de sortir pour ses escapades nocturnes, j’ai ouvert la porte arrière. Aucun bruit dans la ruelle. Gluh! a hésité un peu, puis elle est sortie à pas furtifs, en reniflant, craintive. Cette fois, elle ne me rapporterait pas de rats. Elle m’a regardé refermer la porte derrière elle. Depuis la fenêtre, je lui ai fait un petit salut du menton, j'ai verrouillé, puis j’ai pleuré comme un con.

mercredi 27 septembre 2006

Soucis d'enfant contemporain

Clara, quatre ans, demande à sa mère:
- Maman, est-ce qu'une fille peut être amoureuse d'une autre fille?
- Bien sûr ma chérie, répond la maman.
Clara réfléchit quelques secondes, puis demande:
- Alors... Qui va tuer les araignées?

On ne peut tuer tous les stéréotypes en même temps...

lundi 25 septembre 2006

Layla en périphérie d'Hollywood

Layla est arrivée à mon bureau doucement, sur la pointe des pieds, en prononçant toc toc toc plutôt que de frapper. Elle avait la jambe longue et la robe courte, comme le permettaient cette chaleur de fin mai et son insolente jeunesse. Layla ne disait rien, attendait dans l’embrasure, les mains derrière le dos. J’ai laissé en plan mes dernières corrections avant la remise des notes finales et je l’ai invitée à entrer. Elle a fait deux pas en avant puis a exécuté un court arc de cercle avec sa tête pour ramener tous ses longs cheveux bruns sur la même épaule. Il n’y manquait qu’un ralenti pour que lejeu soit complet.

Layla était une des étudiantes de mon cours du vendredi, un cours difficile où je devais me battre avec leur soirée de la veille, la fin de semaine prometteuse et un local surpeuplé. Après quelques présences erratiques, elle était disparue au début avril sans jamais donner de nouvelles. Mais voilà que cette belle au teint méditerranéen venait me voir à mon bureau, une Lolita à quelques jours de la remise des notes. Il y avait une odeur de chauffé que je ne savais identifier...
- Layla… Où étais-tu?
- Monsieur, j’ai eu un tas de problèmes…

Voilà. La litanie de l’absent repentant allait commencer, avec son lot de maladies, de pannes mécaniques et de décès de grands-parents habitant invariablement à Sherbrooke, à Toronto ou en Europe. C’est fou la quantité de grands-parents qui profitent des études collégiales de leurs petits-enfants pour mourir… J’ai coupé court au laïus. J’ai consulté mon cahier de présences en prenant soin de camoufler les pages vierges de ma main. J’ai toujours fait semblant de prendre les présences.
- Je compte ici que tu as manqué, au bas mot, près de la moitié de la session, sans compter l’examen de mi-trimestre et le travail final…
- Oui mais…
- Ça doit expliquer en partie ton 45%...
- Oui mais je dois absolument passer ce cours. J’en ai besoin pour être acceptée à l’université en août prochain.
- Mais Layla, il fallait y penser en avril… en janvier, même. Pas à la fin mai!

Une grosse larme a coulé sur sa joue et, le menton dans son décolleté et le regard coupable collé au plancher, elle me supplia.
- Il me faut passer ce cours. Mon père va me tuer sinon.
Puis, les mains toujours dans le dos, elle releva un peu les yeux avec une soudaine assurance. Le charme terrible des yeux de femmes qui ont pleuré…
- Je suis prête à faire n’im-por-te quoi pour passer ce cours…
Aucun cours de pédagogie ne m'avait préparé à cela. Ce n’était plus une odeur de chauffé que je flairais, mais bien un incendie. J’ai immédiatement pensé à Nabokov, aux films hollywoodiens qui se terminent dans de déchirants procès, à The Police. J’entendais le refrain de Don’t Stand So Close to Me… Ma porte était encore ouverte, le département malheureusement libre de témoins. Putain de fin de session. Un tas de scénarios se sont joués dans ma tête en moins d’une demi-seconde, et tous me criaient de fuir.
- Je suis désolé Layla, dis-je d’un trait. Va falloir se revoir lors du cours d’été.

Alors que j'imaginais qu’elle craquerait, ou pire scénario, qu'elle insiterait, la belle désespérée a relevé la tête et a encaissé le refus avec un aplomb qu’on voit rarement à cet âge. Elle a replacé un mèche invisible sur son front puis a marmonné quelque chose d’inintelligible avant de disparaître comme elle était arrivée, sans faire de bruit. Moi, j’ai fermé ma porte puis je me suis écrasé sur ma chaise, épuisé comme après un long combat.

Je n’ai pas revu Layla l’été suivant, ni après. J’imagine que c’est ainsi que se termine la majorité de ces incidents dans la vie en périphérie d’Hollywood.

samedi 23 septembre 2006

Attention, je vous écoute...

Alors qu'on discutait du dernier papier de Josée Blanchette dans le Devoir sur la testostérone que dégagent Patrick Huard et Colm Feore dans Bon Cop, bad cop, Dame V. y est allée de ce constat:
«C'est sûr que les deux font très cholestérol...»

jeudi 21 septembre 2006

La Communication par les enfants

Je n’avais jamais imaginé qu’un bébé aiderait à ce point la communication dans mon couple! Depuis Romane, Dame V. et moi nous disons tout. Une frustration? Un compliment? Une simple remarque? Nous n’avons qu’à passer par la petite! Je vous explique:
Dame V. prépare votre met préféré et ça vous fait plaisir?
«Elle est gentille maman de faire du bon pâté chinois, hein?»
Papa est fâché car il vient une fois de plus de tester positivement la loi de Murphy qui stipule qu’une rôtie tombe invariablement du côté beurré?
«Papa est de mauvaise humeur ce matin. Wou… »
Aussi, la communication s’avère aussi plus aisée avec autrui, même les autruis inconnus!
La caissière de l’épicerie est sèche et bourrue?
«On n’aime pas ça nous, des airs bêtes de même, hein?»
Une belle fille avec plein de qualités s’intéresse à mon enfant?
«Elle est jolie, la demoiselle, tu trouves pas?»
Et ainsi de suite.

Pour ceux qui n’ont pas la joie d’avoir un bébé, expérimentez la chose avec votre chat, votre chien, ou un melon sur lequel vous aurez préalablement dessiné des yeux et une bouche. Ça marche aussi, mais ça peut inquiéter quelques voisins…

Moi, je continue à en profiter pendant que le belette n’y comprend que dalle. Après, c’est elle qui me dira trop fort dans l’autobus «Papa, il est laid le monsieur, hein?»

mardi 19 septembre 2006

Petit Guide du racisme tranquille

Dans le Globe and Mail de samedi dernier, la chroniqueuse Jan Wong explique les actes de Marc Lépine (école Polytechnique), Valéry Frabrikant (université Concordia) et Kimveer Gill (cégep Dawson) par le fait qu’ «ils avaient tous trois été marginalisés par une société qui valorise l’ascendance "pure laine".» Ainsi, peu importe si le crime fut commis envers des femmes, des immigrants ou des Anglos, c’est la faute aux Québécois francophones…

Je trouve cette affirmation fort révélatrice sur le racisme qu’entretient une partie du Canada anglais à l’égard du Québec. Pour les aider dans leurs analyses futures, je propose quelques conclusions :

Si un Anglo ou un immigrant tue des Québécois francophones, c’est qu’il est opprimé par ces derniers;
Si un Francophone tue des Anglos ou des immigrants, c’est qu’il est raciste;
Si un Francophone tue d’autres Francophones, c’est qu’il est violent (et que les victimes étaient invivables!);
La guerre en Afghanistan? La faute aux méchants, méchants Québécois;
Le réchauffement de la planète? La faute aux Pures-laines;
Le virus du Nil? Ça vient de la Louisiane (Bayous, Cajuns… CQFD);
Michèle Richard? (ok, je concède que c’est de notre faute!)

Avez-vous besoin d’autres boucs émissaires pour d’autres problèmes sociaux?
Pensez au Québec! Nous sommes 7 millions, et on cherche à se rendre utiles!

samedi 16 septembre 2006

Attention, je vous écoute...

(Extrait de conversation)
Marc-André Goyer dit Le beauf – […] J’ai magasiné des draps en coton organique.
Moi – C’est quoi ça, du coton organique?
Le beauf – Je sais pas trop… Ça doit être du coton pris directement du mouton…

jeudi 14 septembre 2006

Tirer la ligne

Drelin… Drelin…
Clic.

- Bonjour, vous avez rejoint le numéro que vous avez composé. Laissez-moi pas de message, j’les écoute pas.

Biiiip.

- Salut Kim... C’est ta mère... (Soupir) Kim?... Réponds, je l’sais que t’es là, tu sors jamais... Kim?... Ki-im... (Soupir) Bon, anyway, je voulais juste avoir de tes nouvelles... Je sais, ça fait six mois qu’on ne s’est pas parlé. J’ai appelé plusieurs fois, mais j’ai pas laissé de message... Sais pas trop pourquoi. Peut-être parce que je savais pas quoi te dire. Anyway. Là, j’appelle parce que... (Soupir) Je sais pas si tu écoutes les nouvelles à la télé, mais il y a eu une tuerie à Dawson. Une vraie, comme aux États. Bon, avec Polytechnique et Concordia, Michael Moore est sur le point de faire un film sur Montréal... Anyway... Je t’appelle parce que je sais que tu as des amis qui vont à Dawson, et même si je les trouvais un peu bizarre, je m’inquiétais un peu pour eux… Remarque qu'ils ont peut-être lâché le cégep, il serait temps, à leur âge... Ou mieux, peut-être qu'ils ne sont plus tes amis maintenant. Ça me rassurerait. (Soupir) Ils avaient l’air tellement violent. J’ai jamais compris pourquoi tu te tenais avec eux... Anyway... Mais toi? Ça va bien?... (Soupir) 'Stie, Kim... Pourquoi t’es parti de la maison sans nous avertir?... Tu savais que ton père s'est fait un sang d’encre pour toi? Il a presque perdu sa job à cause de toi... En tout cas, on ne vit plus ensemble depuis juillet. J'pense que c'est mieux comme cela... Il m’accusait tout le temps d’être responsable du gâchis que tu étais devenu... (Soupir) Je le savais que t’avais de drôles de fréquentations, que ta fixation pour les armes à feu était étrange... Mais je me disais que c’était une passe adolescente, un peu comme la musique de poils que t’écoutais tout le temps dans le temps... T'écoutes-tu encore ça? Anyway... Je sais pas trop pourquoi je te dis tout cela tout à coup... Ça fait trop longtemps que je t’ai vu, Kim... Anyway. Je retourne écouter les nouvelles, ça a l’air qu’il vienne de tuer le tireur de Dawson. B’en bon! Un criss de fou de moins... Je sais pas quel genre de parents élève des enfants de même... Anyway... Euh... Kim...(Soupir) Je...

Biiiip.

- ...t’aime.

mardi 12 septembre 2006

Tamponnade

Karine danse depuis qu’elle sait marcher. Peu après son quatrième anniversaire, ses parents l’inscrivirent à un cours de rythmique. S’enchaînèrent ensuite leçons de ballet jazz, de danse sociale, de ballet classique, de nô même, si bien que dès l’âge de sept ans, quand Karine entendait 1-2-3-4, elle répondait 2-2-3-4, 3-2-3-4 en riant.

Son adolescence se passa la corne au pied avec des affiches de Barichnikov, de Soleil de nuit et de LaLaLa Human Steps. Elle savait bien minces ses chances de percer, mais elle était belle, marchait droit, s’entraînait beaucoup, pratiquait toujours. Elle a même changé son nom pour Karina. Parce que. Puis, un jour de spectacle, elle fut repérée par un grand inconnu qui lui offrit un contrat, certes peu rémunérateur, mais tout de même plus payant que son boulot à la beignerie qui meublait ses rares temps libres. L'«exposure» prometteur rendait l'offre impossible à refuser.

Pour ce grand inconnu, Karina dut interpréter la joie, la légèreté et la liberté dans une publicité télévisée. En fait, elle mit toute sa formation à profit pour faire virevolter une longue jupe blanche qui, dans un magnifique jeu de fondu cinématographique, devenait un tampon très absorbant.

Karina fut sur tous les écrans dans toutes les chaumières pendant près d’un mois. Elle disparut ensuite au profit d’une brunette vaporeuse qui faisait du cheval dans un champ de marguerites. Karina resta près du téléphone à espérer un second contrat, en vain. Puis essoufflée, écartelée entre un rêve fugitif et des créanciers insistants, elle laissa tout tomber, rêves et rires, pour devenir professeur dans une petite école de danse d’un quartier bourgeois.

Karina aura suivi des cours de danse pendant seize ans pour finalement faire une pub de tampons. Des tampons extraordinairement absorbants.

lundi 11 septembre 2006

Échec aux terrorisme

Grâce à Stephen, George et tous les douaniers gantés de caoutchouc de l’aéroport Dorval-PET, les terroristes manquent désormais de moyens pour mener à mal(!) leurs projets de destruction. La preuve en fut faite hier alors qu'un avion a manqué les gratte-ciel montréalais et est atterri de déception sur l'avenue du Parc, devant le Mont-Royal (et mes yeux ébahis).

jeudi 7 septembre 2006

Maux d'étudiants

Voici quelques perles d'étudiants (que j'adore toujours autant). Ils devaient me décrire, en quelques mots, qui ils sont, ce qu'ils veulent faire dans les cinq prochaines années, ce genre de bla bla un peu ennuyant mais malheureusement nécessaire pour m'assurer qu'ils sont bien au bon niveau de français. Ai-je dit ennuyant? Pas toujours...

«C'est sûr que dans la vie, on ne peut prévenir l'avenir.»
Attention futur, j'arrive!

«Dans le futur, je veux poursuivre la loi.»

Chauffeur, suivez cet amendement!

«Le procès pour devenir chirurgien dure à peut prêt onze ans.»

Et ça, c'est si tu plaides l'aliénation mentale lors du processus.

«L'art est une façon de dire aux autres ce que tu sens.»
Je connais deux ou trois artistes qui ne doivent pas sentir la rose...

«D'ici cinq ans, j'aimerais m'acheter une Monte Carlo 2011.»

Mon ami, un précurseur, voudrait une Audi 2016.

«J'ai deux chiens que j'aime infiniment, une soeur que j'aime un peu, et une mère que je considère plus comme une amie.»

Et un copain que je flatte, et une voiture que j'appelle papa.

«J'aimerais bien voyager en Italie pour pratiquer.»
Quand je serai bon, je voyagerai en France.

«Compléter mon cégep sera difficile; il y aura des temps ou je voudrais sûrement m'abandonner.»

Sans moi, je suis perdu!

mercredi 6 septembre 2006

Attention, je vous écoute...

(moi)
-Finalement, toi, quand un verre est à moitié plein, tu le vois à moitié vide!
(Dame V.)
-Ouep! P'is j'me prépare à avoir soif!

mardi 5 septembre 2006

One less tata; billions to go.


Dans le cas de Steve Irwin, mourir tué par une raie, c'est un peu comme si un parachutiste extrême mourait en tombant en bas de sa chaise. Et pour tous les crocodiles qui ont tenté de le mordre, se faire damer le pion par une raie, c'est perdre une course derrière un cul-de-jatte... Ça s'appelle rater sa sortie!

On ne peut dire qu'il n'a pas couru après! (bon, ok, cette fois, il nageait...)

Irwin doit déjà être à cheval sur saint Pierre en train de le maîtriser, cet hurluberlu.
***

Juste pour le «spectacle» avec son bébé, je te remercie, raie!

lundi 4 septembre 2006

C'est toujours parfois.

Parfois, on a les jetons. Parfois, on suit, juste pour voir ce que les autres ont. Parfois, ils font semblant. Parfois, on mise plus gros que l’on pense. Parfois, on a des couilles grosses comme ça. Parfois, les couilles des autres nous ramènent la queue entre les jambes. Parfois, on abdique trop tôt parce que parfois, on est en béton. Parfois, on reste par foi, en toute bonne ou par mauvaise. Parfois, on va trop loin. Parfois, revenir fait mal, mais plus de bien que continuer. Parfois, il faut fuir pour survivre. Parfois on reste sans savoir pourquoi. Parfois, on veut juste voir la prochaine carte. Parfois, on rit dans sa barbe. Parfois, on rit fort. Parfois, gras. Parfois, on ne rit plus. Parfois, on ne parle pas assez fort. Parfois, ne rien dire c’est faire un aveu. Parfois, on reste sérieux pour camoufler le bluff. Parfois, on blague pour cacher que c’est sérieux. Parfois, sachant cela, on fait vice versa. Parfois, pensant que l'autre pense qu'on fait semblant, on fait pour vrai. Parfois, on est fou. Parfois, ce n’est jamais comme cela. Parfois, ce l’est souvent. On ne sait jamais quand ce sera parce que parfois, c’est peut-être la prochaine fois. Parce qu'inévitablement, une bonne fois, ce sera un de ces parfois.

vendredi 1 septembre 2006

Je nourris ma vengeance au biberon

Semaine de rentrée collégiale.
Les étudiants de cette année naissaient alors que je finissais mon cégep. Soupir. Ils n’ont jamais connu le monde de mon adolescence, ce monde où Beta et VHS se faisaient la guerre, où George Michael faisait semblant d’être hétéro, où les chanceux qui n’étaient pas obligés de se lever du sofa pour changer de poste le faisaient avec une télécommande grosse comme un cahier à anneaux équipée d’un long fil qui envahissait le salon avant de se rendre à la télé. Ces étudiants ne se souviennent pas de la chute du mur de Berlin ni du courage des Chinois sur la place Tiananmen, et ont à peine eu conscience de la mort de Curt Cobain ou de celle de centaines de millier de Rwandais.

Pour les garder éveillés, je dois renouveler mes blagues sur Passe-Partout, blagues que j’avais déjà empruntées à une génération plus jeune puisque je suis de la génération de Bobino.

Au département, alors que j’y ai été embauché assez jeune, il y a maintenant quatre professeurs plus jeunes que moi. Et comble de tout, d’anciennes étudiantes viennent me dire bonjour, enceintes jusqu’aux yeux, entre deux journées de travail comme professeur, médecin ou ingénieur, et se rappellent en riant le jour où je leur avais fait analyser Elvis Gratton en classe, ou encore cet halloween où j’ai enseigné habillé en ballerine.

Those were the days, my friend
We thought they’d never end…
dit la chanson.

D’autres avant moi ont dit la même chose en me voyant arriver, il y a de cela quelque temps. Je me foutais de leurs états d’âme comme mes étudiants se foutent des miens. Ils ont bien raison de le faire, même s’ils m’énervent au plus haut point.

Un jour, ils me comprendront en voyant arriver ma fille. Étrange de penser que ce petit bout de femme pour l’instant à peine âgé de quatre mois sera ma vengeance...

mardi 29 août 2006

Chroniques des morts annoncées

L'automne n'est pas encore là que les feuilles tombent déjà. Dion, Catherine ont tiré leur révérence (Dion a tiré le révérend, mais c'est une autre histoire), d'autres agonisent et n’inspirent plus que sous respirateurs artificiels. Sans compter ceux qui se sentent las, si las…

Pour citer Claude Péloquin: «Vous êtes pas écoeurés de mourir, bande de caves?»

Épi(b)logue - The Sequel

Voilà, une autre tire sa révérence. Catherine déblogue, les marées lumières cessent de fluctuer.

Catherine Voyer-Léger est une lectrice de mon blogue dès la première heure, puis, avec le temps, elle est devenue une connaissance, puis une amie. Catherine a joué le jeu du blogue avec une impudeur totale, rarement vue avec ce médium, du moins pour un blogue signé du vrai nom de son auteur, que ce soit sur son blogue principal ou sous la couverture de Zuda, son alias trash, qu’elle a vite avoué être un de ses biais. Son visage découvert et son âme souvent nue nous ont laissé voir sa chaire de poule et ses gouttes de sueur.

Sa franchise et son impudicité totalement assumées ont fait grincer des dents quelques blogueurs; si peu de fard ne pouvait faire autrement, mais cette quasi-psychanalyse en quasi-direct était écrite avec esprit, tout comme ses coups de gueules dont la dialectique n’avait d’égal que la rhétorique.

En tant normal, on débranche quand s’est brisé. J’ose croire que cette fois c’est parce que tout va bien et qu’il y a des jours de liberté nouvelle qui n’ont plus besoins des anciennes attaches.

vendredi 25 août 2006

Grosses Analyses...

Une étude récente souligne le fait que les habitants des zones urbaines souffrent moins d'embonpoint que les gens des banlieues ou des zones rurales.

À la télé, lors d'un de ces trop populaires vox pop, un quidam a expliqué le résultat de cette étude par le fait qu'en ville, «le gym est plus proche». Soupir...

Alors je me suis dit que c'était un peu n'importe quoi et qu'un spécialiste en tirerait de meilleures conclusions. Le lendemain dans le Devoir, Jean Ramsay de l'Association pour la santé publique du Québec interprétait les résultats ainsi: «On pensait que le grand air de la campagne était meilleur pour la santé. Ces données montrent finalement le contraire.»

Je ne sais pas pour vous, mais moi, je ressens une légère lassitude à la hauteur de mon sentiment d'appartenance à cette espèce dite intelligente qu'est le genre humain.

La sagesse populaire est finalement plus sage que populaire...

mardi 22 août 2006

Pendant que le bonheur s'endort

Je me tiens dans l’ombre de la veilleuse, pour ne pas qu’elle me voie, pour ne pas déranger son manège. Ses petites mains tricotent une écharpe invisible, pleine de couleurs, pendant que sous sa suce s’entendent des efforts dans le vide, des ahanements pour grandir, à moins que ce soit déjà ceux de vivre…
Je me tiens dans l’embrasure de la porte, pour ne pas qu’elle entende mes sourires, pour ne pas faire fuir son sommeil qui pèse déjà lourd dans la balance et sur ses paupières, ce sommeil que l’on souhaite, précieux et fragile comme de la porcelaine de Chine.
Je reste à portée d’effluves, à un souffle d’écart, pour la regarder s’endormir comme on regarde les avions décoller, en se disant que ça ne se peut pas, qu’il y a là magie, qu’il y a là des forces plus grandes que nous qui opèrent, des miracles pourtant quotidiens. Et je suis incapable de croire qu’ils s’useront. Pourtant si. À moins que ce soit moi qui m’userai…
Je reste là, à me dire qu’il faudrait bien que je profite de l’oasis pour faire un tas de trucs futiles. Mais je suis bien incapable de fermer sa porte de chambre.
Je reste là, à regarder le bonheur s’endormir, à profiter du temps avant qu’il ne ferme lui-même la porte.

lundi 21 août 2006

La Dernière Blague de Blanchard…


C't'une dernière fois un gars, comprends-tu...
Ta-da... Tsing!

Salut Claude!

dimanche 20 août 2006

La Dernière Mauvaise Blague d’Ephrem…


Fernand Gignac meurt d’une hépatite après avoir chanté toute sa vie
Donnez-moi cirrhose…

Salut Fernand!

mercredi 16 août 2006

La Paix d'Yvon

Yvon n’a jamais appris à haïr. On lui a montré à être conciliant et gentil, à trouver du beau dans chacun, à refouler ses frustrations, car tout était de sa faute toujours, de l’oncle pervers aux assiettes échappées. Petit, il était toujours un des rois mages dans la crèche vivante, sauf en troisième année, où il a incarné l’âne. Le surnom lui est resté. Yvon n'en voulait à personne même si le soir, dans son lit, il priait fort pour ne pas retourner à l’école le lendemain. Et un lendemain, il n’y eut pas d’école, car son père était décédé durant la nuit d’une étrange maladie. En 1950, les gens mouraient comme ça, sans avertir. Alors, l'orphelin de père n’est jamais retourné à l’école et s’est trouvé un boulot car il fallait bien que ses frères puissent aller au collège. Le matin du deuxième jour, un collègue a reculé son camion pour faire une blague à Yvon, occupé entre deux pare-chocs à décharger des marchandises. Le collègue n'a pas su arrêter la blague et Yvon s'est éclater un genou. Depuis, il marche en code morse, un petit pas, un trait, un petit, un trait, comme s’il tapait la lettre A de ses souliers. Mais Yvon n’en veut pas à son collègue, car il n’a pas fait exprès. Le collègue en a longtemps voulu à Yvon car par sa faute, parce que l’âne n’a pas eu le réflexe de s’enlever de là, il a perdu son boulot.

À l’hosto, personne n’est venu voir Yvon. Enfin si, une fois ou deux, pour la forme. Mais jamais longtemps car Yvon n’avait pas de conversation. Il souriait seulement, comme on lui avait appris. Il a ainsi eu tout son temps pour écrire des poèmes, des poèmes pour la paix qu’il les appelle, des trucs pleins de fautes calqués sur des prières prémâchées que les gens bien rabâchent sans y penser le dimanche matin. À sa sortie de l’hôpital, il a essayé de les vendre en frappant sur porte close après porte fermée. Certains lui criaient de se trouver un boulot, d’autres riaient de son initiative, tous gardaient leur monnaie pour eux. Et quand il s’en allait, les gens se disaient qu’il n’avait sûrement pas d’amis à être ainsi gentil, sans se douter à quel point ils avaient cruellement raison. Yvon n’avait qu’un centre d’accueil, où ses «amis» lui volaient ses chaussures la nuit. Les responsables le priaient de se défendre, de ne pas se laisser faire, mais c’était au dessus de ses forces, et ce n'était que des chaussures, après tout. Rien ne servait d'en vouloir aux autres qui devaient bien, quelque part dans un coin d'ombre, être gentils eux aussi.

Yvon n’a jamais fait de mal à une mouche jusqu'au jour où il mourut dans son lit. La seule chose qu'il avait eue, le cœur, aura flanché tôt. En trente-deux ans, Yvon n’aura jamais appris à haïr. Pourtant, ce n’est pas parce qu’on n'avait pas essayé de lui montrer.

mardi 15 août 2006

Attention, je vous écoute...

Voici le premier de mes «Attention, je vous écoute...» retrouvé dans de vieilles notes:
Alors qu'elle tâtait un tablier en caoutchouc pendant un labo de chimie:
«C'est fait en tire de pneu
Josée Goulet, 1985
(bien que je n'ai pas revu Josée depuis plus de 15 ans, elle me pardonnera ce billet, j'en suis sûr!... Menfin, je l'espère. (si jamais elle me lit!))

Trouvés sur les tablettes...

Chez le disquaire:
Les 20 Plus Grands Succès sexys de Gainsbourg, remasterisés en 20 bits.
(sic!)
...20 glands succès!


À la pharmacie:

Lotion hydratante d'Oil of Olay... sans huile!
...et à peine un peu de olay.

samedi 12 août 2006

Écriture automatique, ou le désorde fait à moitié

Rien. Rien à dire sur rien. Des jours à guetter, encourager, souligner, photographier des manifestations subtiles de progrès énormes. Ça me laisse du temps libre par salves de cinq minutes, une barbe de deux semaines, une moto qui prend racines. J’en perds mon calendrier. Et voilà qu’un ami me secoue, me réveille, m’annonce que les cours sont dans moins de 10, que je n’ai aucune idée des livres que je mettrai à l’étude. Habituellement, ma tête de prof sort des nuages dès le premier août. Cette année, rien. Même pas de légère panique. Comme si j’étais sur les bêtabloquants : l’adrénaline n’a plus d’effet. Le cœur en métronome, au rythme d’une toune country. Quand la lumière passe au jaune, je n’accélère plus. Je boirais des liquides dans le même verre assis sur le même balcon pendant des jours pour regarder la vie passer. J’ai à peine le goût d’écrire. D’ailleurs, pendant que j’écris ce n’importe quoi, je m’arrête régulièrement pour regarder fixement la touche J. Pour rien, parce que. J. D’ailleurs, c’est qui l’idiot qui a placé les lettres dans cet ordre sur les claviers? Pourquoi avoir arrêté en chemin et ne pas avoir placé les chiffres du dessus en désordre? 2 7 0 8 1 3 9 6 4 5 genre. Et personne ne dit rien. Tout le monde suit. Et moi, à cause de ce bordel institutionnalisé, je suis à la veille de me taper un de ces maux de tête puisque mon clavier est usé, que les touches e, a, s, d, c, i et n y sont presque complètement illisibles, effacées, usés par mes coups de doigts. Mais je m’en fous un peu. Beaucoup même. Parce que j’ai cette impression étrange que tout est immuable mais la certitude du temporaire. Comme si j’étais propriétaire d’un café sur le chemin de Compostelle, comme si j’étais de ces gens qui voyagent dans le regard des autres, qui encouragent leur recherche et qui, tous les soirs, verrouillent la porte avec ce bonheur tranquille propre à ceux qui, à défaut d’avoir trouvé, ont cessé de chercher. Parce que chez-moi, il y a des yeux neufs, parce que chez-moi, ça sent le bébé.

jeudi 10 août 2006

Attention, je vous écoute...

«C'est tout arrangé depuis la fin des temps...»
Virginie Larivière

Attention: les temps sont finis; on vivrait donc dans une sorte de post-scriptum temporel...

mardi 8 août 2006

Inventé de toutes pièces...

Quelqu’un peut-il dire aux Français qui vivent au Québec que «piastre» est un mot français, attesté depuis 1595, - même le Robert le reconnaît comme unité monétaire canadienne en langage familier - et que leur pseudo correction «pièce» ne veut rien dire?

Ça me coûte 20 pièces? De 10 sous? De 25 sous? D’échecs? De théâtre?
Piasssssssss, criss!! Qu’ils prononcent piasTRE si ça leur chante, m’en fous, mais qu’ils arrêtent de gentiment me corriger comme si j’étais un débile léger.
Le prochain, je le jure, je le mets en piastres…

lundi 7 août 2006

Les Catastrophes de tous les jours

Tout à coup, un enfant. On a pourtant rien fait de bien différent de ce qu’on a fait des centaines, voire des milliers (ouf!) de fois auparavant. Mais cette fois, il y a un enfant au bout. Rien de tel pour réaliser notre prodigalité : le gaspillage de vie à coups de cuiller à thé dans le bout d'un condom, dans des trompes vides ou dans de vieux Kleenex.

Depuis, il m'arrive de parfois penser à la bataille de chaque gamète contre ses congénères, contre les aléas utérins, contre le temps, pour simplement gagner un concours de circonstances. Et s’il y a succès, fécondation, il restera les avortements, spontanés ou pas, les malformations, les cordons en nœud coulant, les naissances difficiles, les maladies, les parents fous, les voisins déments, les accidents de voitures, les drains de piscine mal entretenus. Les chances qu’un spermatozoïde devienne adulte, animal ou humain, sont infinitésimales.

Pourtant on est nombreux à s’entasser au cinéma et sur l’autoroute 10. On est plein de miracles anodins à s'ignorer dans le métro…

**

Ce matin, sur le trottoir en bas de l’escalier, un oisillon gisait, mort sur le ciment usé. Pas même assez vieux pour avoir ne serait-ce qu'une plume. Le vent l’aurait fait tomber du nid durant la nuit. Plusieurs verront dans ce trépas à mi-course un cruel incident, une chute malencontreuse, une quelconque sélection naturelle. Le nouveau père en moi y a vu une catastrophe écologique.

jeudi 3 août 2006

Sourires de pluie

Le ciel s’est déchiré alors que nous marchions coin Mont-Royal et Christophe-Colomb. Partout, soudainement, des gouttes comme des verres d’eau, en quantité suffisante pour avancer à la brasse. La plupart ont fui à l’abri, mais quelques-uns, dont nous, ont ralenti, la tête en arrière, la bouche au ciel, telle une pub de bière pour ados lubriques. Tous savouraient cette trêve à la canicule, tous se souriaient comme dans les villes de carton des mauvaises comédies.

Nous avons profité de l’ondée et laissé le bon temps couler. Même la petite semblait se délecter, la tête sous le pare-soleil de la poussette mais les jambes sous la pluie, huit doigts dans la bouche. Les feuilles des grands arbres sur Brébeuf dessinaient des vagues comme le blé dans les champs, et les quenouilles plantées sur Mont-Royal tentaient maladroitement d’en faire autant. Aux coins des rues se dessinaient torrents et océans, si bien que j’ai été contraint d’enlever mes sandales devenues trop glissantes. Nous devions avoir l’air d’une bande de nature freaks en mal de contact avec l’asphalte chaud qui imposaient leur zen hobby à leur enfant.

C’est le t-shirt collé aux pectoraux et la jupe lourde que nous sommes arrivés à la maison. Le belette n’avait pas fini de goûter ses doigts. Sur la corde à linge, j’ai étendu culottes, permis de conduire et billets de vingt, tel un faux monnayeur de cinéma. Il m’a fallu éponger un peu partout; l’eau s’était infiltrée dans les couches et par la fenêtre laissée ouverte à notre départ. Pendant que Dame V. changeait de vêtements en chantant et que la petite tentait toujours d’élucider l’énigme de ses doigts, je me disais qu’on oubliait trop souvent de laisser les fenêtres ouvertes, qu’il y a des fuites qu’on ne doit pas colmater, que les averses ne sont pas toujours des dégâts.

mardi 1 août 2006

Attention, je vous écoute...

«Les fumeurs jettent leurs magots n'importe où...»
Yves Rondeau

C'est pour ça qu'il coûte cher fumer!

dimanche 30 juillet 2006

Attention, je vous écoute...

Alors qu'il mettait la touche finale à un plat digne d'un grand restaurant:
«Il ne reste qu'une lime. Va falloir rationaliser...»
Guillaume Vigneault

vendredi 28 juillet 2006

Suite et fin de l'aventure

Après enquête (j'ai mis tous mes hommes sur le dossier), c'est en face d'un python royal que nous sommes tombés plus tôt cette semaine. Adulte, il atteint une taille de 1m20 à 1m50. Il semblerait que la bête soit gentille, mais n'en demeure qu'elle tue, par constriction, des proies aussi grosses que des lapins. Et comme ma fille est un belette...

Voici, la branche en moins, l'allure de notre visiteur:


La prochaine fois, j'appelle Brisebois, consulte Wikipédia et prends un scotch avant de sortir la pelle... Haaaaa... Et puis non, je sors la pelle PUIS j'appelle Brisebois pour le scotch.

mercredi 26 juillet 2006

Le Dr Dolittle et la brique

Lundi soir. On revenait d’une visite rustique et familiale les bras chargés de couches, de biberons et d’autres accessoires devenus indispensables. À travers les sacs, je trouve deux doigts libres pour déverrouiller la porte d’entrée puis je dépose la petite endormie dans sa banquette amovible à l’intérieur du portique, le temps de dépaqueter la voiture, de ranger les vêtements, et – profitons du sommeil profond – d’appeler mes parents pour planifier la visite du lendemain. Pendant que je discute au téléphone, la petite ronfle presque dans son siège déposé à même le sol. Entre les bla bla, je regarde la chatte s’en approcher, étrangement craintive. Intrigant; ce n’est pas dans ses habitudes de craindre le belette, surtout quand elle dort. Puis je réalise que la chatte ne regarde pas la petite, mais quelques dizaines de centimètres derrière, le long du mur de l’entrée… Un serpent!

Je bafouille un truc à ma mère, raccroche avec une promesse inintelligible de rappel, et explique du mieux que je le peux la situation à Dame V. qui, dans la pièce à côté, a le réflexe de déplacer le siège de la petite vers Tombouctou pendant que je réussis à piéger la bête de près d’un mètre cinquante entre les deux portes de l’entrée. Comment…?

Soudain, j’y pense : mon voisin du haut, le charmant musicien sans local de pratique autre que son salon au dessus du mien, possède des boas. Un se serait échappé de son vivarium pour se faufiler dans un trou puis ressortir par un joint mal foutu dans mon portique, un étage plus bas. Heureusement que le voisin en question est parti pour l’été car ce soir, il mangerait du boa pilé.

Mais ça ne réglait pas notre problème. Comment se manipule cet animal qui, au plus épais de son corps, a la circonférence de mon poignet? Ma conscience et la semi maîtrise de la menace m’interdisait l’usage de la brique ou de la pelle. Après un appel et quelques minutes d’attente sont arrivés deux policiers que j’ai accueillis en sortant par la fenêtre de chambre; monsieur SPCA devait suivre sous peu. Les deux constables étaient bien impressionnés par la bête que l’on voyait se pavaner par la fenêtre de la porte; ils blaguaient, se faisaient rassurants, mais malgré leur taille, les gants, les vestes pare-balles et les matraques, aucun d’eux ne se portait volontaire pour jouer les Dr. Dolittle. Finalement, c’est à l’aide d’un lasso à chien, d’un sac à ordures, d’une boîte de carton et d’un rouleau complet de ruban pour scènes de crime que la bête fut maîtrisée, emprisonnée, emballée. Monsieur SPCA n’a eu qu’à ramasser le paquet.

Avant de partir, les policiers sont allés s’assurer que les autres reptiles dudit voisin étaient toujours dans leur cage et, en effet, la grille refermant la plus grosse de toutes était béate.

Depuis, Dame V. et moi oscillons entre le rire du loufoque de la situation et les envies de meurtre. Et si le boa s’était retrouvé dans le lit de la petite? Et si nous lui avions marché sur la queue cette nuit? Et si…

J’ai réussi à apaiser Dame V., qui dort en ce moment. Moi, j’ai joué tout cela «à la cool», mais plusieurs heures plus tard, en ce moment, l’adrénaline me tient toujours réveillé…

Près de la porte, je garde maintenant une brique. Pour le voisin.

lundi 24 juillet 2006

Les Enfants riches et le clown

Je viens de passer la dernière semaine un peu à l’écart, question de retrouver ma nature propre en bonne compagnie. Avec une Dame V détendue, une petite saoule d’air des bois, des amis au rire facile et au nez dans les bouquins de vacances. Ensemble on passait nos journées à regarder les familles de canards nager devant nous, nos soupers à trinquer à la vie, nos soirées tamisées à jouer aux cartes dans un chalet plus grand que tous les appartements où j’ai habité depuis 15 ans réunis.

Sur le lac, des enfants riches tournaient en rond en monoski ou sur des tubes dignes de parcs d’attractions, tirés par des bateaux de 75 000$ qui consomment plus d’essence que le Centre Bell de bière, pendant que tranquillement, même loin d’eux, leurs vagues grugeaient la berge. Ces mêmes enfants riches qui, jumelés sous les parasols, jasaient force de moteur, valeur de propriété et revenus boursiers en scrutant l’horizon comme des visionnaires. Je ne pouvais m’empêcher de penser que selon la société qui m’entoure, ils représentent la réussite. Soupirs. Je n’appartiens pas au même monde et je vis très bien avec ce constat. Cette semaine, par mimétisme je suppose, j’ai pourtant un peu essayé; je n’ai réussi qu’à perdre mes lunettes dans le fond du lac, à blesser mon orgueil en tombant constamment de mes skis nautiques, à m’écraser le cartilage des genoux sur un trampoline extérieur et à me briser la dernière phalange du petit doigt en jonglant avec des boules de pétanque pour faire rigoler des enfants. Dans un cirque, je serais le clown avec le feu au cul.

Mais le matin du dernier jour, sur le miroir du lac aux aurores, entre deux bancs de brouillard, est passé une chaloupe. Je pouvais entendre l’effort du bois sous chaque coup de rames. Au centre de la baie aux canards devant notre chalet, le marin d’eau douce s’est arrêté pour souffler un peu, pour humer le calme, pour savourer la fraîcheur, Quand il m’a vu debout sur le quai, il m’a salué de la tête, petit coup de menton discret vers le bas, le visage épanoui de celui à qui appartient la vie pendant que les réussites refont le plein d’essence, puis il a repris son doux labeur pour disparaître dans un nuage à fleur d’eau. Dans les arbres derrière moi chantait une tourterelle triste.

Hier soir, je suis rentré à Montréal en sachant très bien qui j’étais.
Je suis une barque un matin d’été.